31 mai 2010

Qui l'eut cru ?

La Finale Los Angeles - Boston qui se profile semble apparaître aujourd'hui comme une évidence. Pourtant, à l'entame de ces PlayOffs 2010, peu auraient misé sur une telle affiche pour le titre. Ce n'est peut-être pas un hasard que, malgré les pronostiques peu favorables des bookmakers, ce sont les deux derniers tenants du titre qui se retrouvent sur la plus haute marche de leurs divisions respectives.

On pourrait une nouvelle fois citer Rudy Tomjanovich, avec sa célèbre phrase "Don't ever underestimate the heart of a champion". Comprenez qu'il ne faut jamais sous-estimer le coeur d'un champion. Ses Houston Rockets venait de remporter un second titre consécutif. Là encore, à l'entame des PO, les chances de titre que l'on accréditait aux Rockets n'étaient pas bien hautes.

En cette année 1995, les Rockets ont réussi le tour de force de sortir du tableau les 4 meilleurs bilans de la ligue. Cela semble faire echo à la performance des Celtics cette saison, qui ont donc déjà éjecter Cleveland et Orlando de la course au titre; soit les 2 meilleurs bilans Nba de la saison régulière. En prenant en compte leur premier tour face à Miami, les Celtics ont du batailler avec 3 joueurs membres de la All-NBA Team : Dwyane Wade, Lebron James, Dwight Howard. Autant de casse-têtes pour la défense.


La défense, c'est la marque de fabrique des Celtics, justement. On croyait cette spécialité locale perdue au cours de la saison, où l'efficacité défensive de l'équipe n'a pas atteint les standards d'excellence de ces deux dernières années. Kevin Garnett encore en délicatesse avec sa rééducation, c'est toute l'équipe qui a perdu son énergie quasi-spirituelle pour défendre comme des forçats. Les rotations et aides étaient plus approximatives que par le passé. James Posey manque en guise de chien de garde attitré. La défense des Celtics était étouffante et avait un impact concret mais aussi mental sur ces opposants, qui se tétanisaient, se demandant avant même le début du match. Cette saison, elle est apparue juste bonne ; et a été loin d’être une assurance tout risque dans l’optique d’une victoire.

On a retrouvé les Celtics sur ces dernières semaines, avec des aides plus incisives et des rotations plus efficaces. Ils se sont remis en marche et plongé dans le bain des PO. Alors que j’ai été le premier à dire qu’il était quasiment impossible de décréter à envie de passer à la vitesse supérieure par une sorte de bouton On/Off, les C’s semblent clairement me donner tort. Avec les blessures et une certaine lassitude des cadres, la saison a été un fardeau pour Boston. Alors que certains auraient tenté des ajustements en vol, Doc Rivers a gardé pour seule ligne de mire juin 2010, ménageant même ses cadres.

Les entraînements étaient pointus, l’accent était mis sur le conditionnement physique. Pendant ce temps, la saison était un peu hypothéquée. Sans se donner comme ils l’auraient voulu, les Celtics ont inexplicablement laissé filer des matchs où ils menaient tranquillement. Ils faisaient en quelque sorte le dos rond. Et au moment de compter les premiers favoris, on s’était tournés, naïvement, vers ceux qui bombaient le plus le torse.


De l’autre côté du pays, les Los Angeles Lakers étaient dans une position encore plus ambigüe. Eux aussi ont laissé filer sur la fin, notamment en laissant souffler Kobe Bryant. Vu la forme étincelante qu’il a en ce moment, on peut crier au génie, même si évidemment c’est tout un tas de variables qui ont abouti à cet état de fait.

On savait depuis deux saisons que leur engagement est clairement en mode alternatif. Eux aussi, face aux pépins d’une longue saison, ils ont du chercher à s’adapter. Mentalité différente du côté de Phil Jackson, qui aime laisser aux joueurs le soin d’expérimenter d’eux-même de nouvelles solutions ; alors que Doc Rivers a su être ferme dans sa manière de tenir en laisse des chiens enragés de victoires. Ainsi, Kobe Bryant s’est dépêtré avec ses blessures, en faisant parfois trop. Le lien avec Pau Gasol ne s’est plus fait aussi bien, l’espagnol grognant jusqu’en conférences de presse. Il a fallu intégrer Ron Artest dans un schéma offensif assez compliqué à cerner. Il a fallu que les remplaçants apprennent de leurs erreurs.

Bref, les Lakers ont été poussifs. Tellement que certains croyaient sincèrement aux chances des Thunders de venir sortir les tenants du titre. D’autant plus que les jeunes pousses d’OKC ont connu une fin de saison en trombe, qui contrastait avec celle des Lakers incapables de rassurer leurs fans à quelques jours du début des hostilités.

Et finalement, ce sont donc les Celtics et les Lakers qui sont arrivés en Finale. Sans grande contestation, qui plus est. Cela témoigne une nouvelle fois que la saison régulière n’est qu’indicative et qu’elle est à considérer comme une partie d’échecs où l’on avance ses pions de façon à arriver de façon optimale en PO. Boston et Los Angeles ont su répondre présents dans les moments de vérité, ils méritent pleinement leurs places en Finales. Plus que ce que n’en révèlent leurs bilans de saison régulière.

30 mai 2010

Le pèlerinage de Ron Artest vers les Finales

Avec la victoire 103-111 sur Phoenix, Los Angeles a décroché son billet pour les Finales. Cela marque la première apparition de Ron Artest sur la plus belle scène basketballistique du monde. Que le chemin vers la lumière fut long et semé d’embûches.

On a une certaine tendresse pour Ron Artest, puisqu’il a été le sujet de notre premier billet sur 24 secondes. Le voilà donc en passe de réussir son pari : les Lakers sont à 4 petites victoires d’un second titre consécutif.

Il en restait encore 6 à accrocher, il y a de cela quelques jours. Vous connaissez sans doute tous le scénario fou du Game 5. Moins d’une minute à jouer, les Lakers mènent de 3pts. Pressé, Ron Artest lâche un shoot assez laid, mais Pau Gasol arrive à dégager le rebond des mains des Suns pour pousser la balle jusque vers Ron Artest. RonRon est seul à 3pts et plutôt que d’écouter la salle entière crier de passer la balle à Kobe Bryant, pour qu’il aille gratter la faute, Ron Artest a dégainé. Raté. Pas de peu, en plus. Il déclara après le match qu’il ne s’en voulait pas particulièrement, qu’il jouait juste au basket et qu’il voyait un bon shoot et une opportunité en or de briser les derniers espoirs de Phoenix dans ce match. Certes, le shoot en soi est bon, mais sans doute peu pertinent vu le contexte. C’était l’exemple parfait du Ron Artest sanguin et impulsif que les fans des Lakers craignaient.

Phoenix a égalisé, après une action confuse qui a rappelé le Game 6 de leur affrontement en 2006. L’erreur du chien fou pourrait-elle coûter à LAL le match et ainsi un avantage crucial pour la victoire finale ? Il restait encore quelques secondes, suffisamment pour Kobe Bryant. Après le temps mort, il se démarque tant bien que mal, se retourne, fade away avec 2 gars sur le dos. Air ball.


Sauf que Ron Artest a bien suivi et a bien profité de l’absence d’écran-retard de la part de son adversaire direct. Il récupère la balle en vol, la lance contre la planche. Bingo. L’action rappelle celle de Pau Gasol pour offrir l’ultime victoire face aux Thunders accrocheurs. A une différence près.

Une scène de joie immense s’est manifestée pour célébrer Ron Artest. Rien de comparable avec les quelques accolades qui ont suivi le tip-in de l’espagnol. Premièrement, Ron Artest a exulté. Il a bondi dans tous les sens, pour se jeter dans les bras de Kobe Bryant, à qui il voue une profonde admiration. Kobe Bryant l’a serré dans ses bras, dans un sourire d’une totale sincérité. Et puis Lamar Odom, le grand ami de Ron Artest, est venu se rajouter au câlin général. Et c’est toute l’équipe qui est venu congratuler RonRon.

C’était la seule recrue d’une équipe championne en titre. Il a du faire des sacrifices. Lui qu’on a toujours connu pour faire à sa façon devait rentrer dans le moule. Argent, stat, temps de jeu,… tout a été revu à la baisse pour pouvoir venir jouer aux Lakers. Il a du apprendre à jouer dans le Triangle. Durant toute cette saison, on peut clairement dire qu’il cherchait sa place ; constamment comparé par rapport à Trevor Ariza.


Et cette action, ces quelques dernières secondes du Game 5 ont tout fait basculer : Ron Artest a trouvé sa place. Il est devenu un Laker. C’était important pour lui d’exister dans un tel moment. Cela s’est senti par la joie qu’il a manifestée juste après le buzzer. Ses coéquipiers ont compris que c’était aussi important pour lui et c’est pour ça qu’ils ont tous accouru.

Le bougre a enchaîné. Game 6 : 25pts, 4rebs, 3stls, 2asts, dans un des matchs les plus aboutis de sa carrière en PO, aux dires de certains. L’intéressé lui-même a confié après le match qu’il ne s’était jamais aussi bien senti dans le collectif des Lakers. Il a parlé d’un déclic sur ces deux derniers matchs. Tout le monde connaissait sa réputation avant la saison et tout le monde a pu juger sur pièce qu’il s’était énormément investit et qu’il a levé beaucoup d’a priori négatifs qui pesaient sur lui. Le groupe a aussi bien conscience que sans lui, point de salut en Finale. Car l’apport d’un Ron Artest au meilleur de sa forme pourrait bien quasiment entraver la production de l’ex-MVP des Finales, Paul Pierce. On a récemment reporté que dans l’intimité des vestiaires, Luke Walton a donné de longs et précieux conseils pour Ron Artest. Ca fait un peu mélange des genres comme association, mais Luke Walton a une connaissance tellement pointue du système et du jeu en général qu’il a trouvé un moyen de contribuer par l’angle de vue qu’il soumet à Ron Artest.

Il a également montré qu’il pouvait canaliser ses pulsions. Il s’est senti insulté par la défense des Suns, qui le laissait allégrement shooter dès qu’il était derrière la ligne à 3pts. Jerry Sloan avait tenté cela pour le Game 3, RonRon avait su répondre. De même hier soir, avec un 4-7 très honorable. Nul doute que les Celtics sauront mettre sa patience à rude épreuve. Le faire sortir de la série sera sans doute un objectif de ces Celtics teigneux, bagarreurs et provocateurs à souhait. Gageons que maintenant qu’il fait vraiment partie de l’équipe, Ron Artest ne la fera pas imploser, mais bien qu’il saura entretenir le feu que les Lakers n’ont pas su allumer il y a 2 ans face à Boston.

En juin 2008, Ron Artest était venu en spectateur assister au dépeçage subi par LAL pendant le Game 6. A la fin du match, il est allé faire un tour du côté des vestiaires des visiteurs pour s’entretenir notamment avec Kobe Bryant, pour lui faire la promesse que plus jamais quelqu’un ne se mettra en travers de sa route comme cela. Il a ajouté qu’il désirait porter ce maillot pourpre et or pour pouvoir faire justice lui-même et l’aider à remettre les Celtics à leur place. Nous y voilà.

24 mai 2010

Amar’e Stoudemire rallume la flamme

L’intérieur des Suns a fait beaucoup parlé de lui depuis le début de ces finales de conférence. Ca a commencé avec ses remarques comme quoi les performances de Lamar Odom au Staple Center ont été « chanceuses ». Il a continué à remuer les médias avec ses déclarations, laissant indiquer qu’il n’était pas du tout sûr de prolonger avec les Suns, même si ceux-ci mettaient la main au porte-feuille.

Le tout baignait dans deux premiers matchs franchement moyens. Les Suns ne pouvaient pas se défaire de la raquette des Lakers sans que leur meilleur intérieur ne soit en forme. Bref, pour le #1 des Suns, ça sentait un peu l’essence au moment d’aborder ce Game 3…

L’essence et le feu ont donné un cocktail explosif. 42pts et 11 rebs. Amar’e Stoudemire a pris une autre dimension pour permettre aux siens d’aller chercher ce match 3. Il a été un vrai détonateur. Il a été agressif d’entrée. Il est allé chercher les fautes dès le début du match, a pu se chauffer sur la ligne des lancer-francs, tout en écartant Andrew Bynum des débats. Lamar Odom n’a pas su rentrer dans le match et a été littéralement bouffé en intensité par STAT.


Amar’e Stoudemire a pilonné. Pas en lourdes approches, mais tout en densité physique. Il n’a pas le jeu d’appuis ou l’agilité de ses adversaires, mais il a su mettre a profit son coffre et son incroyable explosivité. Son pick’n roll avec Steve Nash a toujours été aussi bien avorté par la défense des Lakers, donc Stoud’ a dû se lancer lui-même. Des incursions saignantes dans la raquette de LAL, comme des coups de boutoir répétés. Dans son enchainement, il a su se donner ces quelques dixièmes d’avance sur l’adversaire pour pouvoir aller gratter la faute ou faufiler la balle jusque dans le cercle.

Offensivement, toute la puissance bestiale de STAT a été au rendez-vous. Mentalement, il a su répondre présent. On aurait pu en douter, alors que la saison des Suns était en jeu et qu’il n’a pas su se montrer vraiment pesant lors des deux premiers matchs. Sa volonté était sérieusement remise en cause après qu’il ait qualifié de chanceuse la grosse prestation de Lamar Odom aux rebonds. Car le rebond est avant tout une question de volonté, cette rage de vouloir à tout prix le ballon plus que l’autre. Pour vous en convaincre, regardez les meilleurs rebondeurs que la NBA ait connus, Dennis Rodman en tête. Ou Charles Barkley, pour faire honneur au local de l’étape.


On pourrait enchaîner sur le fait qu’il ait 11 rebs, et que cela témoigne aussi d’une volonté exacerbée de ne pas se retrouver dos au mur. Sauf que la copie défensive d’Amare Stoudemire est loin d’être particulièrement flatteuse ; elle a surtout été gonflée par le choix de jouer en zone. Trop laxiste sur les pénétrations adverses, il a fallu faire appel à un grand Robin Lopez pour avoir du vrai répondant sous les panneaux, comme en témoignent les quelques fautes assez corsées distillées par le sosie de Tahiti Bob.

Mais ne boudons pas notre plaisir. La performance d’Amare Stoudemire a littéralement porté les siens vers la victoire hier et laisse entrevoir que cette série pourrait être plus disputée qu’on pouvait le croire. Les fans de Phoenix doivent être aux anges. Même si, après les commentaires concernant son futur, on n’a plus que de raison scruté le comportement de l’intérieur. Evidemment, on notera qu’il contraste pas mal avec Steve Nash, jamais avare en high five et autres claqués du cuisseau pour ses partenaires. Certes, ça a toujours été le cas, mais on a pu avoir l’impression qu’Amar’e Stoudemire était encore moins démonstratif envers ses coéquipiers que d’habitude. Pas de petits signes en revenant en défense, pas de cris bestiaux, personne pour venir le voir alors qu’il saignait après un accrochage,… Peut-être est-ce infondé, mais l’on sent une certaine distance entre Amar’e Stoudemire et l’équipe. Mais les Suns ont besoin de lui et il a besoin d’eux. Ca tient comme ça et l’espoir renaît dans cette série. Tout le monde s’en contente.

23 mai 2010

Doug Collins peut-il sauver le bateau 76ers ?

Depuis le départ de Larry Brown, une multitude de coachs se sont succédés sur le banc de Philadelphie. Cela témoigne d’une ligne directrice très floue et d’un projet de jeu peu cohérant. Un homme de la poigne de Doug Collins va-t-il arriver à redresser les choses ?

Il y a eu tellement d’entraineurs différents ces derniers temps que je vous mets au défi d’en citer de mémoire ne serait-ce que la moitié. Avec son charisme et son rôle de commentateur TV particulièrement prolixe et pertinent, on peut dire que Doug Collins va incarner la fonction. Mais ce choix va bien entendu au-delà du simple « Vu à la TV » :

Il faut déjà bien dire qu’il s’agissait du meilleur postulant, en termes de qualité intrinsèque. Il y a déjà un noyau dur à Phily, autour de Samuel Dalembert, Andre Iguodala et Elton Brand. Noyau dur particulièrement fortifié par des contrats en béton armé, qui les rendent aujourd’hui très difficilement échangeable dans une optique de changement de cap. Au niveau du roster, le GM Ed Stefanski était quasiment coincé. Il lui fallait faire quelque chose pour éviter le fiasco avec cette équipe qu’il a assemblé, dans l’optique de conserver son job.

Basiquement, le reste du roster est composé de jeunes arrières/ailiers physiques et assez polyvalent. C’est du Thaddeus Young, du Marresse Speights, du Jrue Holiday voire du Louis Williams. Ce dernier a été coltiné à la mène après le départ d’Andre Miller. Le meneur parti, il a fallu trouver un moyen de mettre en place l’attaque sans véritable gestionnaire sur le parquet. Au regard du bilan des 76ers, on peut constater que cela n’a pas été un succès.


Le fait est que l’Oncle Doug ne risque pas de transformer le secteur offensif. Cet homme est littéralement habité par le jeu, une passion dévorante à la limite de la dévotion. L’anecdote raconte qu’à l’époque où il entrainait les Bulls, il se pointait chaque jour à l’entrainement avec un nouveau système offensif à assimiler par ses joueurs.

Ces Bulls en question, c’étaient ceux de Michael Jordan, avant que Phil Jackson n’en prenne les rennes et que l’effectif ne soit peaufiné par quelques trades bien pensés. A noter que Doug Collins et MJ seront à nouveau réunis quelques années plus tard, à Washington. Dans le genre talent de folie, Doug Collins a également eu le plaisir d’avoir Grant Hill sous ses ordres à Detroit.

Quand on regarde le jeu offensif proposé par les anciennes équipes coachées par Doug Collins, on voit bien que ces deux superstars (enfin, trois, si l’on considère que le jeu de Michael Jordan a considérablement évolué entre ses premières et dernières années dans la ligue) sont un rouage élémentaire des systèmes offensifs. Plus que pour n’importe quel autre entraineur. En gros, sauf fait de jeu, chaque possession devait se finir par un tir ou une passe décisive de la dite superstar. Avoir un tel caoch à ses côtés à aider Michael Jordan pour gonfler les stats de ses premières saisons, ce qui a contribué à le rendre quasiment intouchable en ce qui concerne les moyennes en carrière.

Et cela, malgré le rythme désespérément lent sur lequel joue une équipe menée par Doug Collins. Enfin, menée… C’est à son relai sur le terrain, souvent donc le meneur, d’annoncer les systèmes qu’il juge pertinent de mettre en place. En gros, les schémas dessinés par Doug Collins et mis au point à l’entrainement forment une grosse caisse à outils, dans laquelle ses joueurs doivent piocher. On retombe fatalement sur l’absence de meneur de jeu, qui apparaît d’autant plus handicapante que c’est dorénavant la philosophie Collins qui va s’appliquer.


Oh certes, il risque de s’adapter à sa nouvelle équipe. Mais quand on a prôné un style aussi tranché pendant des années, on se demande si il y a moyen qu’il change du tout au tout. Il y aura des impondérables. Comme par exemple la quasi-certitude qu’il ne va pas lâcher les chevaux et laisser ses jeunes dragsters mener un train d’enfer, tant pis pour les déchets.

On se demande juste qui sera le nouveau point de focale de ses schémas. On pourrait penser à Andre Iguodala, qui a le jeu qui se rapproche le plus de MJ et Grant Hill et donc qui pourrait bénéficier des même schémas qu’eux à l’époque. Sauf que, vous l’aurez souligné par vous-même, AI est deux voire trois classes en dessous de ses deux illustres prédécesseurs. Cela pourrait donc sonner le gros retour d’Elton Brand aux affaires. Ce n’est pas pour rien d’ailleurs que l’intérieur s’est ostensiblement réjoui de l’arrivée de Doug Collins du côté des 76ers : enfin un entraineur qui pourrait pleinement tirer partie de ses qualités. Se poser cependant aussi la question des role players. Il faut ouvrir un maximum l’espace de jeu pour celui qui va tenir les rennes de l’attaque et pour se faire, il faut aligner des shooteurs. Jason Kapono pourrait bien tirer son épingle du jeu, mais quid des autres ailiers de l’effectif, dont le point commun est d’être clairement vacillant sur le shoot longue distance.

Bref, à part pour les joueurs de Fantasy League, qui devraient miser une belle piécette sur des stats solides d’Andre Iguodala et Elton Brand, l’attaque des 76ers risque bien d’être limite ennuyeuse. La défense, elle, sous l’impulsion de Doug Collins, va fatalement s’améliorer. Le tout risque donc de donner quelque chose d’assez laid en saison régulière. Mais on peut penser que Philadelphie arrivera à gratter une place en PO et que leurs adversaires au premier tour ne seront pas particulièrement serein. Des saisons, c’est le prix à payer pour la rédemption des 76ers. Pas glamour pour un sou, mais avec quelques réussites. Pour le court terme, c’est sans doute la meilleur solution, pour éviter un réel vent de crise à Philadelphie. D’autant plus que cela sera très bénéfique pour tout ces jeunes (dont le futur #2 de la draft) d’être aux côtés d’un tel chevronné. Par contre, sur le moyen terme, difficile de considérer ce choix comme une solution qui n’a d’autre ambition que de sauver les meubles comme on peut. Ces 76ers-là sont destinés à ramer, sans plus. C’est déjà un progrès.

19 mai 2010

Half-Man, Half-Disapointing

Game 2 face à Boston. Dernière minute. Orlando a eu jusqu'alors une très bonne exécution. Pas parfaite, mais suffisante pour avoir les Celtics à portée de fusil. Jusqu'à ce que Vince Carter fasse réapparaître le fantôme de Nick Anderson.

La comparaison est facile et dramatique à souhait. Idéale pour les bloggers et journalistes, donc. Certes, mais l'affreux 0-2 aux lancers-francs de Vince Carter plonge lui aussi le Magic dans l'adversité. 0-2, encore : c'est le score de cette série face à Boston, alors que l'on a déjà joué 2 matchs en Floride....


Le problème est que ce brave Nick Anderson peut avoir quelques circonstances atténuantes, notamment la pression. Oh oui, elle était là aussi hier soir, sans doute presque aussi forte : après avoir perdu la première bataille, Orlando ne pouvait pas se permettre de laisser filer ce secon match. Sous peine de voir l'avenir devenir soudain moribond, après les fastes des deux premiers tours. Assumer son rôle de favoris dans une finale de conférence mal engagée et la découverte des Finales, allez, on va être large, on va dire que c'est à peu près comparable.


Ce qui gène le plus, c'est que Nick Anderson a été une sorte de mauvais concours de circonstances. Un joueur très solide dans la rotation, mais pas celui qui aurait du porter l’équipe sur ces épaules dans ces moments-là. Là, Vince Carter était sensé être LE joueur qu’il fallait. D’ailleurs, son arrivée a été motivée pour donner au Magic un leader dans ce genre de moments. Un joueur capable d’aller gratter les points importants et de prendre le jeu à son compte dans certains moments-clefs.

Je pense qu’il a su rendre l’équipe encore plus qualibrée. Mais tout le monde savait qu’il n’y aurait qu’une seule façon de juger une telle arrivée dans les rangs du dernier finaliste : la capacité ou non d’Orlando d’aller gagner le titre. Comme l’auront souligné ses coéquipiers après le match, Vince Carter a déjà fait gagner des matchs à son équipe par des actions clutchs.


Mais pas de grands matchs. Cela s’est presque vu dès son arrivée sur la ligne. Cela s’est lu sur son visage. C’est sans doute plus facile après coup, mais l’on voyait de la peur, de l’appréhension, de la timidité au moment d’attaquer cet exercice éprouvant mentalement.

Timide comme un garçon chahuté par les voyous de son collège. Boston a été physique, gueulard, fourbe,… et a sorti toute la panoplie qu’on lui connait et qui suscite les sifflets à travers tous les Etats-Unis. Le Magic a sorti une partition très soignée, ont bien appliqué les consignes du coach. Mais ils ont paniqué dans les moments cruciaux. Il a eu en toute fin de match, cette action de JJ Redick : il se saisit du rebond, mais n’a pas la présence d’esprit de demander immédiatement le temps mort, faisant perdre de précieuses secondes à son équipe pour tenter d’arracher la prolongation sur un dernier tir bien amené.


Face aux Lakers l’an dernier, le Magic avait déjà montré ce côté « premier de la classe, perdu dans les moments chauds ». Vince Carter était sensé apporter son expérience et ses cojones pour veiller sur cette équipe et prendre les choses en main quand on commence à les chahuter. C’était pour lui l’occasion de quitter le bondissant Half Man-Half Amazing loser qu’il a pu être pour enfin décrocher un titre. Il s’avère que Vinsanity est 100% un homme, avec ce que cela inclut de faiblesses. On en serait presque déçu.

18 mai 2010

Lamar Odom est dans le flow

Oubliez la prestation extraordinaire de Kobe Bryant et de ses 40pts. La contribution qui a fait pencher la balance du côté des Los Angeles Lakers est celle de Lamar Odom. L’apport du #7 a été décisif dans ce Game 1, remporté haut la main par les angelinos.

On savait Kobe Bryant rongé par une vengeance qu’il rumine depuis maintenant 3 ans et cette sèche élimination 4-1 au premier tour. A cette date, il faisait déjà équipe avec Lamar Odom. Il était à l’époque le numéro 2 de l’équipe, pour être maintenant attitré au rôle de 6th homme. Mais hier, LO est apparu de nouveau comme le lieutenant de Kobe.

Trop inconstant, trop passif… On n'y est pas allé de main morte pour pointer les défauts de Lamar Odom, sensé être celui qui allait, quasiment à lui seul, aider Kobe Bryant à retrouver les sommets. Au final, il a maintenant trouvé une place dans une rotation plus riche ; ce qui lui permet de minimiser ses faiblesses pour faire d’autant plus profiter ses partenaires de ses incroyables qualités.

Il ne faut pas aller chercher bien loin pour trouver la qualité première de Lamar Odom : 19rebs hier soir. Record individuel en PO, preuve que mentalement, il sait dorénavant répondre plus que présent dans les moments importants. Comme par exemple l’an passé lors d’un Game 5 crucial face au Jazz, où il avait aussi affolé les compteurs.


Lamar Odom a voulu d’entrée donner le ton. Cela s’est senti dès son arrivée sur le parquet. Débordant d’énergie et abattant un travail colossal, il a inscrit 7pts consécutifs, pour donner aux Lakers pour la première fois l’avantage au tableau d’affichage. LAL ne sera plus jamais rattrapé. Phil Jackson le dit souvent : l’Attaque en Triangle est une affaire de flow ; avec un Lamar Odom dans le rythme d’entrée, les Lakers n’ont que très rarement perdu. Cela est en partie dû à sa connaissance pointue du système offensif.

Autre caractéristique du bonhomme, c’est son profil physique très singulier. Il dispose d’une combinaison de vivacité et de taille tout simplement hors norme, ce qui lui permet de poser énormément de problèmes en match-ups. Ce combo lui a permis d’être le maître des rebonds hier soir, tant défensifs qu’offensifs. Et qui gagne la bataille aux rebonds gagne souvent le match.

De plus, il jouit d’une dextérité balle en main bluffante, digne d’un meneur pure souche. D’ailleurs, l’on aura remarqué que c’est souvent lui qui met en place les schémas offensifs des Lakers, ce qui permet à Derek Fisher d’être menaçant au tir longue distance. Couplé à sa moisson de rebonds, cela a fait que Los Angeles était maître absolu du tempo du match. Avant son arrivée, le match était parti sur un rythme plutôt débridé, une sorte de capharnaüm dans lequel se dépatouillaient mieux les Suns. Avec Lamar Odom aux manettes, les Lakers pouvaient à loisir accélérer ou ralentir le rythme, vu qu’il était souvent celui par qui débutait la relance et pouvait à sa guise remonter la balle vite ou lentement, par des dribbles ou une passe.


Et puis, pour finir avec cette panoplie de particularités physiques, l’on notera qu’il est gaucher. L’une des plus belles papattes gauche du circuit. En pénétration, il était juste inaretable face à des Amar’e Stoudemire ou Channing Frye incapables de contenir l’explosivité du Laker. La défense des Suns a été sérieusement démantelée par Lamar Odom (14pts en première mi-temps) avant que Kobe Bryant ne finisse le boulot en 3QT.

Encore plus que dans les autres séries, Lamar Odom a cette possibilité d’appuyer là où cela fait mal. Alors que face à certaines équipes, il anille une partie de leur projet de jeu (cf Orlando avec Rashard Lewis), il peut sur celle-ci créer de lui-même la différence. Cherchez comment vous comptez vous y prendre pour battre les Suns. Tout ce que vous avez besoin est concentré dans la panoplie de Lamar Odom.

Plus encore que posséder les clefs de l’accès aux Finales, Lamar Odom a montré hier qu’il disposait de cette faculté à combler n’importe quelle crainte qui peut entourer la santé d’Andrew Bynum.

15 mai 2010

Et pendant ce temps, à Vera Cruz…

Comme un fait exprès, il y a eu 3 sweeps. Cela a laissé la série Cleveland – Boston occuper seule le devant de la scène. On a eu l’impression que le monde s’est arrêté de tourner pile pour voir la débâcle des Cavaliers.

Plus que jamais, Lebron James mérite son statut autoproclamé de The King. Il a loin d’avoir été princier lors du Game 6, avec notamment 9 pertes de balles et un jeu plus que perfectible. Mais force est de constater que tout l’univers de la NBA gravite autour de lui.

C’est le fruit du travail méticuleux de son équipe, pour avoir fait chauffer le buzz depuis maintenant près de 2 ans. Avec la défaite de Cleveland –et donc le dernier match de The Chosen One jusqu’à la négociation de son prochain contrat- les premières digues sont ouvertes. Et quand on met sur le feu médiatique l’acquisition du joueur le plus doué de sa génération, forcement la soupape de pression doit s’ouvrir de temps en temps.

Durant ces derniers mois, même si l’euphorie autour de la free agency 2010 avait déjà pris des proportions énormes, limite inquiétantes, l’on était toujours ancré dans la réalité sportive des choses. Cleveland était un favoris pour le titre et a su l’assumer en saison régulière, ce qui a sans doute concentré les passions sur une échéance plus proche, à savoir le succès ou non du dit King James à glaner une bague.

Ce n’est plus le cas et donc il n’existe plus aucune variable purement sportive à prendre en compte. Tout ce qui va se passer jusqu’au début de la saison 2010-2011 sera marketing et fantasme. Plus rien d’objectivable ne pourra venir se mêler à la danse.

Ce qui peut vite devenir dangereux. On le sait, le sport a un aspect très passionnel. Voyez à quel point des fans de Utah, sans doute au demeurant très charmants, sont à la limite du correct quant il s’agit de parler de Derek Fisher, ayant quitté le Jazz pour Los Angeles afin que sa fille suive un traitement hospitalier adapté. Voyez, dans l’autre sens, à quel point les mouvements de foule sont spontanés et animés pour célébrer la victoire de l’équipe locale. L’amour du jeu.

Sauf que là, nous nous trouvons dans des proportions énormes. On parle de redessiner la carte des forces en présence dans l’une des ligues de sport majeures aux Etats-Unis, qui plus est celle qui s’exporte le mieux. Certes, depuis quelques années maintenant, le business s’est invité dans le sport, avec notamment les sponsors. Mais cela restait un jeu.


Ici, l’on traite avec quelque chose qui va bien au-delà du sport. C’est du serious business. Loin, très loin du modèle économique du Real Madrid avec ses galactiques footballeurs. Il est hallucinant d’essayer de voir quelles peuvent être les répercutions du choix d’une personne sur un nombre incalculable de vies. Mais quand on dit une personne, c’est symbolique, mon côté dramaturge qui ressort. Derrière Lebron James, on l’a mentionné, il a une équipe. Agent, conseillers et autres vampires qui viennent se partager une part du gâteau.

Pour prouver à quel point les discussions entourant l’avenir de Lebron James sont lourdes de conséquences extra-sportives, nous n’avons qu’à nous reporter à sa conférence de presse post-Game 6. Alors qu’il vient d’être éliminé de la course au titre, en n’ayant pourtant jamais été aussi bien entouré, LBJ mentionne son équipe de conseillers plutôt que ses coéquipiers.

Pourtant, c’était l’occasion de gagner son premier titre, au même âge de Michael Jordan. Pour pousser plus loin la comparaison, lui aussi aurait pu, pour se faire, se débarrasser des Lakers et de leur capitaine emblématique ; c’était Magic Johnson pour MJ, ça aurait pu être Kobe Bryant pour LBJ. Le premier a pleinement lancé le basket dans le business, le second pousse encore plus cette logique.

Quelque part, Lebron James s’est peut-être fait prendre à son propre piège. Il a joué avec les médias et les fans pendant des mois, laissant planer le doute sur sa future destination. Sans doute n’a-t-il aucune idée véritable sur la question, mais il a pris un malin plaisir à ce que cela prenne des proportions énormes. Peut-être a-t-il réalisé l’ampleur de la décision à prendre, à mesure que l’échéance s’est rapprochée.

Car rejouons la scène médiatique de cette série. Après le Game 2, l’on a questionné l’engagement des Cavaliers, Lebron James est arrivé avec une prestation énorme au match 3. De mémoire, jamais l’on a vraiment parlé de l’avenir de The Chosen One après la déroute du Game 2. Par contre, on les a sentis prenables après le Game 4 et soudainement, ce match 5 pouvait bien être celui de Lebron James à la Q Arena. Idem pour le Game 6 où cela aurait pu –et pourrait bien être- le dernier avec l’uniforme des Cavaliers. Jamais la perspective de voir Lebron James free agent n’a été aussi proche et jamais Lebron James n’est autant passé à côté, mentalement, de ses matchs.

Ca a été flatteur pour l’ego jusqu’à ce que cela fasse peur. Lebron James est arrivé directement du lycée, il n’a donc pas connu le fait que toutes les universités du pays lui fassent les yeux doux. Il n’a pas eu à faire ce choix. Pour la première fois de sa vie, il doit faire ce genre de choix. Ce ne sont pas quelques universités qui mettent en avant leur campus, résultats, plaquettes et filles sexy à l’appui. Ce sont les plus grosses villes du monde, avec en ligne de mire une légende à construire.

Michael Bloomberg est sûr que le Madison Square Garden est la scène où LBJ pourra s’épanouir pleinement. Barack Obama est persuadé que le maillot des Bulls lui irait très bien au teint. C’est quand même d’autres proportions que Rama Yade qui demande la démission de Raymond Domenech pour essayer de gagner quelques points dans les sondages.

Pour le meilleur joueur de sa génération, on peut penser qu’une bonne vingtaine d’équipes vont tenter sérieusement de se mettre sur les rangs. On peut dire que New York, New Jersey, Miami, Chicago misent beaucoup de leur avenir à court et moyen terme sur la possibilité d’accueillir mister ‘Bron. Johnny Wall, John Calipari, Team USA,…. Rien n’est trop beau pour être instrumentalisé pour tenter de faire venir Lebron James. Normal pour quelqu’un habitué dès son adolescence à ce qu’on ne lui refuse rien, au titre de son incroyable talent.


Mais ces quelques équipes peuvent avoir recours à un plan B. Certes, peut-être pas aussi royal, sans doute moins synonyme immédiat de titres, incontestablement moins glamour. Mais de quoi bâtir. Par contre, il en est une qui fait un gros all-in sur cet été. Cleveland bien entendu. Le roster n’a aucune inertie, plombé par les contrats d’Antawn Jamison, Mo Williams, Anderso Varejao. Lebron James qui part et l’équipe est tout juste bonne pour la seconde moitié de tableau. Ce départ serait un véritable crève-cœur pour toute la communauté. Lebron James était l’étoile locale d’une région considérée comme bouseuse. L’espoir pour une ville privée de titres sportifs depuis d’innombrables années. Le gamin du pays signifie tant pour toute une communauté privée de reconnaissance nationale. Lebron James le sait, il a grandit avec la volonté de faire exister Cleveland sur la mappemonde sportive.

Pour accomplir ce dessein, il n’y a vraiment que LBJ. Si il part, s’il pense que de changer d’air lui sera plus profitable que de rester au bercail, qui viendrait compléter le roster ? Quel grand nom viendra se risquer à tenter le coup avec un roster que le King himself n’a jamais su transcender ? Si l’attachement nostalgique ne retient pas LBJ, en quoi cette région serait plus attractive pour un autre free agent, à l’heure où des autres gros projets se bousculent au portillon ? Car avec Lebron cédant à une sirène, il restera quelques franchises huppées qui n’auront pas su saisir l’occasion et qui compteront bien se racheter.

Le départ de Lebron James, c’est l’effet domino en action. Dès qu’il bougera, cela créera un mouvement presque de panique des autres GMs, qui ne veulent pas être connus comme étant ceux qui ont raté l’été le plus fou de l’histoire de la NBA. Rappelez-vous le trade de Pau Gasol, suivi de ceux pour Jason Kidd et Shaquille O’Neal. Steve Kerr a récemment admis que ce dernier échange a été précipité par l’acquisition des Lakers. Imaginez les proportions que cela va prendre lorsque l’on va parler non plus de peaufiner des équipes, mais bien de bâtir des challengers quasiment de toutes pièces avec des tas de franchises hargneuses sur le marché.

S’il reste, cela amoindrit considérablement l’effet casino. En ne bougeant pas, et même si l’effectif l’entourant a montré certaines limites, cela fait que Cleveland reste dans la course, dans le paysage et donc, qu’avec des franchises comme LAL, Orlando elles aussi bien en place, le centre de gravité de la NBA ne changera pas tant que cela. Parmi tous les autres grands noms, aucun n’étaient membre d’une équipe qui pouvait prétendre au titre : l’été 2010 accoucherait sans doute alors de l’émergence d’une nouvelle équipe et du renforcement réel d’une voire deux autres, contrebalancé par certaines qui marqueront un peu le pas. Certes, c’est toujours un changement de poids, mais pas si big-bangesque que si Lebron mettait le feu à la scène nord-américaine toute entière.

Mettre le feu, donc tant sur les parquets qu’en dehors. Depuis l’élimination des Cavaliers et confortés par les fans des C’s scandant « New York Knicks » pour charrier Lebron James/les fans des Cavs, l’achat d’abonnements pour le Madison Square Garden l’an prochain ne s’est jamais aussi bien porté. La plupart des intéressés mettent en avant, plutôt que le plaisir de voir jouer une megastar sous leurs couleurs fétiches, les prix exponentiels que peuvent atteindre ces billets si jamais un messie venait débouler du côté de NYK. Quand on vous dit que c’est bien plus que du sport, cette histoire.

14 mai 2010

Coups de balai sur les playoffs

Les "sweep", séries remportées 4-0 en playoffs sont d'ordinaire assez rare en NBA. Sauf que cette année, 3 des quatres demi-finales de conférence ont vu un coup de balai faire le ménage vers les finales de conférence : 3 sweeps qui obligent les équipes à rester près d'une semaine sans jouer avant de commencer ces fameuses finales.

Alors à quoi sont dues ces contre-performances, ces écarts de niveau ? Le favori était-il trop fort ? L'outsider était-il loin du niveau qu'il a atteint en playoffs ? Tentative d'explication pour sauver une fin de saison qui finit très mal !

13 mai 2010

Lebron James : à notre tour

Les Celtics ont pris l’avantage 3-2, après un dépeçage en règle sur le parquet de Cleveland. Une défaite d’une telle ampleur qu’elle a amplifié les doutes que nous avions soulevé quelques heures plus tôt.

Depuis, c’est donc un exercice rituel auquel chaque bloggeur qui se respecte doit se plier : avoir un avis, le plus tranché possible, sur le Game 5 de Lebron James et, par un parallèle parfois douteux, sur l’entièreté de sa vie et de son œuvre. A notre tour de nous y coller.

La première chose que l’on voit, c’est bien entendu la ligne de stats indigne du bonhomme : 15pts à 3-14 aux tirs. Oh, et 6rebs et 7asts, mais c’est plus pratique de ne lire que les points. Après des années de «La NBA n’est pas qu’une ligue de superstars où le scoring personnel est primordial », ça fait tâche d’oublier que le Choosen One a un niveau de rebonds et de passes plus que correct.

Et puis, après que Rajon Rondo les ait fait tourner en bourrique au Game 4, il fallait stopper l’hémorragie. Le King s’est donc attelé à rendre le feu follet des Celtics tout à fait inefficient en première mi-temps. On pourra pointer Mike Brown pour ne pas avoir chamboulé sa rotation pour l’occasion, mais ça nous a donné du Anthony Parker sur Paul Pierce. The Truth s’est fait plaisir comme jamais dans cette série, et l’on se demande si Jamario Moon n’aurait pas été plus pertinent.


Mais certes, Rajon Rondo a eu un impact important en seconde mi-temps. Et c’est tout l’apport défensif du King qui est à pondérer. Déjà, on signalera qu’il est honteux que le garçon soit en All-Defensive Team alors que des Ron Artest n’y figurent pas. On signalera non sans malice que ceux qui ont permis ce hold-up médiatique qui a été de faire admettre que Lebron James soit un défenseur de haut vol (si on se place à échelle comparable, il a reçu plus de votes que Kobe Bryant), sont ceux qui l’ont descendu en règle dès la fin du 3QT du Game 5. Rajon Rondo a su montrer son intelligence de jeu : il a profité de l’attention particulière qu’il bénéficiait pour permettre à ses coéquipiers de rentrer dans leur match facilement. 16pts 7asts et une gestion incroyable. Dire qu’on avait peur il y a 2 ans qu’il soit celui qui fasse capoter l’expérience Big Three.

Mais revenons à nos moutons. Façons de parler, hein, n’allez pas croire que c’est une pique déguisée envers certains confrères, plutôt américains d’ailleurs, qui se sont engouffrés dans une brèche alarmiste. 3-14, c’est vrai que c’est laid. Même avec une blessure au coude, que je suis le premier à considérer avec scepticisme quant à sa gravité réelle, il y a des shoots qu’il ne lui ressemble pas de manquer. Derrière, avec une défense gluante comme celle des Celtics, si l’on n’arrive pas à mettre en route avec quelques spots bien choisis, c’est difficile de rentrer dans le rythme. Et puis merde, Lebron James est humain. Il a bien le droit d’être moyen sur un match, aussi important soit-il.

Sauf que voilà, il ne semble pas avoir mis beaucoup d’ardeur à ne pas être moyen. On pointera son body language. Autant ce genre de truc est d’une mauvaise fois sans nom quand il s’agit d’interpréter un signe à la volée. Mais là, autant d’éléments sont carrément troublants. Les temps-morts passés à regarder vers le ciel, les altercations entre Cavs et C’s où le King d’habitude si prompt à montrer son leadership s’est effacé, la perte de cette aptitude à aller créer la brèche en pénétration et à être agressif en toutes circonstances. Un regard livide, là où l’on devrait y trouver la flamme et la rage de vaincre ; la même passion dans ces yeux que lorsqu’il claque un dunk ravageur en contre-attaque lors du 4QT d’une correction sévère des Minnesota Timberwolves.

On est face à un surdoué pour qui tout à été facile. Il y a le don initial, ce qui pourrait agacer ; mais il y a aussi un sacré travail derrière. Rien que pour être tanké comme ça, il faut y aller ardemment. Après, tout s’enchaîne, le numéro 1 de la draft, les MVP, le coup du premier sportif milliardaire, les pubs Nike avec une Nicole Scerzinger sexy en diable. Tout y passe. Le fait est que ce n’est jamais le surdoué promis à la victoire au premier prime qui remporte finalement la Star Nouvelle Star ; il se fait toujours coiffer au poteau par quelqu’un avec un peu moins de talent mais qui trime sévère et arrive à « nous transporter dans un univers erotico-dramatique » comme aurait dit Andre Manoukian pour expliquer pourquoi Lio pleure à chaudes larmes.


Lebron James n’a pour l’instant pas la rage qui pousse à se sublimer. Ce besoin vital de gagner qui a poussé les plus grands à mettre leurs trippes sur un parquet. Cette volonté qu’on eu les plus grands champions de ce sport, dont Shaquille O’Neal. Si vous cherchez le nom d’un Cavalier qui a surnagé dans la déroute du Game 5, le voilà. Ce n’est pas « son » équipe, il a été affublé d’un rôle ingrat pour son statut tout au long de la saison et pourtant, c’est lui qui a porté les Cavs sur son dos sur ce match. Alors, certes, les jambes sont plus lourdes qu’avant, les mouvements moins fluides et cela n’a été finalement qu’un frisson dans la peinture de Cleveland. Mais force est de constater que le Shaq a toujours su mettre le diesel en route une fois les PO venus. Parfois cela prenait un peu de temps, mais à chaque match important de PO, on a vu ce regard et l’on s’est tous fait cette remarque « Ca y est, il s’est réveillé »

A aucun moment Lebron James n’a donné l’impression de se réveiller. Dans ce match-ci comme dans le précédent ou encore le Game 2. On peut avoir un mauvais match. Il en a déjà eu et on pourra rappeler qu’une aussi piètre performance au Game 1 face aux Celtics en 2008 n’a pas empêché des Cavs moins bien lotis de remporter la série. Mais mettre aussi peu de cœur à l’ouvrage pendant plus de la moitié de la série, c’est à la limite de la faute professionnelle pour un joueur de son statut.

C’est d’autant plus alarmant que de très nombreux destins gravitent autour de Lebron James. Une image restera gravée : on voit Lebron James et le propriétaire des Cavs dans le couloir en direction des vestiaires juste après le buzzer final ; on les voit de dos, ensemble mais se dirigeant vers des directions différentes. Ne vous inquiétez pas, elle sera abondement ressortie pour illustrer les articles estivaux concernant la free agency de Lebron. C’est toute l’organisation de Cleveland qui vacille, car chacun d’entre eux à son destin entre les mains du bon vouloir du King James. La ville entière, où c’est vrai que c’est un peu la zone niveau choses intéressantes à faire, est suspendue à la décision de Lebron James. Et alors que ce dernier s’amuse à un jeu limite fétichiste avec les médias, les fans ont des haut-le-cœur. Et c’est comme ça que cela doit se finir pour eux ? Les deux derniers matchs à domicile de leur star seraient ces deux débâcles où leur chouchou a à peine combattu avant de lâcher les armes ? Une frustration qui s’est traduite par des sifflets nourris.

Honteusement, je reprends cette métaphore, qui m’a bien plu : Lebron James court après les standards de Jay-Z plutôt qu’après ceux de Michael Jordan. Le plus ubuesque était sa conférence de presse post-Game 5, où le Choosen One a déclaré qu’il n’avait réalisé que 3 mauvais matchs dans sa carrière, et qu’on pouvait bien lui lâcher les baskets, car de toutes façons il reste un match 6 et un potentiel Game 7. Une décontraction, allez j’ose même dire une arrogance, qui tranche avec les standards dont nous ont habitué les grands champions. On savait qu’après un match en demi-teinte, l’adversaire direct de Michael Jordan allait prendre très, très cher pour le match suivant. Puisqu’ils sont liés par Sa Majesté Nike, parlons de Kobe Bryant. Rappelez-vous la Finale perdue contre les Celtics : après le Game 4, on avait tous senti que les Lakers avaient clairement laissé passer leur chance ; pourtant, malgré la supériorité affiché par les C’s, il ne faisait aucun doute que LAL allait quand même gagner son dernier match à domicile. A la question pourquoi, on répondait simplement « Kobe Bryant ».

Face à ces même Celtics, Lebron n’a pas affiché le dixième de la détermination de son rival deux ans plus tôt. Pourtant, hier, ce Game 5 n’était pas pour l’honneur, c’était pour prendre la main sur la demi-finale. C’est face à des Celtics plus vieux et moins capables de contenir la puissance de Lebron.


La formule paraît simple et ce billet peut paraître donneur de leçon. Ce phénomène journalistique concernant Lebron est saisissant. Comme le faisait remarquer un confrère, on était déçu pour Kevin Garnett que ses Wolves n’aient pas su aller au bout, pourtant le bonhomme avait déjà tendance à jacasser. Pourquoi tant de haine envers Lebron ? Certes pas de la haine, mais un certain plaisir affiché à très rapidement démonter le piédestal sur lequel ces même journalistes ont contribué à le placer.

Le garçon est tellement débordant de facilité qu’on se dit tous que si on avait été aussi gâté, on aurait su en faire meilleur usage, on aurait eu la décence de l’utiliser pleinement. C’est comme dans ce roman où le héros est amoureux d’une actrice, mais qu’à force de la fréquenter il se rend compte qu’il est uniquement éperdu de son rôle sur scène et qu’aussi jolie soit-elle, elle n’est belle à ses yeux que dans son rôle au théâtre.

Jeudi 13 mai 2010, Lebron James a rendez-vous avec son destin à Boston. A l’issue de ce match, on verra de quoi est fait The King. Peut-être verra-t-on le champion que l’on a deviné et espéré, ou peut-être que l’on s’était fourré le doigt dans l’oeil. Ca tombe bien, l’autre truc à la mode en ce moment sur les blogs de basket, c’est de poster une photo de Steve Nash en casant un jeu de mots.


10 mai 2010

Des doutes autour des Cavaliers

2-2. Pas de quoi paniquer, certes. Cela devient une série au meilleur des 3 matchs, avec deux réceptions dans l’Ohio. Les Cavaliers ont gagné l’avantage du terrain et leur confère un certain matelas de sureté. Mais quand même…

Peut-être que le fait que les autres demi-finales soient moins disputées rend les choses plus dramatiques. Mais toujours est-il que le grand favori ne dégage pas cette sérénité qu’on pouvait attendre de lui. Cleveland bataille sévère face aux Celtics, ce qui pour les fans et observateurs, ne laisse pas forcement présager du meilleur au moment d’affronter le rouleau compresseur Orlando. En supposant que Cleveland arrive à se qualifier.

Avouons-le, cette série contre les Celtics n’était pas sensée déchaîner autant les passions. Mais la rage des Celtics a transformé cette série en vrai affrontement. Beaucoup avait parié sur un 4-2 et sont toujours tout à fait en course. Mais plus que le résultat final, ce sont la façon dont les évènements se déroulent qui nous intéresse ici.

On vient d’en parler, les C’s affichent sur cette série leur volonté et leur rage de vaincre. On sent dans cette équipe la conviction profonde que, malgré ce qu’en disent les bookmakers, ils peuvent monter sur la plus haute marche du podium. Une gnac et détermination terribles qui, allez j’ose, font parfois un peu sur-jouées. Mais pour le coup, ça n’en contraste que d’autant plus avec l’attitude des Cavaliers.


On s’était inquiété après le Game 2, gagné assez facilement par les Celtics à la Q Arena. Les Cavs s’étaient fait mangé en intensité. Un peu comme au Game 1, la montée d’orgueil de la seconde mi-temps en moins. On questionnait alors le mental des Cavs, face à une équipe à la détermination d’acier et au cœur de champion (vous savez, celui qu’il ne faut jamais sous-estimer). Est-ce que Cleveland pouvait assumer le rôle de favoris face à des équipes à peine moins fortes qu’elle ? Dans l’histoire récente, on voit des sweep faciles, des série en outsiders cherchées à l’arrachée et des désillusions de favoris (cf l’an passé). L’équipe de Cleveland sait qu’elle a les capacités pour passer outre les Celtics sans trop de débat, mais semble incapable d’enfiler le bleu de chauffe pour faire le travail.

Et puis, il y a eu le Game 3, que les Cavs ont remporté, là aussi assez facilement, au TD Garden. Lebron James a été aggressif et a assumé son rôle de leader –et son tout frais titre de MVP- dès les premières minutes, histoire de donner le ton. 21pts pour lui dans le seul 1QT, pour creuser un écart que Boston n’arrivera jamais à refaire. Il paraissait serein et tout sauf alarmiste lors de la conférence de presse quelques jours plus tôt, dans un style qui rappelait ses déclarations pendant la série face au Magic l’an dernier.

A cette occasion, on a noté que Lebron James n’était pas forcement sur la même longueur d’onde que son coach Mike Brown. Lui d’habitude assez réservé a poussé une véritable gueulante en conférence de presse, fustigeant son équipe et n’hésitant pas à donner des noms ; tout le contraire de son style habituel. Et donc là où cela devenait particulièrement intéressant, c’est que son discours tranchait avec celui de son capitaine. On va dire que ce genre de distension n’est jamais bon. Surtout quand elle se reproduit une nouvelle fois après le Game 4.

Certes, pour ce quatrième match, il y a eu l’énorme Rajon Rondo que vous a –superbement- décrit Zeze. Mais les Cavaliers ne sont pas tout blanc dans l’affaire. A commencer par Mo Williams, vu que c’est l’adversaire direct du héros du soir. Une fois encore, Mo Williams passe au travers et n’arrive pas à se mettre au niveau des PO, après un premier tour passable. Il a été un grand artisan de victoires-phares lors de la saison régulière (comme celles face à LAL) et nul doute que Cleveland n’aura véritablement ses chances qu’avec une menace extérieur fiable. Or, ce n’est pas le cas. Tant en défense qu’en attaque.


Les autres lieutenants du King n’arrivent pas à se mettre au diapason. On ne voit personne capable de sortir une prestation solide en relai du Choosen One. A la différence du roster des Lakers ou du Magic où l’on perçoit plusieurs menaces fiables. Antawn Jamison essaie de tirer son épingle du jeu, mais sa défense juste correcte n’en fait pas une solution idéale. Et puis, il y a le cas du Shaquille O’Neal avec qui Cleveland n’arrive toujours pas à jouer. Il est finalement cantonné au rôle d’intimidateur dans la raquette, ce pour quoi il n’a pas la vivacité nécessaire. Résultat, il est hier sorti rapidement pour 5 fautes, pour ne plus revenir sur le parquet pendant le 4QT. On notera que c’est là que l’écart s’est vraiment fait pour les hommes en vert.

Nous sommes de grands sceptiques concernant la qualité intrinsèque de Mike Brown en tant que coach, et ils sont nombreux dans ce cas au sein de la blogosphère. Tactiquement, on le sent en-dessous et peu capable de s’adapter à, par exemple, une équipe où le danger vient d’à peu près partout comme ça peut être le cas du Magic. Mais ça, on l’a tous noté depuis un certain temps, ce qui nous a bien fait rire au moment de le désigner comme meilleur coach, l’année où il a fallu faire patienter Lebron James pour que Kobe Bryant ait enfin un trophée de MVP bien à lui. Mike Brown faible tactiquement, c’était bien enregistré mais ça n’a pas empêché de placer Cleveland comme favoris à la course au titre. Mais où cela devient plus inquiétant, c’est que les quelques contradictions en interviews d’après-match feraient sentir que tout ne passe pas bien entre le coach et son équipe.

On a eu l’explication : si Lebron James paraissait si surpris quand on lui a dit dans quelle colère noire son coach était entré en conférence de presse, c’est parce que ce dernier s’était réservé pour les journalistes, comme pour protéger son groupe à qui il avait peu laissé transparaître ses états d’âme juste après le match. Si tout le monde semble s’en satisfaire, je pense personnellement que ça peut être une cause du laxisme royal qui règne chez les Cavs et qui leur a coûté 2 matchs. L’osmose est loin d’être parfaite ; et même si la qualité des joueurs permet de s’en sortir sans trop de gravité jusque là, cela parait bien être le crash dès que l’on va rentrer dans le dur.

Pour finir, évoquons le cas du double-Mvp en titre. Car lui aussi a sa part de responsabilité. On va commencer avec la fameuse histoire de son coude. Personnellement, je reste quand même assez sceptique sur cette blessure dont on ne saurait dater précisément l’origine. Pour moi, cela ressemble plus à une sorte de crise de jalousie, une grosse amplification de la vérité pour ne pas que son rival médiatique soit le seul super-guerrier à sortir des grosses prestations en étant blessé. Enfin, blessure grave ou pas, le King semble affecté, sans doute d’avantage mentalement. On l’aura senti plus hésitant et moins tranchant par moment. Il n’a plus cette facilité à créer des brèches. Et puis, au-delà de cela, à mesure que ses partenaires n’arriveront pas à le seconder, on commencera à mettre en doute ses capacités de leader. Il y a bien un moment où on lui dira qu’il ne sait pas impliquer ses coéquipiers. On savait que c’était un phénomène. Mais un leader ? A lui de le prouver.

Le Chosen One était côté Celtics

Lebron James est habitué aux triples-doubles, aux performances stratosphériques qui propulsent son équipe vers la victoire. Mais cette nuit, le talent de King James a été éclipsé par la performance du petit meneur des Celtics : Rajon Rondo. Rondo, le chef d'orchestre explosif d'une équipe vieillissante, est la satisfaction majeure de la saison des Celtics avec la santé de Kevin Garnett. Il a montré cette nuit qu'en plus d'être un chef d'orchestre de talent, il peut prendre le jeu à son compte pour mener son équipe loin, très loin.

Dans cette série qui oppose les rivaux de Boston et Cleveland, et où les duels sentent bon le physique, la hargne et un côté un peu "sale" - qui faisait la joie des fans NBA des années 90' mais qui a disparu au profit d'une ligue un peu plus aseptisée - les deux équipes semblent se rendre coup pour coup, et ont l'air bien décidé à faire durer les combats jusqu'à la victoire par KO.

8 mai 2010

Joe Johnson et les Hawks peinent à prendre leur envol

Atlanta est d’ores et déjà dans l’obligation de gagner, après avoir ramené deux lourdes défaites dans leurs valises. La série les opposant à Orlando arrive donc à la Philips Arena, véritable fief où les Hawks aiment se retrouver.

Home Sweet Home : c’est ce qui leur a permis il y a deux ans de pousser les futurs champions à un Game 7 au premier tour. Idem l’an dernier face au Heat. Avant de prendre littéralement l’eau au second tour face au bulldozer de Cleveland. Cette année, Atlanta espère que ce retour à la maison marque le véritablement commencement de leur demi-finale de conférence.

Car l’enjeu est quand même de taille. Atlanta monte petit à petit dans la hiérarchie de la conférence Est et cette belle dynamique pourrait bien être brisée par un nouveau sweep au second tour. Cette saison, à l’occasion de quelques victoires plutôt probantes, l’on commençait à donner un peu de légitimité aux Hawks dans leur quête de finale, au moins celle de la conférence Est. Au cours de ces dits matchs, JJ a su faire parler la poudre avec un beau sang froid en 4QT.


On l’a vu dans les deux premiers matchs face au Magic, c’était sans doute un peu tôt pour cela. Autant le dire tout de suite : sur ces deux premiers matchs, l’on a bien vu que le Magic était meilleur. On a tout simplement vu qu’il y avait une classe d’écart. Néanmoins, les Hawks ne peuvent pas se permettre de repartir avec un 4-0 dans la musette. Et ils doivent commencer à chercher des solutions et des pistes pour enrayer cela. Peut-être que c’est fataliste, peut-être que c’est aller trop vite en besogne, mais je me place déjà dans une perspective plus large que la série.

Car en regardant le Game 2, on se dit que, dans l’état actuel des choses, les Hawks se sont donnés le plus de moyens possibles de remporter un match de PO à l’extérieur. Ils n’étaient menés que de 1pt à l’entame du 4QT (à cause d’un shoot au buzzer de Jameer Nelson), ont été quasi-parfait sur la ligne des lancers-francs avec 30-31. Et pourtant, le match semblait définitivement hors de leur portée dès le milieu du dit 4QT.

Al Horford a apporté 24pts et 10rebs. Ils ont été 4 pivots à se relayer pour contenir Dwight Howard. Certes Superman a été plus adroit qu’à son habitude, mais si ce n’était que cela. On peut se pencher sur le début du 4QT, où donc le Magic a pris une avance décisive. En attaque, Orlando a appuyé massivement sur une seule et même technique : le bon vieux pick’n roll des familles. Atlanta n’a trouvé aucun moyen pour contenir le duo Dwight Howard-Vince Carter dans cette exécution.

De l’autre côté du terrain, le constat est le même : les Hawks sont dans le dur. Les problèmes qu’on pouvait noter préalablement apparaissent très clairement. Aucun mouvement collectif, la balle est désespérément morte. A part Jamal Crawford, habitué à tirer son épingle du jeu dans ce genre de situation (cf les derniers clubs où il a joué), personne ne semble avoir les épaules pour assumer l’attaque. Forcement, ça devient vite problématique.


Mike Bibby n’arrive donc pas à mettre en place des schémas de jeu, Marvin Williams n’a pas assez d’amplitude. Josh Smith est toujours aussi frustre en attaque. Rappelons que son matchup est Rashard Lewis et qu’il est inconcevable qu’il n’arrive pas plus à contribuer d’avantage que ses 16pts.

Mais le plus ciblé est bien entendu Joe Johnson. Il a grandement pris part au renouveau d’Atlanta, mais semble totalement impuissant au moment de faire passer un nouveau palier à son équipe. Jamais il n’a su répondre présent en PO. Ces stats décevantes face à Milwaukee le prouvent. Vous pourrez à votre gré trouver d’autres illustrations en fouinant du côté des archives. C’est d’autant plus intéressant à souligner qu’il sera free agent cet été, et qu’il a la prétention de signer un contrat maximal. Sauf que pour le moment, il n’a pas fait ses preuves là où les stars répondent présents : les playoffs.

Dwayne Wade n’a pas autant de qualité autour de lui, Dirk Nowitski s’est déjà fait sortir, Carlos Boozer a eu une contribution plutôt solide. La question pour lui n’est même pas d’aller loin ou pas, c’est de réussir à mettre son équipe dans les meilleures conditions possibles. Et ses contre-performances sont justement la raison principale pour laquelle les Hawks ne semblent que peu exister en ce moment.

Mais ils le savent : ils ont deux matchs à la maison pour transformer cet affrontement en série disputée. Ce qui permettrait de ré-hausser la côte à la fois des Hawks (surtout que l’on parle d’un retour de Josh Childress) et de leur capitaine. Pas impossible quand on connait la folie de ses gars une fois portés par leur public.

7 mai 2010

Un nouveau jour se lève pour les Suns

C’est plus qu’une finale de conférence qui se joue pour les Suns. Après avoir été sorti 4 fois de la course au titre par les Spurs de Tim Duncan, ils ont aujourd’hui une belle opportunité de se venger de leur bête noire. Au menu : une avance de 2-0 et des perspectives plus resplendissantes que jamais.

A la lumière de cette série contre San Antonio, l’on constate l’évolution des Suns. On s’est enthousiasmé pour la « Seven Seconds or Less-era » de Mike D’Antoni, en croyant que cela pourrait suffire pour faire un coup en PO. On s’est fustigé à l’encontre d’un changement vers un profil moins glamour, mais qui s’est avéré tout aussi peu efficace en matière de réussite en post-season. Et puis, il y a maintenant…

On se souvient de l’été dernier. Shaquille O’Neal a été échangé contre quelques peccadilles, aveu ultime que le staff s’était bel et bien planté sur ce coup. On s’est étonné de voir Steve Nash et Grant Hill resigner aux Suns.Ils ont rempilé, certains d’avoir les armes pour ramener le trophée Larry O’Brien en Arizona. Drôle d’idée, se dit-on, surtout quand on voit le roster et que l’on considère le discrédit dont jouit le front office.

Bien entendu, le plus frappant réside dans le dénigrement populaire du travail de Steve Kerr. En effet, ses deux décisions d’envergure (recruter Shaquille O’Neal et choisir Terry Porter comme coach) ont été de vrais fiascos. Pourtant, on peut lui donner raison sur le fond : avec la recette D’Antoni, les Suns n’étaient pas les mieux préparés pour aller glaner un titre. Car il ne faut pas oublier que leur style flashy les rendaient forts sympathiques, mais qu’en y regardant de plus prêt, il est vrai que cette équipe comportait quelques lacunes quasiment disqualificatives.


C’est alors que la solution Alvin Gentry est arrivée. Il a lâché la bride offensive, laissant ses ouailles s’éclater sous la tutelle d’un Steve Nash toujours aussi explosif. Mais derrière, il a instauré une vraie rigueur défensive. L’équipe peut maintenant avoir la prétention d’effectuer des stops défensifs lorsque la situation devient tendue. Pour cela, il a fallu travailler en profondeur. A l’âge de 37 ans, l’on a jamais vu un Grant Hill aussi impliqué en défense ; c’est même lui qui se coltine chaque soir l’arrière le plus dangereux de l’équipe adverse, avec une certaine efficacité.

Mais tout ceci n’a pas été simple. Alvin Gentry a su élever la voix lorsque cela était nécessaire. Amar’e Stoudemire peut en témoigner. Lui aussi a montré une détermination en défense qu’on ne lui connaissait pas. C’est un point sur lequel le nouveau coach tranche avec Mike D’Antoni : ce dernier était pour la paix sociale et n’avait jamais de mots durs pour ses joueurs. Alvin Gentry a été clair et déterminé dès le début du camp d’entrainement, et n’a pas jamais mâché ses mots lors des entrainements et des débriefings vidéos. Etre suffisamment dur pour pouvoir extraire le maximum de ses troupes, voilà l’idée.

Le second point sur lequel la mentalité des deux coachs divergent, c’est la question de la rotation. Mike D’Antoni était connu pour raccourcir drastiquement ses rotations une fois les choses sérieuses arrivées. Alvin Gentry ouvre d’avantage. Cela permet de reposer les titulaires, comme par exemple sur le Game 2 où Steve Nash n’est entré qu’au milieu du 4QT pour mieux sceller le sort de la rencontre en fin de match. Les remplaçants arrivent à trouver leur rythme et contribuent tous de façon positive à la marche en avant de l’équipe. Sur cette série, ce sont les nouvelles perspectives ouvertes par le banc qui permettent à Phoenix d’être devant. Channing Frye a fait sortir Tim Duncan de la raquette avec son adresse extérieure, ce qui a posé d’infinis problèmes à la défense des Spurs ; Jared Dudley a pu contenir l’explosivité de Tony Parker, ce qui a ralenti l’attaque de SAS. Ces deux bonhommes ont été déterminants dans la victoire de leur équipe, car ils en ont eu l’opportunité. Il faut aussi noter que c’est la second unit qui a ramené les Suns dans le match après un 1QT très moyen de la part des titulaires.


Channing Frye a été sans doute la meilleure acquisition de l’été dernier. Jared Dudley a été récupéré dans l’échange qui a envoyé Raja Bell et Boris Diaw à Charlotte et a vu venir Jason Richardson en Arizona. Goran Dragic et Rubin Lopez ont vu leur temps de jeu exploser après une saison rookie assez chiche. La dynamique de relance des Suns a été un peu anonyme, mais éclate au grand jour.

Gagner de façon assez solide face aux Blazers décimés par les blessures a été une chose. Mais la façon dont ils maitrisent cette série face aux Spurs en est une autre. Jamais, avec Tim Duncan revêtant la tunique blanche et noire, Phoenix n’a gagné deux matchs de suite en PO contre San Antonio. Plus que la fin d’une ère du côté du Texas, cela sonne l’avènement de nouveaux Suns. Avec une base plus solide, Phoenix apparaît plus serein. Alors que les derniers affrontements ont été placés sous le signe d’une rivalité assez aigue, cette série se joue sur un climat d’apaisement. En point d’orgue, l’on trouve l’amitié et le respect mutuel que l’on trouve entre Alvin Gentry et Greg Popovich.

Des Suns tellement sereins qu’ils ont gagné le Game 2, malgré un tir à 3pts de Tim Duncan. Pour faire simple : il en a mis 2 dans sa carrière. Le premier il y a 2 ans, lors du premier match des PO pour arracher la prolongation puis le match. Le momentum des Spurs étaient magnifiquement lancé, alors que leurs adversaires n’ont plus se défaire de ce goût amer de frustration et étaient un peu sonnés pour le reste des hostilités ; San Antonio passera assez facilement cette série. Ah oui, les adversaires en question, c’était les Suns, pour la dernière série de PO avec Mike D’Antoni et sa cravate orange. Comme un symbole, deux ans plus tard, Phoenix a encaissé sans broncher.

3 mai 2010

Où est passé le Sheed ?

Novembre 2009. Tout le monde sentait que l’arrivée de Rasheed Wallace du côté de Boston était un bon coup. Son jeu devait conférer aux schémas de Boston une nouvelle dimension et son caractère de feu allait de paire avec la mentalité saignante des C’s. Bref, avec Sheed dans leurs rangs, les Celtics pouvaient de nouveau faire trembler la ligue.

Et puis, tout au long de la saison, ce sentiment s’est clairement effiloché. Exit le 6eme homme capable de porter son équipe un peu plus haut. Le joueur semble d’avantage subir le jeu qu’autre chose. On se dit que finalement, c’est bien le genre du bonhomme de négliger la saison régulière. Le premier tour a été vite expédié et voilà que se dresse un gros défi pour les C’s : les Cleveland Cavaliers.

Face aux favoris, Boston doit jouer une partition de haut vol. On a senti quelques soubresauts qui nous font dire que cette série ne sera pas une formalité pour les Cavs. Néanmoins, on est allé zieuter du côté du Sheed pour trouver le surplus qui pourrait venir inquiéter les troupes du double-Mvp en titre. Après tout, il colle parfaitement à l’image du joueur providentiel dont aurait besoin Boston. Son adresse extérieure peut permettre de desserrer les liens défensifs intérieurs tissés par les Cavaliers. Son envergure peut aider à contenir les assauts des attaquants de Cleveland.

Au final, 2pts et 2rebs dans le Game 1 face aux Cavs. Le pire, c’est que cela ne sonne pas vraiment comme une contre-performance. Cela résonne comme un point de non-retour. Parmi toutes les équipes du second tour, le joueur qui a le plus/minus le moins flatteur est Rasheed Wallace avec -20. On en arrive au point où Doc Rivers menace de placer Shelden Williams dans la rotation. C’est dire l’ampleur du naufrage.


Ces Playoffs mettent en évidence que contrairement à ce qu’il croit, Sheed n’a pas un bouton on/off à actionner pour soudainement se mettre en mode PO. Il n’a pu véritablement fonctionner que sous la tutelle d’un Larry Brown qui a su le pousser dans ses limites. Force est de constater que dans les autres situations, c’est plutôt la nonchalance du bonhomme qui l’emporte. On a cru que son côté sanguin et ses hauts cris à la conspiration dès qu’il se voie sifflé une faute auraient fait ton sur ton avec l’image teigneuse des Celtics.

Et pourtant, Rasheed Wallace a été une tâche dans la marque de fabrique de la maison verte : l’intensité. Son jeu d’aide défensive est trop lent pour être efficace. Qui plus est, il n’affiche pas la gniac qui faisait tant craindre les Celtics il y a quelques mois. Aucune « vraie » faute sur les pénétrations adverses, là où ses coéquipiers cognent abondement. Rasheed Wallace ne fait pas sentir sa présence dans la raquette et il souffle comme un courant d’air dans cette raquette qui était autrefois une forteresse.

Mais ne nous méprenons pas : le Sheed est capable de donner du fil à retordre aux meilleurs intérieurs de la ligue. Il peut annihiler un Pau Gasol, un Dwight Howard ou un Chris Bosh sur plusieurs possessions consécutives. Puis, relâchement fautif, il va le laisser inscrire un double-pas facile. En mode « peu importe, je lui ai déjà cloué le bec juste avant ».

Cette attitude de gâchis –car il jouit quand même d’une intelligence de jeu hors paire- se retrouve de l’autre côté du terrain. Le bonhomme campe régulièrement derrière la ligue à 3pts, pour bombarder sans grande réussite. Sans grande conviction, l’on a l’impression. Et puis, soudain, l’éclair. Cette prise de position, que ses coachs ont renoncé à lui ordonner, mais qu’ils continuent d’essayer de lui suggérer. Ce fadeway quasiment magique, arme offensive absolue. Le filet qui tremble. On sent quelque chose s’allumer en Rasheed Wallace. Puis il retourne se poster dans le corner.


Rasheed Wallace montre quelques spasmes du basket qui lui dégouline des mains. Trois petits tours et puis s’en va. Comme s’il préférait surprendre agréablement son monde plutôt que de répondre à des attentes. Comme si la pression de pilier d’une équipe ne lui convenait pas, comme si la perspective de devoir être bon chaque soir était trop pesante pour lui. Comme si il se contentait d’être le facteur X, le joueur dont on attend rien mais qui pointe parfois le bout de son nez ; l’occasion pour les fans de lancer un « Shheeeeeeeeeeed » histoire d’essayer de raviver cette maigre flamme entrevue.

Bref, Rasheed Wallace est comme un môme à l’école primaire, le genre de gamin pas idiot mais qui ne veut tout simplement pas. Parfois, il semble s’investir par séquences, généralement surtout pour se prouver à lui-même qu’il peut encore faire ceci ou cela. On a l’impression que Rasheed Wallace est pris dans des sables mouvants ; et c’est bien connu, tout mouvement pour essayer de s’en défaire accélère encore le processus. Le Sheed attend donc, posé sur le banc ou derrière la ligne à 3pts, que le temps passe et que finalement ces sables mouvants l’engloutissent.