30 juillet 2009

Noah pourrait-il rester en Bleu ?

C'est une règle systématique qui s'applique chaque année pour les sélections nationales : à moins d'avoir un statut suffisant pour imposer leur point de vue ou de disposer de dirigeants compréhensifs un joueur NBA aura beaucoup de mal à rejoindre sa sélection sans rencontrer de réticence, surtout en cas d'absence de compétitions majeures.

Et après le cas Boris Diaw l'an passé, c'est cette année notre ami Joakim Noah qui a rencontré des problèmes pour se joindre à ses compatriotes pour les matchs de repêchages pour le prochain Euro. Les Chicago Bulls souhaitaient en effet le retour de leur joueur avec un objectif... qu'il prenne 8 kilos de muscles. Un bel objectif qui empêche sa participation aux matchs de l'équipe de France. Mais les bleus veulent négocier sa présence, y arriveront-ils ?


Une chose est sûre : après les performances qu'a réalisé le français lors des matchs amicaux des Bleus, le staff de l'équipe de France semble enfin avoir trouvé un intérieur dominant, choque qui lui manquait depuis... longtemps en fait, puisqu'on peut difficilement dire que Weis, malgré sa taille, était un modèle de combativité et d'explosivité. Jim Bilba semble être le joueur le plus proche de nous qui correspondent à cette description.

Dans la continuité de sa saison avec les Bulls, le fils du célèbre chanteur pieds nus sur scène a rendu des copies très sérieuses lors du tournoi de Strasbourg. Sa pige à 16 points 9 rebonds et 3 interceptions contre l'Autriche lors du match d'ouverture du tournoi a donné le ton. Il a finit ce même tournoi sur le banc, pour laisser la place aux joueurs qui restent, avec 11 points et 4 rebonds en 18 minutes de jeu). Une solidité dans la raquette, qui va de pair avec la sympathie que dégage le bonhomme qui est devenu la coqueluche du vestiaire français. Performances, cohésion, Noah apporterait beaucoup à cette équipe de France.

D'autant plus que nos tricolores traînent un drôle de fardeau depuis quelques temps : annoncée comme l'une des meilleure sélection au monde (avec le plus gros contingent de joueurs NBA), la France peine à montrer son talent et son potentiel, et semble passer à côté de chacune des grandes compétitions auxquelles elle participe... et encore faut-il qu'elle y participe, comme cet Euro où il va falloir batailler sec contre des équipes comme l'Italie pour pouvoir se qualifier.

Alors, si Petro arrive enfin à se dépasser, le jeu intérieur français pourrait enfin être à la hauteur des joutes internationales et permettrait aux extérieurs des bleus de jouer avec plus de confiance, de rentrer plus de shoots, et de tenter plus de choses. Après tout, TP n'est-il pas au sommet de sa forme quand il a un point de fixation comme Duncan pour fixer la défense dans la raquette ?



Une chose semble toutefois acquise, nous ne verrons pas Noah avec les Bleus cet été. Les Bulls veulent le voir prendre de la masse musculaire pour pouvoir s'imposer sous les paniers face aux pivots adverses afin de compenser sa taille. Et quand une franchise NBA dit non, c'est rare qu'elle cède. D'ailleurs, le staff tricolore semble avoir abandonné cette idée et ne fera pas le forcing. Le précédent TP (rentré blessé pour le début de saison à cause des sélections estivales) ne plaide pas pour un été en bleu. Mais cela ouvre toutefois le débat à un sujet plus large : à quand une vraie convention entre la FIBA et la NBA pour la libération des joueurs NBA pour leurs sélections nationales, et à quand une mise en adéquation du calendrier FIBA avec la NBA ?

29 juillet 2009

What are you doing?


Twitter devient LE phénomène à la mode, notamment dans les milieux de la communication. Et maintenant, les showmen de la NBA envahissent le service en masse.



140 caractères pour répondre à cette question toute simple : qu’êtes-vous en train de faire ? Selon Twitter, cela vous permettra de montrer à votre maman que vous mangez de la soupe ou à vos amis que vous faites la fête sans eux. Rien de bien franchement attractif là-dedans. Sauf que l’aspect « temps réel » couplé avec une info brute a séduit tous ceux qui travaillent de près ou de loin dans le milieu de la communication ou de l’information. Ce qui plait par-dessus tout, c’est la possibilité de faire diffuser une information comme une trainée de poudre. Mais l’on n’est pas là pour parler des dérives plutôt dangereuses que Twitter pourrait accentuer.



Nous sommes ici pour constater que Twitter est LE symbole pour signifier qu’on est à la page. Dorénavant le summum de la communication par Internet. Certaines stars NBA ne s’y sont pas trompées. Des joueurs comme Blake Griffin, Dwight Howard, Andrew Bogut ou Paul Pierce ont leur propre compte et n’hésitent pas à y lâcher leurs états d’âme. Bien sûr, le plus connu est celui de Shaquille O’Neal, jamais avare en pitreries pour notre plus grand plaisir. Même avec Phoenix sur la touche, il a rythmé les derniers PO avec ses commentaires courts.



Ce phénomène est revenu récemment sur le devant de la scène lorsque Charlie Villanueva, neo Piston, a indiqué qu’il enverrait des messages pendant la mi-temps de ces matchs. Alors que son ancien coach avait poussé une gueulante quand CV31 (son pseudo) avait tenté l’expérience l’an passé, son nouveau directeur sportif n’y voit aucun inconvénient. Il y a même des chances pour que cela fasse monter la côte de popularité de la franchise.



Il ne faut pas s’attendre à avoir des déclarations fracassantes. Simplement son ressenti des choses. Brut. Il y a vraiment de quoi être au cœur des choses et cela pourrait s’avérer très intéressant. Cela pourrait vraiment offrir un autre angle d’approche à tous les amateurs de basket, un aspect plus humain. Ca tombe bien, la gestion de la dernière Finale par les deux coachs a quand même pointé l’importance de l’aspect psychologique du jeu.



Peut-être que d’autres suivront l’initiative d’un des sportifs les plus suivis. En attendant, cela nous offre une vision plus intimiste. Outre connaître leurs avis sur tout et rien, l’on entre vraiment dans le quotidien d’un sportif professionnel, d’un Ariza penaud de devoir quitter Los Angeles ou d’un Outlaw qui s’arrache sur les parquets d’entrainement pour revenir plus fort l’an prochain voire même d’un Thabeet qui raconte ses premiers pas à Memphis. On peut même conseiller Rick Fox sur la façon idéale de célébrer son 40ème anniversaire.




Cela rend ses solides gaillards de la NBA plus humains, donc par la même occasion plus attachants. Twitter se configure facilement et l’utilisation est intuitive et rapide. L’occasion pour ces joueurs, parfois débordés, de gérer eux même un lien direct avec leurs fans. Bien sûr, certains ne s’y sont pas encore mis et font gérer leur compte par quelques sbires, comme l’on gère un site officiel. Mais incontestablement, voir (un probable) Joey Crawford vanner tout ce qui bouge ou Mark Madsen dire en espagnol à Rubio qu’il ne fait finalement pas si froid que ça à Minnesota, on rentre dans le petit monde de la NBA.
Un monde où tous se connaissent et souvent s’apprécient. Avec le temps que ces joueurs peuvent passer dans les transports (avions, bus,…), nul doute qu’il s’agit là d’un moyen pratique, utile et à la mode pour communiquer entre eux. Nous devenons alors spectateurs de ces relations particulières. Fausse complicité, peut-être. Mais dans cet univers assailli de stats et autres tops 10, avoir ce lien plus humain et moins formaté rendrait presque la NBA plus attractive.



C’est donc à travers cette analyse que nous vous proposons le Twitter du blog 24 secondes. Vous y trouverez un message qui vous préviendra de la parution d’un nouvel article ou de tout autre changement important. Il sera de même un outil rapide et efficace pour communiquer avec l’équipe. De plus, vous trouverez parmi notre liste de « followings » le twitter de quelques joueurs majeurs et analystes américains réputés. Le lien se trouve dans la section highlinks, n’hésitez pas à nous suivre !



28 juillet 2009

Quelles perspectives pour Greg Oden ?

Oden a – enfin – pris part à sa première saison NBA. A l’heure du bilan, les sceptiques font entendre leur voix. Tâchons de voir le soleil derrière les nuages.



Un gros bébé de 2.13m pour 128kgs, c’est le genre de bonhomme qu’on repère vite. Il devient encore plus immanquable dès lors qu’il joue au basket-ball et qu’il truste les récompenses individuelles au lycée et à l’université : Mr Basketball de l’Indiana en 2006, McDonald’s All-American Team, All-American Team de l’Associated Press. Ca peut avoir des airs de classements en bois vu de loin, mais il s’agit vraiment de distinctions fortes.



L’avènement arrive. Draft 2007, sous les projecteurs et le regard bienveillant de David Stern, Greg Oden est sélectionné #1 par les Portland Trail Blazers. Roy vient d’être élu Rookie de l’année précédente, Aldridge n’a pas encore explosé. On n’attend du géant qu’il bouche un trou béant dans la raquette des Blazers. On découvre ce personnage atypique, drôle et décalé à la Shaq, qui colle parfaitement à cette équipe de jeunes gens talentueux et sympathiques.



L’engouement est tel qu’on passe rapidement sur une summer league pas forcément très solide. Mais tout cela, c’était avant le drame, bien entendu. Oden se blesse pendant la pré saison et manque l’intégralité de l’exercice 2007-2008. Pendant ce temps, Aldridge se révèle, l’équipe se défend mieux que prévu et récupère à la draft suivante quelques joueurs intéressants comme Fernandez, Bayless ou Batum. Cette fois-ci, c’est décidé, ça sera en 2009 que les Blazers vont vraiment éclore.
Match d’ouverture, face à des Lakers revanchards et favoris de l’exercice. L’affiche est belle. Oden se blesse à nouveau, sans relations de causalité avec sa précédente blessure. Le spectre de Sam Bowie apparaît de manière insistante. Pour rappel, il s’agit là d’un joueur dont la carrière a été minée par des blessures récurrentes. Perspectives plutôt angoissantes. Au final, Oden aura joué 61 matchs la saison dernière. Il n’aura pas eu le temps de convaincre, ça serait même plutôt l’inverse. A peine 9pts et 7rebs pour le messie de la raquette. Ce ne sont pas des statistiques très glamour, de surcroit pour un ancien #1 de draft.



Too shy shy / Hush hush, eye to eye


Ce colosse a pour mission première d’apporter du poids à la défense et d’être une force dissuasive par ses talents au contre. Il a souvent été limité dans son action par les fautes. Ca a souvent été son pêché mignon. Face à des roublards professionnels, il est d’autant plus sujet aux fautes que face à des universitaires ; surtout s’il l’on considère que les arbitres sont toujours plus sévères envers les rookies. En moyenne, il culmine à 4 fautes pour un temps de jeu d’à peine plus de 20mins. Il en découle un temps de jeu plutôt haché, ce qui complique la façon qu’on a de rentrer dans son match.



Cela pourrait expliquer pourquoi l’on voit un Oden assez emprunté sur le parquet. D’autant plus qu’il doit s’adapter au mode professionnel. En face, même si ils ne sont pas aussi grands que lui, les intérieurs adverses seront plus acharnés et fourbes qu’une bande de jeunes universitaires qui auraient pour le coup préférés avoir examen de maths que de devoir se coltiner le géant. Oden ne peut donc plus tirer profit de son physique hors-norme de la même façon qu’il avait l’habitude de le faire ; surtout qu’il doit gamberger pas mal à cause de sa série de blessures et il se peut qu’il se livre avec un peu de retenue. Ca reste toujours un sacré morceau, à lui de trouver comment en tirer profit efficacement chez les pros. Cela peut prendre du temps.



De plus, le jeu offensif est moins centré sur lui. Ce qui est tout à fait compréhensible avec des talents comme Roy, Aldridge ou Outlaw à ses côtés. Cela doit modifier son approche du jeu : il dispose de moins de tickets shoots, il doit adapter son placement et participer d’avantage à la mise en place offensive. Passer d’un one-man show à une comédie musicale ne se fait pas forcément facilement. Il avait des impératifs de production chez les jeunes, il se retrouve avec des obligations d’efficacité chez les pros. La valeur d’un shoot pris est différente, il faut savoir quand il est pertinent de prendre un tir ou quand on doit passer outre. La peur de gâcher semble le ronger.



Car il a beau avoir un visage de centenaire, Greg Oden n’en reste pas moins un garçon. Du genre timide. Un sacré lascar marrant quand il est en confiance, mais la coquille est dure. Il s’est sans doute replié encore plus sur lui-même face à la pression. Il ne s’est pas encore adapté au jeu pro qu’on lui demande de faire ses preuves de manières fracassantes. Ses problèmes de faute l’empêchent d’entrer totalement dans le flow du match. Il veut prouver sa valeur, mais manque de confiance.



Dans la jungle de la raquette, la bataille est si intense qu’il faut aller au cercle avec une conviction maximale. Greg Oden est encore hésitant et c’est ce qui l’empêche de faire la différence. Parce que le talent est là. Il a une certaine intelligence de jeu et a relativement de bonnes mains. On sent qu’il y a quelque chose mais qu’une bride en empêche l’expression.



On ose espérer que la pression médiatique retombera. On attend souvent avec impatience le premier match NBA d’un #1 de draft, alors l’effet cocotte-minute est amplifié quand ce premier match est finalement reporté d’un an. Il sera sans doute plus tranquille pour travailler son attitude défense, pour limiter ses problèmes de fautes. Mais le facteur décisif, il viendra de Roy. Le co-capitaine de cette jeune escouade a déjà prouvé toute l’étendue de son talent. Maintenant, il doit se révéler être un vrai leader. A lui (entre autres) de permettre à Oden de se lâcher pour pouvoir franchir un pallier de décompression et jouer sur sa vraie valeur. C’est un peu tôt, mais ce gamin a déjà fait preuve d’une telle maturité que rien ne parait impossible dans ce domaine. On espère en tous cas, car il n’y a rien de plus triste dans le sport que de voir un potentiel comme celui d’Oden rongé par le doute et l’anxiété.


24 juillet 2009

Le Shaq en fait-il trop ?


O’Neal va bientôt avoir son propre show sur ABC où il affrontera divers grands sportifs dans leur sport de prédilection. Est-ce un été digne d’un pivot star d’un client au titre final ?



Outre être un pivot extraordinaire, l’on retiendra aussi de Shaquille O’Neal qu’il a été l’un des plus grands « entertainer » que la NBA ait connu. Déjà par son physique de phénomène de foire, capable de casser un panneau en écrasant un dunk massif, couplé à un charisme indéniable qui en ont fait l’égérie d’un jeu d’action sur Super Nintendo (Shaq Fu, 1994). C’est également le premier pour la déconne et c’est un as de la dérision (comme pour son apparition dans Scary Movie 4).



Un tel bonhomme a besoin que tous les projecteurs soient braqués sur lui. Cela expliquerait sa signature pour Los Angeles alors qu’il était free agent. Un besoin que l’on a retrouvé encore récemment à travers son Twitter, où il a animé les PO par ses déclarations alors que Phoenix était resté à quai. O’Neal recherche perpétuellement son public pour exprimer l’aspect showman de son personnage.



C’est sans surprise que l’on va le retrouver dans une émission, qui sera diffusée à partir du 18 août sur ABC. Au fil des épisodes, O’Neal ira défier de grandes vedettes du sport sur leur terrain de prédilection : Phelps, Serena Williams ou De La Hoya, pour ne citer que les plus connus. On parle même d’un duel cycliste avec Lance Armstrong : Shaq vissé sur un velo, c’est vrai que ça donne sacrement envie. Sans doute en guise de promotion pour cette émission à venir, Shaq a même été sélectionné comme guest host de Raw : comprenez donc que c’est Shaq qui aura la responsabilité de l’organisation du show, c’est donc lui qui décidera des confrontations qui auront lieu. Quand on voit le physique imposant du Shaq et quand on sait que certains guest host ont, par le passé, déjà participé à des combats, ça nous donne un programme très alléchant. Bref, du très grand Shaq en perspective. Je suis friand de ses facéties, donc un tel programme ne peut que me réjouir ; et nul doute qu’il va faire rire de très nombreux téléspectateur, tant il sait jouer avec panache de son rôle de clown.



Seulement voilà, O’Neal est encore sous contrat avec une franchise NBA, qui joue pour le titre. A 37 ans, est-il raisonnable de passer une partie de son été à faire le pitre ? Même si les Cavs n’auront peut-être réellement besoin de lui pour expédier les affaires courantes en saison régulière (ils l’ont si bien fait l’an passé), mais Shaq devrait bien vite devenir incontournable une fois les PO venus. Certes, il a connu un net regain de forme ses derniers temps et le staff de Cleveland semble confiant. Mais en ce qui concerne la forme physique, O’Neal aurait mieux fait de s’en passer.



Mais The Diesel en a besoin. Histoire que Shaq reste Shaq. Il est à Cleveland pour affronter des Howard, des Garnett, des Wallace, des Bynum, des Duncan. Il faut Shaq sur le terrain, pas O’Neal. Je m’explique. A Miami, avec l’éclosion de Wade (prenons en référence le summum de la Finale 2004), O’Neal était devenu l’option secondaire. Avec Flash attirant toutes les lumières, O’Neal apparaissant beaucoup moins hors norme. D’ailleurs, a-t-il eu un surnom à cette époque ? Lui qui adore pourtant s’en décerner. Certes, il y a eu les blessures, mais rétrospectivement, l’on peut dire que l’on a eu pendant ces 2 années un Shaq plutôt terne. Superman n’était plus l’attraction principale.



En arrivant au Suns, The Big Cactus était LA nouveauté. D’autant plus frappante que l’un des pivots les plus massifs de l’histoire arrivait chez l’équipe qui tirait plus vite que son ombre. Sans être forcément gourmand, Shaq refait la Une. On parle de nouveau de lui avec insistance, sur son adaptation au jeu rapide de Phoenix et sur son rôle de défenseur attitré de Duncan pour les PO pour que Phoenix se débarrasse enfin de ses vieux démons et en finisse avec les défaites face aux Spurs. Forcément, avec les blessures de ses coéquipiers, Shaq peut d’autant plus s’éclater et prendre le jeu offensif sur ses épaules et lui confère d’avantage de possibilités de faire le zouave. Sélection au All-Star Game, après 1 an de purgatoire, il assure le show dans sa nouvelle ville. Et bizarrement, peu de temps après ce succès populaire, il enchaîne 2 matchs à plus de 30pts. Ca ne peut pas être qu’une coïncidence.



On peut refaire le même parallèle avec l’équipe des 4 fantastiques des Lakers, où associé à Bryant, Payton et Malone, O’Neal culmine à l’un de ses plus petits total de points (alors que les deux derniers cités n’étaient pas particulièrement gourmands en attaque). O’Neal était noyé dans une association (aussi prestigieuse et hétéroclite fusse-t-elle) et cela s’est ressenti sur sa production. Certes ses 4 grandes stars n’ont jamais réellement su jouer ensemble, mais Shaq peut tellement jouer en isolation au poste que cela ne pourrait pas expliquer entièrement cette baisse de production. A l’inverse, après un été où il a été convoité par la totalité des autres équipes de la ligue, il arrive à Miami en messie, Wade n’étant alors qu’un grand joueur en devenir. Il finit 2nd du vote du MVP, avec le petit écart de l’histoire avec la première place.



Bref, avec l’ombre gigantesque du King James, Shaq devrait trouver un moyen d’être malgré tout au centre de l’attention. Ce genre d’initiatives extra-sportives pourrait être sa seule façon d’exister médiatiquement en temps que personne exceptionnelle. Etre une star et créer l’événement, c’est son carburant. Avoir fait ses 12 travaux d’Hercule estivaux le fera sans doute courir plus vite qu’un mois de repos tranquille.

23 juillet 2009

Le vol du Birdman

Retour sur la prolongation de contrat de Chris Andersen, qui prouve une fois de plus que dans notre société de l’image, le buzz est roi.



Parmi vous, beaucoup doivent connaître The Birdman et sans doute en être fan. Pour les autres, un petit tour du côté de youtube devrait vous séduire. Spectaculaire et acharné, Chris Andersen est l’un des chouchous du public. Tel un phoenix qui renaît de ses cendres (d’où l’importance de ne pas sniffer cette poudre), il a effectué un retour tonitruant aux yeux du monde, parallèlement à l’accession des Nuggets parmi le gotha des équipes NBA.



Brièvement, sachez que ce dingo a du batailler ferme pour arriver en NBA. Il est notamment passé par des clubs plus obscurs, comme Jiangsu Nagang ou New Mexico Slam, vu que personne ne l’avait sélectionné lors de la draft 1999. Il parvient finalement à trouver une place chez les Nuggets en 2001. Contribution modeste : grosso modo 5pts et 4rebs en 15mins. Un transfert en 2004 aux Hornets lui permet d’améliorer un peu ses stats : 8pts et 6rebs en 21mins. Alors que l’on pouvait penser qu’Andersen avait finalement accroché le wagon NBA, il est suspendu 2 ans par la ligue pour usage de drogue. Après ce purgatoire, il reviendra chez les frelons début 2008, pour un rôle anecdotique.



C’est finalement à Denver qu’il va pouvoir de nouveau faire son nid. Chez des Nuggets new-look depuis l’arrivée du nouveau patron, un certain Chauncey B., Chris Andersen s’éclate. Joie de vivre et de jouer retrouvées, The Birdman se donne à fond, lui qui avait déjà un style assez exotique. Il est bondissant, n’hésitant jamais à décoller pour aller chercher le contre. Il finit 2ème meilleur contreur de la saison et assure une activité harassante au rebond.



Un véritable energizer. Il assure son rôle sans grosse bévue et parfois il insuffle une dynamique puissante à son équipe. Des contres consécutifs, des dunks surpuissants,… rien n’est impossible quand Chris Andersen a lâché les chevaux. Ce qui, vous vous en doutez, électrise la foule à domicile. Les fans adorent ce genre de joueurs. Surtout que, comme vous avez pu le voir, The Birdman a un look très atypique, rendant son personnage loufoque en un sens plus attachant. Il était free agent cet été et les supporters des Nuggets avaient peur de leur laisser filer leur pépite.



Le front office de Denver a fait de Chris Andersen sa priorité estivale. Une affaire vite bouclée : $ 26 millions sur 5 ans. On va arrondir à $ 5 millions par an, puisqu’on est entre nous. Soit 5 fois plus que son précédent contrat. Un saut de salaire digne des sauts d’Andersen, justement. Avec le recul, l’on peut néanmoins se demander si, de peur de perdre leur chouchou, les dirigeants des Nuggets auraient été un peu trop généreux. J’adore The Birdman, je suis le premier à regretter qu’il y ait si peu de personnages atypique en NBA, mais je pense que ce contrat est clairement sur-évalué.



Sur l’année qui vient de s’écouler, il est clair qu’il mérite $ 5 millions. Certes, son apport offensif est quand même plutôt limité : jeu technique avec ballon assez terne, jugement des intervalles loin d’être optimal. 6pts en 20mins, ça reste faible. Mais il a sa présence aux rebonds et aux contres à faire valoir. De plus, sa popularité déteint sur l’ensemble de la franchise, en engendrant diverses retombées marketings.



Autant l’on peut s’accorder sur le début de son contrat, autant les dernières années seront difficiles. Pas avare en efforts, Andersen ne les gère pas de façon optimale. Maintenant que sa rédemption est faite, aura-t-il toujours cette même hargne ? Arrivera-t-il à adapter son jeu ? Car il a aujourd’hui 31 ans. Quand il aura 34 ou 35 ans, pourra-t-il décoller avec l’amplitude et la vitesse qui sont les siennes aujourd’hui ? Là où un Mutumbo avait une certaine science du contre, il faut bien voir qu’Andersen compense un niveau global assez moyen par sa dépense d’énergie. C’est très respectable, mais le problème est que d’ici 5 ans, son physique aura plus de mal à suivre et il y a de fortes chances pour que son impact sur le jeu s’envole en fumée.


22 juillet 2009

L'Europe, nouvel eldorado du basket ?

C'était il n'y a pas si longtemps que ça... 1992, Barcelone, la Team USA - que dis-je, la Dream Team - débarque en Europe avec ses gros sabots. Pour la première fois, une équipe composée presque entièrement de joueurs NBA (oui, Christian Laettner était là pour faire le nombre) avait l'opportunité de participer aux Jeux Olympiques. La meilleure équipe de tous les temps y avait tout écrasé sur son passage remportant tous ses matchs avec un écart moyen de 44 points ! Les équipes européennes avaient succombées les unes après les autres : Croatie, Allemagne, Espagne, Lituanie.

C'était le temps où les américains survolaient tout sur leur passage, le temps où la NBA était la meilleure Ligue du monde. Ce temps est-il révolu ? Oui. Ou pas. Peut être... En tout cas, depuis 17 ans, beaucoup de choses ont changées. Et certaines choses encore impensables il y'a quelques années arrivent peu à peu...


L'exemple le plus flagrant, et vous l'aurez sûrement déjà compris en regardant l'illustration de cet article est bien entendu le cas Josh Childress. Je pourrais vous faire tout un article sur ses choix capillaires, mais je ne suis pas le mieux placé pour critiquer une coupe de cheveux, c'est donc sportivement parlant que l'ex joueur des Hawks est un original. C'est en effet un des précurseur d'une mode qui pourrait se développer au fil des années : un joueur NBA qui vient signer un gros contrat en Europe !


Et oui, car les plus grands clubs européens ont maintenant les moyens de rivaliser avec leurs homologues américains. Comment ? Tout simplement grâce au taux de change Euro/Dollar. Si il fut un temps où on pouvait presque arrondir à 1$ = 1€, il faut maintenant compter 1,4 dollars pour 1 euro. C’est ainsi que Childress a signé un contrat de 20 millions d’euros sur 3 ans avec l’Olympiakos, soit presque 30 millions de dollars ! On comprend mieux le départ d’un joueur pourtant assez reconnu un NBA, et on n’est plus étonné de voir d’autres talents reconnus de la grande Ligue comme Carlos Arroyo l’ex joueur des Jazz d’Utah parti rejoindre le Maccabi Tel-Aviv.


Il y’a donc une légère fuite des talents vers l’Europe, mais à une échelle réduite, et les « vraies » stars n’auraient aucune raison de fuir vers le vieux continent. Mais certains autres indices ne trompent pas. Dernier exemple en date, et non des moindre : un certain Larry Brown présent aux entrainements de l’Équipe de France. Juste en qualité d’observateur, et pour donner quelques petits cours de basket à certains joueurs. Qu’est ce qu’il fait là ? Il répond tout simplement à Boris Diaw qui lui avait proposé, en blaguant, de venir observer l’équipe de France cet été. Chose promise, chose dûe ! On parlait un temps de lui comme directeur technique, il ne sera finalement là qu’en qualité d’observateur, mais quel observateur ! Avec deux frenchies (Diaw et Ajinca) dans son équipe, le seul coach a avoir signé un doublé NCAA-NBA semble bien aimer la France, et même l’Europe.


Et tous les grands coachs partagent la même passion, les européens font maintenant recette ! On a vu des équipes comme les Raptors avec Calderon par exemple leur faire confiance, et tout cela se justifie par le plus grand chamboulement que connaît la scène international depuis quelques temps : les Européens jouent mieux que les joueurs NBA ! Il faut remonter à 94 pour voir le dernier titre de champion du monde remporté par les américains, depuis ce sont la Yougoslavie puis l’Espagne qui ont raflés la mise. Certes les américains ont remportés les jeux de Pékin, mais il aura fallu faire venir coach K à la barre, un adepte des fondamentaux et du beau jeu, et faire enfin des USA une vraie équipe, avec une vraie préparation. Fini l’accumulation de stars, place à un jeu d’équipe adapté au jeu à l’européenne.


Finalement, le basket européen a su prendre son envol, s’imposer face aux gros bras de la NBA, placer ses meilleurs joueurs dans les meilleures équipes américaines (Parker, Nowitzki, Gasol...) et se permettre de voler quelques bon joueurs de la clinquant ligue de basketball. Si les optimistes imaginent un jour des franchises européennes en NBA (à moins d’inventer le télé transporteur, je suis contre), pour ma part mon souhait serait que l’équipe championne NBA ne se considère plus comme la championne du monde. Et peut être, pourquoi pas, organiser comme en football un championnat du monde des clubs, avec le final four européen et américain, et pourquoi pas quelques équipes asiatiques. Une compétition qui montrerait enfin d’où vient le meilleur jeu !


21 juillet 2009

Le 5 de Karl Lagerfeld

Comme il faut bien s’occuper pendant cette période estivale, nous avons demandé à des personnalités de composer leur 5 idéal. Aujourd’hui, c’est Karl Lagerfeld, styliste allemand de renom, qui s’attèle à la tâche :


Diantre que la sélection a été pénible. Mais il le fallait. Il fallait faire le tri parmi tous ces étalons à la musculature disproportionnée. Aucune harmonie corporelle pour la plupart d’entre eux. Et puis cette façon quasi systématique de suer à grosses gouttes comme des bœufs de labour. Certes, cela n’aide pas de devoir s’accoutrer avec ces maillots trop larges et aux couleurs tape-à-l’œil à outrance. Je peux vous confesser que pour trouver de l’élégance dans cet univers, il m’a fallu m’accrocher.



PG – Derek Fisher
Un homme absolument charmant. Très élancé sur le terrain, on sent une puissance musculaire toute en retenue. Une prestance dans la course digne d’une gazelle, mais en plus costaud. Et ce tir de gaucher, à la fois dérangeant mais tellement captivant.



SG – Ray Allen
Un artilleur, dans la pure tradition de la grande armée prussienne. Ce geste exécuté avec classe, dans une mécanique huilée et fluide. L’efficacité qui en résulte en est la récompense méritée. Il a aussi cette façon de se démarquer. Il se faufile sans trop de vitesse ou de force, il éclabousse juste ses adversaires de son élégance et de sa maîtrise du jeu.


SF – Shane Battier
Je passerai l’éponge sur son faciès de gardien de prison, avec sa barbe faussement négligée qui est d’un mauvais goût certain. Sa défense l’excuse. Il colle à l’adversaire comme un corset Chanel. Il épouse les moindres pas de son opposant sans le moindre faux pli, mais également une présence qui sait se faire sentir.



PF – Tim Duncan
Il joue comme un pivot, mais revendique son poste 4. Une coquetterie qui montre que ce monsieur est très distingué. On ne mélange pas les torchons et les serviettes. Il allie à sa prestance la pureté des fondamentaux. Son jeu est du pur éclat, qu’il faut savoir apprécier.


P – Joakim Noah
J’ai l’impression de revoir ma jeunesse dans ce jeune homme et sa démarche complètement désarticulée. Moi aussi, avant d’avoir eu le déclic du chic et du glamour, je portais la coupe afro. Cela conférait un mélange très goûtu avec mon style germanique. Mais quelque chose me dit que lui, il ne suivra pas ma voie.



*Ceci est bien entendu factice. Si le vrai Karl Lagerfeld nous lis, nous serons honorés de réparer notre erreur de jugement en proposant son vrai 5 majeur.

19 juillet 2009

Qui pour David Lee ?

On pensait qu’il allait rapidement trouver preneur cet été. Finalement non. Essayons de comprendre pourquoi.



On l’avait déjà repéré sous le NYK d’Isiah Thomas. Il semblait être l’un des plus concernés et bagarreurs dans une équipe désespérément sans passions. Il allait gratter intelligemment les quelques miettes laissées par ses collègues solistes ; et ce avec une certaine efficacité. On se dit alors que bien entouré, David Lee ferait un role player très acceptable.



L’année suivante, le nouveau front office décide de passer à l’essorage. Dans une équipe complètement débridée, mais avouons-le d’un fond de jeu toujours aussi approximatif, David Lee aura encore plus l’occasion de s’exprimer. Surtout depuis que Zach Randolf n’est plus dans la place, échangé en cours de saison. La raquette se désertifie peu à peu côté Knicks, le poste 4 étant généralement attribué à un allier physique mais pas forcement besogneux (Al Harrington). La peinture devient donc le terrain de jeu attitré de Lee. Il galère en défense demi-terrain face à des vrais grands costauds, mais il s’éclate en transition dès que ça court un peu. Ca tombe bien, c’est la principale (la seule ?) consigne : courir. On est loin du fond de jeu construit que l’on pouvait voir sous l’ère D’Antoni à Phoenix, mais Lee est opportuniste et tire clairement son épingle du jeu. 16 points et presque 12 rebonds par match. Parmi les joueurs ayant le même profil, il tient clairement le haut du pavé.



Boire le calice jusqu’à Lee

Ce qui nous amène à cet été. On sait qu’il pourra apporter de fiers services. On sait aussi que les Knicks ont la phobie des contrats expirants après 2010, donc pourraient bien laisser filer son joueur à la première offre vraiment sérieuse (Lee est « restricted free agent », voir un billet précédent pour les explications techniques). Bref, on attend de voir. Et l’on ne voit pas grand-chose. En se penchant un peu sur la question, l’on tient un premier élément : l’agent du joueur réclame $ 10millions annuels pendant 5 ans. Le genre de contrat assez lourd, loin d’être anodin dans la gestion d’un roster.



Concentration sur 2010, crise ou n’importe quoi d’autre : toujours est-il que c’est le même contrat que Lamar Odom n’arrive pas à trouver. Certes, chaque situation est particulière et je n’aime pas comparer deux joueurs dans le seul but d’en dégager un meilleur dans l’absolu. Ces deux joueurs apportent des choses différentes, dans des styles qui leur sont propres, nous sommes d’accord. Mais il faut aussi avouer qu’un Odom parait plus solide et complet, on parle quand même d’un joueur qui a des qualités techniques digne d’un All-Star et un physique hors-norme. Beaucoup de GMs sont quasiment amoureux d’Odom mais aucun n’a pu lui dérouler un tapis rouge suffisamment long. Donc on peut légitimement estimer qu’ils en sont encore moins enclins pour accueillir un David Lee.



Les exigences salariales du new-yorkais (ou de son agent) sont donc trop hautes pour ce que les franchises peuvent offrir. Soit l’on appelle Keynes pour réguler tout ça (désolé pour cette « blague », mes études doivent me monter à la tête…), soit il va falloir être –substantiellement- moins gourmand. Soit on attend les Blazers.
C’est le bruit qui court en ce moment. Le premier vraiment persistant depuis l’ouverture du mercato. Portland a déjà fait une telle offre pour Millsap, que Utah s’est empressé de contrer (Millsap est aussi « restricted free agent »). Derrière Aldridge, Oden et Przybilla, la rotation intérieure des Blazers est en bois tendre. Il serait de bon aloi de rajouter un quatrième larron, histoire d’être tranquille. Surtout avec les problèmes (physiques ou de fautes) que peut rencontrer Oden. Avec des créateurs comme Roy, Outlaw ou Aldridge, le caractère plus besogneux de Lee devrait être un bon complément.



C’est en effet un joueur dont on a envie de croire qu’il s’intégrera facilement dans n’importe quelle armada en place. Il ne rechigne pas au contact et est un poids pour la défense adverse par son opportunisme; sans pour autant avoir beaucoup besoin du ballon. Mais qu’on ne s’y trompe pas, David Lee est un role player. Certes précieux, mais qui ne vaut pas $10 millions. Il pèse sur les défenses, mais son impact direct sur le jeu de son équipe est juste correct.




Mais il y a surtout cette grosse part d’ombre sur la défense. Tout d’abord, on ne l’a jamais vu particulièrement efficace en défense sur l’homme ; cela se comprend cette année où il était opposé à des adversaires pas taillés pour lui, mais il n’avait pas particulièrement été brillant les saisons précédentes. Bien sûr qu’il a des circonstances atténuantes en ayant dû faire contre mauvaise fortune bon cœur dans cette blague qu’est la défense des Knicks. Il faut néanmoins signaler que l’assiduité défensive est quelque chose qui s’entretient. Vivacité, agressivité, fluidité des aides sont des éléments qui se travaillent au fur et à mesure des matchs, à condition d’être dans une équipe qui fait au moins semblant de défendre. Bien qu’il se soit dépensé sans compter, saurait-il se mettre en osmose avec des coéquipiers qui veulent défendre ?



Et c’est là que l’on revient à notre étude de cas sur les Blazers. Portland a surtout besoin de défense. Signer quelqu’un qui aurait une vrai impact et insufflerait une vraie dynamique au secteur défensif pourrait faire franchir un cap à cette jeune troupe. On se demande donc si les propositions des dirigeants (à considérer qu’elles soient les même que dans les rumeurs) sont vraiment pertinentes.
Au final, l’on comprend mieux l’incertitude des franchises à parier sur David Lee. Tout d’abord, c’est un role player qui a des exigences trop grandes pour son rang. La faute à une saison cache-misère de NYK qui a gonflé ses stats. C’est le problème pour lancer des négociations : nous avons un role player qui n’a jamais joué dans une équipe réellement structurée. Il n’y a donc aucune garantie quant à son intégration et le vrai apport qu’il pourrait alors avoir. En conclusion, David Lee est beaucoup plus un « pari » qu’il n’y paraîtrait de prime abord. Dans cette période où les propriétaires comptent leur sous, ce n’est jamais bon.



Epilogue cette semaine, a promis Donnie Walsh, le GM des Knicks.


15 juillet 2009

Beaubois illumine la Summer League des Mavs

La France est actuellement le pays étranger le plus représenté en NBA, et chaque année de nouveaux frenchies poussent les portes de la grande ligue pour espérer suivre le destin exceptionnel d'un Tony Parker ou d'un Boris Diaw. Cette année, c'est un espoir choletais, Rodrigue Beaubois, qui a su monter en puissance au bon moment pour attirer l'oeil des scouts.

Petit retour en arrière pour ce natif de la Guadeloupe qui a fait ses classes à Cholet : si il était déja inscrit l'an dernier à la draft NBA, c'est surtout pour montrer aux scouts NBA qu'il était là et se faire suivre l'année suivante. Une année mal commencée par une blessure, mais heureusement sa montée en régime lui a permis de faire monter sa côte : si il était d'abord annoncé au deuxième tour de la draft, nul doute que sa contribution à l'épopée européenne choletaise (finale de l'Eurocoupe) a contribué à redorer son blason. Surtout qu'il a su exploser au bon moment.


C'est en effet en fin d'année dernière qu'il fallait être au top niveau : un stage de détection individuels organisés par la NBA à Chicago afin de tester les capacités fondamentales et psychologiques (!) des joueurs. C'est là que Rodrigue s'est fait un nom en étant considéré comme l'un des candidats ayant réussi la meilleur prestation, surtout grâce à sa vitesse et à son shoot. Mais c'est principalement au camp de Trévise qu'il s'est taillé la réputation d'être l'un des meilleurs européens à se présenter à la Draft 2009, et l'on a commencé à parler de lui comme un prétendant à la fin du 1er tour.

Et ce qui devait arriver arriva : Beaubois fut drafté en 25è position par Oklahoma City avant d'être vite échangé aux Dallas Mavericks. Pouvoir progresser dans l'ombre d'un certain Jason Kidd, ça a de la gueule ! Aussitôt le contrat signé, Rodrigue participe aux Summer League de Dallas et montre d'entrée son talent : aligné comme meneur titulaire, il tourne à plus de 19 points de moyenne, mais a surtout marqué les esprits samedi dernier avec 34 points, 8 passes et 5 rebonds. Son shoot en première intention et ses capacités athlétiques en font un candidat pour de belles minutes de jeu cette saison, et on espère qu'il viendra chatouiller Tony Parker en équipe de France très prochainement.



Si son coéquipier De Colo n'a pas eu la chance de signer immédiatement en NBA (les Spurs l'ont en effet laissé en Europe, à Valence, pour continuer à progresser), la bonne nouvelle Beaubois fait plaisir en ces temps où le basket français peine sur la scène internationale mais commence à marquer la NBA. Espéront qu'une nouvelle étoile française est née, et qu'on verra très vite un nouveau frenchie au Rookie Game !

Encore 1 an avant 2010

On annonce l’été 2010 comme une nouvelle ère. Mais en attendant la grande redistribution, on fait quoi ?


Ca va faire plus d’un an que chaque transfert est analysé à la loupe 2010. Pour pouvoir attirer quelques gros poissons une fois l’été 2010 venu, certaines équipes n’hésitent pas à dégrossir sévèrement leur masse salariale. New York en est le plus bel exemple, après des années de contrats sur-évalué, la grosse pomme s’est mise en tête de faire le vide. On a troqué donc une surcharge pondérale contre une anorexie tout aussi dénuée de fond de jeu ; car avouons que le run&gun qui y est actuellement instauré ne sert que de cache-misère, il ne s’agit en rien d’une mécanique huilée, il s’agit du même magma insignifiant qu’avant, mais en tirant encore plus vite. Par contre, les fans des Knicks ont maintenant l’espoir de jours meilleurs. Encore 365 jours à voir le Madison souillé et voilà que les problèmes de New York pourraient bien s’en aller avec l’huile de la vidange.




Que diantre y a-t-il derrière cette appellation mystique ? Pourquoi 2010 ? Des périodes ont déjà été l’occasion de bâtir du solide (quand les Lakers ont signé Shaquille O’Neal, qui n’a pas désiré prolonger son expérience à Orlando), mais rien qui ne puisse justifier un tel engouement. C’est comme si l’on allait basculer dans une nouveau monde, que les cartes allaient être totalement redistribuées, avec une vigueur que l’on ne peut même pas atteindre dans une partie de Uno endiablée.




Car c’est à l’horizon 2010 que les contrats non-prolongés des enfants prodiges de la Draft 2003 vont être libres de signer où bon leur semble. Lebron James, Dwayne Wade, Chris Bosh, TJ Ford, pour ne citer que les cadors. A cette liste, il faut rajouter d’autres sacrés lascars, du genre Joe Johnson, Jamal Crawford, Ray Allen, Udonis Haslem, Rafer Alston, Travis Outlaw, Mike Miller, Shaquille O’Neal. Bref, il y a du bon, et pour tous les goûts.


Cette dernière liste concerne des joueurs qui seront libres de tout contrat à l’été 2010 et donc signeront où ils voudront. Pour être tout à fait précis, le quatuor pré-cité disposera d’une Player Option. C’est l’occasion de préciser quelques termes, si jamais c’est flou pour vous. Il s’agit là d’une option qui permet, si le joueur le souhaite, de rempiler pour un an dans son club. Club qui n’a aucun mot à dire dans cette décision. Donc vu le big bang que va être le marché et la flambée des prix qui risque de s’en suivre, il y a fort à parier que ces grands noms ne lèveront pas cette option pour pouvoir négocier du lourd dès cet été.


Avec toute cette agitation à venir, 2010 est vite devenue une date symbole. Un été où ca va bouger, dans une ligue jamais avare en transferts sensationnels. C’est alors qu’arrivent les autres potentiels « agents libres ». Par le biais de tout un tas de clauses bizarres dont seul le sport professionnel peut nous en offrir, tout un tas d’autres grands noms pourraient bien se retrouver potentiellement sur le marché : Paul Pierce, John Salmons, Dirk Nowitski, Yao Ming, Michael Redd, Tyson Chandler, Amare Stoudemire, Richard Jefferson et bien d’autres. Là encore, du grand nom. Parmis tous ces bons joueurs, il y en aura sans doute certains qui auront trouvé un accord avec leur équipe pour prolonger en cours de saison. Mais quelques beaux poissons resteront à quai, et des frais.



Bref, ça risque de flamber pas mal. Dans la surexcitation générale, il y a fort à parier que certaines offres seront sur-évaluées, ce qui pourrait donc aboutir à une flambée de prix. Une rivalité entre franchises pour offrir les salaires les plus juteux. Et c’est là que se complique encore un peu les choses. L’on arrive à un troisième niveau, avec tout autant de joueur de très bons calibres. Les « restricted free agents ». Pour faire simple, ils seront dans le même cas que tous les autres joueurs sur le marché à la différence que leur équipe d’origine aura une semaine pour égaliser cette offre et contraindre le joueur à rester dans leur effectif, bon gré mal gré. Forcément, avec toutes les signatures prévues, il y a moyen que d’autres jolis poissons passent entre les mailles du filet, certaines équipes seront peut-être trop tournées vers d’autres sirènes qu’elles en oublieront de blinder leurs protégés.



Et là encore, la liste est longue comme le bras, concerne tous les postes et tous les styles. Petit aperçu des plus appétissants : Rajon Rondo, Tyrus Thomas, Luis Scola, Rudy Gay, Lamarcus Aldridge, Brandon Roy, Andrea Bargnani. C’était long, mais cela vous donne un aperçu du chantier estival prévu pour l’an prochain. D’ailleurs, il va falloir s’attendre à une multiplication de toutes sortes de rumeurs, de « sources sûres, proches du dossier ».



Et pour signer le maximum de gens d’un bon cru, les franchises s’activent pour créer de la place sous le seuil salarial autorisé. La pêche aux gros contrats expirants bat son plein depuis plus d’un an. Des transferts qui n’ont aucun impact sportif direct. Certaines équipes sont prêtes à lâcher un bon joueur pour récupérer un paquet de contrats clairement sur-évalués, mais qui expirent avant 2010. Beaucoup de monde se place pour ce prochain sprint.



Mais on le voit bien pendant les étapes de plaine sur le Tour de France : ca devient vite lassant de passer son étape devant la télé à attendre finalement le sprint final. Pendant que tout ce beau monde a les yeux rivés sur l’été 2010, certaines écuries ont bien senti qu’il y avait des titres à gagner avant. Elles étaient parmi les mieux placées et la perspective 2010 n’a fait qu’accentuer les écarts de classe. On voit clairement une poignée de prétendants (LA, Boston, Orlando, San Antonio, Denver), des équipes sac de sable (Sacramento, NY) et finalement peu d’équipes outsiders ; ce qui fait déjà craindre des prochains play-offs assez peu intéressants avant les finales. Cette saison, malheureusement, risque de se limiter à l’hégémonie d’une paire d’équipes qui vont survoler la ligue et se battre pour le meilleur bilan à grands coups de « ne pas perdre contre une équipe moyenne ». Car des équipes moyennes, il risque d’y en avoir. Beaucoup.



Déjà, comment réagir lorsque l’on est coéquipier d’une de ses stars jouant au chat et à la souris avec leur prochain contrat ? Peut-on s’engager à fond dans une épreuve aussi longue et harassante qu’une saison régulière de 82 matchs, alors que l’on a en permanence ce flou entretenu par l’insistance des journalistes sur le sujet ? Comment gérer ça de la part du front office ? Comment faire les bons choix pour essayer de plaire à son leader, sans forcément compromettre l’avenir de la franchise en cas de départ ?



Ce qui est le plus frappant dans cette histoire d’été 2010, c’est qu’elle est surtout vue et traitée d’un point de vue financier. Certes, aux USA plus qu’ailleurs, le salaire est reflet de la réussite sociale, donc on imagine mal une star accepter une substantielle baisse de salaire, même si c’est pour permettre d’aller gratter un ou deux role players en plus. Et l’on ne va pas sombrer dans l’idylle totale en disant qu’il serait tellement beau de sélectionner un roster d’une petite dizaine de joueurs complémentaires, de leur présenter ce magnifique projet sportif accompagné d’un chèque d’1/10 de la masse salariale autorisée. La NBA est aussi un business, le système est fait de tel façon que l’argent est une composante à prendre en compte avec toute la gravité nécessaire.




Mais le fait est que 2010 semble être le Ground Zero pour certaines franchises. Et ce n’est pas en créant encore plus de place pour encaisser le salaire d’une autre star que l’angle d’attaque sera changé. Le projet sportif devrait avoir un rôle dans les décisions finales. Car la plupart des ses grands joueurs savent aussi, qu’au final, ils seront jugés au nombre de bagues. King James n’aura rien de royal sans sceau à son doigt, Wade ne devrait pas tarder à entendre parler de Shaq quand on lui parlera de sa bague.



Le problème, c’est que l’on parle de stars. Des joueurs avec un impact fort sur le jeu. Et que ça serait gâché que de ne pas mettre l’effectif au service de leur épanouissement. Mais on sait aussi que les titres se gagnent rarement seuls. Et il y a peu d’équipes avec un vivier déjà intéressant de role players. A la signature, cela risque d’être un frein conséquent. Une star va-t-elle s’engager sur le simple attrait d’une ville et la promesse d’un recrutement adapté ? La plupart de ces grands joueurs bientôt disponibles n’ont pas gagné de titres. Peut-être qu’il a manqué un petit quelque chose à leurs précédentes formations pour franchir le pallier suprême. Mais si leurs précédents GMs n’ont pas été capables d’effectuer le recrutement optimal pour leur permettre d’aller jusqu’au titre, en quoi ce nouveau GM y arriverait-il mieux ? Surtout que l’on ne sait pas vraiment quel sera l’état du marché. Les prix peuvent bien flamber. Surtout que si certaines équipes sont battues à la pêche au gros, elles risquent de se rabattre sur les joueurs de compléments, tant qu’à faire. Avec plus de flexibilité sous le seuil salarial pour négocier. Quitte à en enrôler certains uniquement pour faire office de monnaie d’échange plus tard dans la saison.


C’est peut-être ça aussi, l’attrait de cet été 2010. Il risque d’en découler une atmosphère très sitcom, avec ses affaires pleines de rebondissements. Avec une pointe de relationnel. Car avec un vivier comme celui-là, peut-être que certains joueurs pourraient s’entendre pour avoir encore plus de poids lors des négociations. « Amour, Gloire et Beauté » au parfum NBA. En attendant, il va falloir nous contenter de Friends. Car 6, c’est le nombre d’équipes qui risquent d’être vraiment intéressantes à suivre sportivement en 2009 ; et que l’on sait tous intimement que Ross et Rachel finiront ensembles.


Wallace ouvre de nouvelles voies

Après une année à traîner sa peine, le Sheed revient au premier plan en venant grossir les rangs des Celtics. Il confère à Boston une toute autre dimension.



La tentative Iverson à Detroit n’était pas la bonne solution, l’équipe a pataugé et Wallace s’est à peine débattu. Il ne faisait nul doute que le Sheed n’allait pas rempiler dans une équipe des Pistons visiblement en rénovation. C’est alors que les postulants à la victoire finale se sont manifestés, intéressés par son bagage technique et son expérience des grands rendez-vous (rappelons que jusqu’à cette saison, Wallace était toujours arrivé minimum en final de conférence avec Detroit).



Ce sont finalement les Celtics qui sont arrivés à décrocher la timbale. A grands renforts de témoignage d’affection en provenance du Big Three. Il faut dire qu’ils ont quelques points en communs, dont celui d’être plutôt expansif sur un parquet. C’est là que la comparaison entre Rasheed Wallace et Mikki Moore prend fin.



Let’s Go Dancin’

On voit bien le Sheed se greffer admirablement dans l’attitude défensive des C’s. Avec ou en remplacement de Garnett, le bonhomme fera valoir son envergure et son sens du placement. Il n’hésitera pas non plus à se mettre au diapason niveau intensité. Quelques baisses de tension seront peut-être à prévoir pendant la saison ; mais entouré de tels grognards, flairant l’odeur du sang et d’une bagouze en or, il risque d’être dans l’ambiance dès l’entame des PO.


Un secteur intérieur Wallace – Garnett, ça sonne quand même forêt hostile. Une sacré galère pour quiconque qui jouerait en pénétration. Leur amplitude va de plus profondément gêner les prises de position poste bas. Sachant qu’en renfort, l’on a des boules de muscles, des espèces de bibendums Michelin comprimés dans le sens de la hauteur, tels Perkins. Non, vraiment, ça fait peur.


Mais au final, le fait que la défense intérieur des Celtics ressemble maintenant bigrement à une tortue romaine, ce n’est que l’aspect secondaire du bénéfice de cette signature. Wallace offre toute une nouvelle panoplie aux schémas offensifs de Boston. Son tir va étirer les défenses adverses de manière très conséquente. Pour faire de la place aux grosses fesses de Pierce quand il va aller gratter dans la raquette. Pour optimiser les pénétrations de Rondo en pick’n roll : avec Sheed qui s’écarte pour le shoot et Garnett qui joue les intervalles. Chacun des deux compères dispose d’un jeu près du cercle convaincant, pour assurer l’alternance des angles d’attaque. Surtout que derrière, il y a de la rotation convaincante sous le panier, donc Wallace pourra aisément se décaler en 4 quand Garnett sera au repos.


Wallace va huiler le jeu offensif des Celtics. Outre qu’il puisse jouer en un-contre-un, il dispose d’une qualité de passe non négligeable, couplé à son shoot qui va créer des espaces. La mécanique reste la même : le Big Three est très complémentaire ; le Sheed va desserrer les liens de la défense adverse, soit en étant une menace extérieure soit en combinant avec l’un des « Tres Amigos » sus-cités. Connu pour sa défense, Boston devrait devenir tout aussi imprenable en attaque.


RonRon prêt à faire rugir LAL

Ron Artest a donc signé chez les Lakers, dans une représentation de « Comment être favori à sa propre succession ».




Petit rappel des faits : les Lakers dépassent allégrement la masse salariale tolérée par la ligue, avant même de re-signer trois pièces maitresses : Ariza, Odom et Brown. Si ce dernier n’a eu qu’un rôle modeste et les prestations salariales qui vont avec, le premier cité a laissé son agent partir au combat. Cet agent : David Lee, pas inconnu au bataillon car s’occupant des intérêts de Bynum. L’été dernier, le jeune pivot a eu droit à un beau contrat, grâce à son potentiel et son profil atypique : des grands gaillards avec sa mobilité et ses mains, ça ne court pas les parquets.


Ariza a un beau potentiel aussi, mais un profil beaucoup moins rare. Du poste 3 athlétique, c’est tout de suite moins inhabituel. Tellement que le front office des Lakers en avait caché un dans sa manche pendant les négociations. Sorti avec un petit sourire en coin, comme lorsqu’on révèle sa quinte flush au regard médusé de Patrick Bruel. Les Lakers ont donc un autre poste 3 titulaire, pour le même prix. Ariza ayant fait le difficile, LosAngeles s’est tourné vers Artest sans remords. Ce dernier s’est empressé de bondir sur l’occasion, en acceptant un contrat idyllique du point de vue de LAL. Même si l’on prend en compte les probables futures amendes à payer.


Généralement, l’on essaie de ne pas trop casser la dynamique collective d’une équipe championne, surtout qu’on la sentait très bien huilée, et à la fois n’ayant pas encore atteint le point optimal. Ariza jouait un rôle prépondérant dans l’équipe et offrait le luxe d’être jeune. Ne pas être arrivé à prolonger une trouvaille (passé par NYC et Orlando, sans trouver sa place) peut être vu comme un échec, que le front office se serait empêché de dissimuler derrière un nom clinquant. Et si Artest n’était pas un rouage satisfaisant ? Bien qu’admiratif devant la saison de Ariza, je ne partage pas ces doutes. Voici pourquoi :



Allumer le feu

On le sait, l’ami Ronald n’a pas vraiment sa langue dans sa poche. Normalement, il n’est plus sensé nous refaire un tour dans les gradins, bien que LAL cristallise certaines tensions (les « Beat LA » peuvent vite devenir légion) et qu’elles risquent de se focaliser sur celui qui est le plus apte à péter un plomb. Mais bon, quand on troque un numéro provoc’ comme le 96 pour un 37 en hommage à Michael Jackson, c’est signe que l’on entre dans la maturité.


Artest devrait donc se limier à son rôle d’aboyeur sur le terrain. Fisher au discours, Kobe en exemple, c’était quand même assez cérébral comme leadership. Ajouter Artest, c’est ajouter de la passion débordante, de manière plutôt expressive. Un peu le mariage de l’eau et du feu. Ca faisait des années qu’on nous cherche à désigner le « Pippen » de Bryant, au moins l’on trouvera son « Rodman » sans trop d’hésitations. L’an dernier, l’on a beaucoup reproché aux Lakers une certaine suffisance. Des écarts qui ont fondu, une attitude pas toujours très compétitive,… Bizarrement, l’équipe n’avait pas ce genre de soucis la saison précédente. On enlève un cheerleader comme Turiaf, l’on est déjà entièrement obnubilé par retourner laver l’affront en Finale,… L’an dernier, l’on avait l’impression qu’ils jouaient comme si leur retour en Finale leur était acquis de droit. Pour faire un back-2-back, il faut avoir les reins solides et un sacré mental. Il parait que c’est encore plus dur que la première fois. Artest va être là pour secouer le cocotier quand il le sentira nécessaire. Il va avoir un rôle d’émulateur et transmettra une certaine rage de vaincre qui faisait parfois défaut l’an passé et dont les angelinos auront encore plus besoin maintenant qu’ils ont la pancarte « champion en titre » sur le dos.


Il faut aussi avouer que le précédent effectif était assez « lisse ». Maintenant que la rédemption est acquise, Hollywood en veut sûrement d’avantage. Le plus nasty était Jack Nicholson chambrant depuis sa place du premier rang. Un joueur controversé comme Artest va renforcer l’ambiance « seul contre tous » inhérente aux champions en titre. Cela va renforcer l’affectif des fans envers cette équipe. On ne lui demande pas de se mettre à quatre pattes pour aguicher le meneur adverse (sic), mais quelques actions poignantes, histoire de ressentir une forme de rage. Un peu les mêmes émotions que celles que l’on a quand on écoute Bad de M.Jackson, en fait.
L’objection courante serait que c’est bien beau de vouloir mettre le feu, encore faut-il ne pas s’y brûler. Certes. Il ne faut pas oublier que derrière leurs altercations en PO, Bryant et Artest (ou je devrais mettre Kobe & Ron, pour créer un semblant de plus grande complicité) se respectent beaucoup. Dis comme ça, ça sonne préfabriqué, d’accord. Il faut aussi voir que la rumeur Artest aux Lakers date, que des contacts anciens existent et que Kobe a souvent été élogieux par le passé au sujet de son neo-coéquipier. On parle rarement des trains qui arrivent à l’heure, mais il faut souligner qu’il existe de nombreux exemples où un Artest avec un rôle bien défini et bien entouré savait se mettre au service du collectif. Et puis, il y a Phil Jackson. Le Zen Master, avec un goût prononcé pour la psychologie. Le monsieur qui a canalisé Rodman. Le même qui a failli faire cohabiter O’Neal, Bryant, Payton et Malone sur le toit d’un volcan en ébullition. Quelqu’un qui vient de remporter son dixième titre de champion en tant que coach, pour contrôler un joueur impulsif venu ici remporter sa première bagouze. En prime, cela offrira à Phil Jackson une nouvelle étude de cas.



Parole à la Défense

Bref, je pense que l’on peut raisonnablement en déduire que Ron Artest fera assez de vagues pour booster son équipe, sans pour autant créer de ras-de-marrée. Maintenant que vous vous êtes délecté de cette superbe métaphore, intéressons-nous à son apport plus concret sur le terrain.


Forcément, ce qui arrive à l’esprit en premier, c’est son apport défensif. Meilleur défenseur en 2004. Ca fera 6 ans quand Los Angeles goûtera de nouveau aux frissons des PO. Mais à 30ans, l’on a coutume de dire que l’on est au top de son art. L’optimum entre les qualités physiques et la maîtrise technique de son sport. Le même âge que Kobe Bryant, Pau Gasol et Lamar Odom. Tant qu’à faire. LAL perd peut-être un peu de netteté sur leur projet à long terme, mais ils ont bien vu qu’il y avait des titres à gagner d’ici-là. Profiter au mieux des dernières grandes années de Bryant.


Artest reste, 6 ans après, une référence. Il était encore la saison dernière dans la seconde All-Defensive Team NBA. Distinction que n’a pas eu Ariza. Outre un trash-talking parfois déstabilisant et un style assez rugueux, Artest dispose d’un physique plutôt bien bâti, qui lui permet de jouer des coudes avec des bonhommes comme Pierce, James, Anthony ou Jefferson. Des postes 3 assez massifs, qu’il va falloir contenir pour gagner de nouveau. Il est plus lourd qu’Ariza. Face à des joueurs plus vifs, Bryant devrait pouvoir prendre le relai sur certaines séquences. N’oublions pas qu’il jouit également d’une sacrée réputation de défenseur. Ce duo risque d’ailleurs de se révéler plus complémentaire en défense qu’avait pu l’être celui composé par Ariza et Bryant.


Il sera sans doute un leader défensif, par son charisme et son intensité. Nul doute qu’il a joué un grand rôle dans l’attitude affichée par les Rockets l’an dernier en PO. Il dispose également d’une certaine expérience, et son jeu d’aides et de rotations risque de pouvoir s’avérer très efficace. Il devrait donc représenter une amélioration sur son poste, mais également sur toute l’attitude défensive de l’équipe. Il fait très chef de meute. LAL avait quelques chiens de garde plutôt efficaces, mais pas encore le genre de toutou qui montre les dents férocement et n’hésite pas à aboyer si vous passez trop près.





On the other side of the world

A vrai dire, personne n’a vraiment douté que malgré les qualités d’Ariza, Artest allait proposer une alternative au moins aussi convaincante. Le bémol viendrait surtout du secteur offensif. Artest dans le Triangle. Eté studieux en perspective. Surtout que certains aspects lui sont contre-nature. Dans le Triangle, la balle doit beaucoup bouger alors que RonRon a tendance à beaucoup ralentir la circulation de balle. Il porte beaucoup le ballon et peut se créer son shoot. En apparence, des qualités pas primordiales pour se faire une place dans le système offensif des Lakers.


Mais à bien y réfléchir, il pourrait servir de relai intéressant pour Bryant. Ce dernier, on l’a vu notamment en Finale, avait souvent le ballon en main, charge à lui de créer, souvent en allant au charbon en pénétration. Artest pourrait offrir une alternative en toutes circonstances, en prenant ses responsabilités en attaque et ainsi reposer Bryant pour le money-time. Avec ces deux lascars et Gasol, Phil Jackson pourra avoir un leader offensif sur le terrain à chaque instant, le Triangle pourra donc être structuré en toutes circonstances et donc le flow offensif devrait être continu.


Artest pourra servir de point d’ancrage de la mise en place offensive, et donc les Lakers pourront se passer de Kobe sur de plus longues séquences : cela va laisser de nouvelles opportunités à Vujacic. Le shooteur slovène avait fait de bons PO 2008, notamment quand Bryant se décalait au poste 3. Avec l’éclosion d’Ariza, Bryant squattait exclusivement le poste 2, diminuant le temps de jeu de Vujacic. Et un shooteur qui n’a plus le temps de se mettre en jambes, ça donne une saison médiocre. Artest va donc chambouler les rotations vues du côté de la cité des anges l’an dernier. Et le résultat pourrait aboutir à une gestion plus optimale du temps de jeu des forces en présence.


Il offre de même quelques nouvelles voies d’attaque. Son shoot extérieur est parfois branché sur l’alternatif, mais globalement il le fait respecter comme celui d’Ariza. Par contre, Artest peut jouer post-up avec plus d’aisance. Il offre une palette offensive plus complète que celle d’Ariza, ce qui ouvre d’autant plus les possibilités du Triangle. Encadré comme il l’est, nul doute qu’Artest saura limiter les coups de sang et autres tirs impulsifs et qu’il sera prêt à se concentrer prioritairement sur la défense. Artest a affiché d’entrée ses bonnes intentions. Ces déclarations, aussi pré convenues soient-elles, veulent témoigner d’un état d’esprit positif. Quitter Houston de son propre chef, où il aurait été un leader incontesté pour un salaire modeste, c’est le genre de signes qui laissent à penser que RonRon a la volonté de s’intégrer.


Il y a gros à gagner. Car dans cette histoire, les champions en titre passent d’un duo magique à un trident solide. Ils troquent un bon role player contre une troisième star. Il faudra des ajustements, des concessions. Mais leur envie et leur respect mutuel semblent trop tournés vers un titre de champion que ces réglages s’opéreront bon gré mal gré, d’autant plus que leur complémentarité théorique est évidente.