On a enfin eu notre premier blockbuster deal. En plein milieu du All Star Week End de Dallas, les Mavericks ont fait savoir qu’ils avaient réalisé le plus gros deal de la saison. L’objectif annoncé est de faire monter Dallas dans la hiérarchie et d’être ainsi candidat légitime au titre suprême.
Pendant que Dirk Nowitski menait son équipe à la victoire dans le Shooting Stars Event, les Mavericks ont échangé Josh Howard, Drew Gooden, Quinton Ross et James Singleton contre Caron Butler, Brendan Haywood et Deshawn Stevenson en provenance de Washington. Les deux équipes annoncent la couleur : les Wizards ont clairement fait le deuil de leur saison, alors qu’on espère bien titiller les sommets du côté du Texas. Analyse.
Commençons par débroussailler du côté de Washington. Nous vous l’avions expliqué dans un précédent billet, la saison catastrophe des Wiz’ marque le clap de fin de la formule magique basée sur un trio, qu’il soit Arenas-Jamison-Butler ou plus anciennement Arenas-Jamison-Hughes. Las, l’équipe dirigeante n’a d’autre choix que d’entamer une opération coup de balai en espérant des lendemains plus joyeux. Les trois contrats envoyés à Dallas étaient assez lourds et bien entendu, vont au-delà de la fameuse frontière de l’été 2010. Alors qu’en contrepartie, ils reçoivent tout un tas de joueurs qui peuvent ne plus être sous contrat à cet horizon. Au final, $14.6 millions d’allégés pour l’exercice prochain. Ce qui finalement permet aux Wizards d’être un poil au dessus du salary cap. Bref, ce deal leur fera économiser de l’argent sur la saison prochaine, mais ne leur libère aucune place salariale pour signer un joueur plus ou moins majeur dans les mois qui suivent. Ce qui fait un peu bancal comme plan de reconstruction. Ce qui laisse à penser que Washington devrait poursuivre ses opérations ; tous les regards se tournent alors sur le cas d’Antawn Jamison, mais c’est un autre sujet.
Pour en revenir au deal d’aujourd’hui, Quinton Ross et James Singleton sont des role players dans une équipe qui n’en a pas besoin. Ils vont devoir prendre leur mal en patience et sont voués à rester spectateurs jusqu’à ce que les premières banderilles de l’été 2010 soient placées en terme de signatures et qu’ils pourront offrir leurs services pour solidifier un nouvel effectif. Ils ont un niveau assez corrects, mais nous ne les reverrons donc pas d’ici le début de la saison prochaine, et uniquement s’ils ont su faire les bons choix sportifs. En revanche, les deux autres vont avoir l’occasion de se mettre en valeur dans une équipe en délabrement, qui ne sera que le théâtre de velléités personnelles.
On va commencer par Drew Gooden. Fin de saison dernière, le bonhomme a été quelque peu sous-utilisé par Greg Poppovich, assez peu enclin à faire jouer des recrues hivernales ; ce qui n’a pas aidé la côte de l’ancien lieutenant de Lebron James, avec qui il était assez peu complémentaire en attaque. Bref, il n’a jamais eu vraiment l’occasion de gonfler sa valeur marchande, souvent engloutis par les prérogatives collectives. Voilà qu’il arrive dans un environnement où il pourra d’avantage exhiber son jeu poste bas. Il offrira un point de fixation qui pourra aider l’exécution de certains schémas et mettre en valeur une complicité avec un artilleur comme Mike Miller. Drew Gooden peut clairement tirer son épingle du jeu dans la perspective d’un nouveau contrat juteux.
Pour Josh Howard, c’est l’occasion de changer d’environnement. Il a passé toute sa carrière à Dallas, pour le meilleur et pour le pire. Le meilleur, c’était une sélection pour le All-Star Game 2007. Les trois années qui ont suivi ont été trois années de galères, ponctuées par des scandales (la marijuana, le manque de respect envers l’hymne américain) et des blessures. De plus, il n’a jamais preuve de pugnacité pour traverser les moments difficiles qu’il a enduré. Un changement de club pourrait être pour lui un vrai détonateur. On remarquera que les Mavericks ont géré le timming avec une belle dextérité. En effet, ils ont su faire monter la côte de leur joueur. Ils l’ont maintenu à un niveau de minutes et donc d’exposition assez élevé et ils ont su attendre que son contrat expirant fasse monter sa valeur marchande. Il y a eu quelques offres par le passé, l’on peut citer par exemple celle de l’échange avec Stephen Jackson un peu plus tôt dans la saison ; mais Dallas a su attendre le moment opportun pour maximiser ce trade. Ils ont réalisé un vrai coup, que je n’hésite pas à comparer avec celui incluant les Gasol il y a 2 ans.
Le parallèle est d’ailleurs assez enthousiasmant. Tout d’abord, parce que l’on se dit que cela va forcer la main à certains dirigeants pour essayer de répondre à cet upgrade et que la tripotée de rumeurs auxquelles nous avons droit quotidiennement pourraient enfin se concrétiser. Et il parait qu’il y a des mouvements assez fous discutés en coulisses.
Et puis aussi, cela repositionne Dallas dans la course au titre. Après un bon début de saison, les Mavs ont clairement baissé en tension, preuve en est leur 2-5 sur les 7 matchs précédents cet All Star Break. Caron Butler est un formidable ailier, élu deux fois pour faire parti du All-Star Game. Empêtré dans le marasme des Wizards, il n’a pas vraiment pu montrer toute l’étendue de son talent sur les deux dernières années, où il tourne à plus de 20pts, 6.5rebs et 4.5asts. C’est un formidable all-around player, un profil qui devrait bien coller avec la physionomie des Mavericks cette saison. En l’état actuel des choses, il est clairement au-dessus de Josh Howard dans tous les compartiments du jeu. Il est une menace offensive tant intérieure qu’extérieure, c’est un vrai apport au rebond, il amène plus de répondant en défense et c’est un vrai liant pour le jeu collectif. D’ailleurs, à ce propos, il n’aura certainement aucune gêne à jouer aux côtés de Dirk Nowitski en tant que superstar installée, puisqu’il a déjà du jouer les rôles de lieutenant pour Dwyane Wade, Kobe Bryant ou encore Gilbert Arenas. Par son sens de la passe, il ne risque pas de déstabiliser l’effectif. Mais ces qualités de scoreurs feront à n’en pas doute la troisième voire seconde option offensive individuelle de Mavericks derrière le grand Dirk et Jason Jet Terry.
L’arrivée de Brendan Haywood vont densifier la défense intérieur. Erik Dampier abattait un boulot plutôt correct, mais l’équipe devait se doter d’un rempart supplémentaire notamment lorsque Dampier est comme aujourd’hui en délicatesse avec son genou. Derrière lui, la raquette manquait de poids. La route vers le titre risque de passer par Andrew Bynum, Shaquille O’Neal ou Dwight Howard et Dallas ne pouvait pas se permettre de leur opposer le seul Erik Dampier. Sans solution alternative, ces grands pivots allaient cueillir les Mavericks sans sourciller, comme en a témoigné un récent affrontement avec les Lakers où les angelinos se sont fait porter sur les épaules de leur jeune pivot pour glaner tranquillement une victoire dans le Texas. La maturité est lente chez les pivots et Brendan Haywood s’éparpille dorénavant beaucoup moins. 5ème en efficacité aux contres et un bon 10rebs de moyenne. Nul doute qu’il devrait être encore plus concentré dans une équipe avec un rôle assigné plus précis.
Certains le vouent au bout du banc, mais je pense que Deshawn Stevenson peut tirer son épingle du jeu. Son physique pourrait lui permettre de gêner considérablement certains extérieurs ou ailiers adverses. On pense forcement à des cas comme Lebron James, Paul Pierce ou Kobe Bryant pour qui les Mavs n’ont pas vraiment de chien de garde attitrés. De plus, il pourrait insuffler une certaine passion brûlante dans l’approche de certains rendez-vous importants ; on se souvient notamment qu’il a grandement contribué à allumer le feu de paille autour de la rivalité entre Washington et Cleveland. Finalement, son côté un peu bad boy pourrait secouer une équipe, qui a encore trop tendance à paraître lisse.
On pourra donc dire sans trop de difficultés que cet échange à augmenté la qualité du roster des Mavericks. Ils apparaissent gagnants sur presque toute la ligne, sauf peut-être sur le moyen terme, car en rajoutant des contrats pour l’exercice prochain, cela complique la position de Dallas pour cet été. On se rappelle que certains avaient pronostiqué un coup fumant de Mark Cuban qui aurait pu convaincre un gros poisson de venir rejoindre son esquad. Dans l’état actuel des choses, il aura bien moins de marge de manœuvre cet été, mais nous ne nous inquiétons pas pour lui, il a toujours su se montrer très créatif.
La question est de savoir si ce trade propulse bel et bien Dallas dans le gratin de la ligue. Pourront-ils sortir victorieux d’une série en 7matchs face à Denver ou Los Angeles ? Bien entendu, du côté des dirigeants des Mavs, cela ne fait aucun doute. Chez les principaux intéressés, on reste sceptiques, tout du moins en apparence. Le All Star Game a permis d’avoir tous les principaux protagonistes sous la main et l’on a pu constater que de Georges Karl à Kobe Bryant en passant par Pau Gasol et Chancey Billups, on demande surtout à voir avant de se prononcer. Il est vrai qu’une belle alchimie ne se décrète pas. Toujours est-il que l’effectif a fière allure et que cet échange ne touche pas aux qualités de l’équipe et amoindrit certains défauts. Il polit l’équipe, la fluidifie, sans vraiment créer d’impact lourd.
Néanmoins, ce trade hausse-t-il suffisamment le niveau de compétitivité des Mavericks pour pouvoir légitimement prétendre prendre place à la course pour le trophée O’Brien ? Je pense que l’équipe reste fondamentalement un cran en-dessous de ces principaux concurrents. Prenons les Lakers, qui sont considérés comme un passage obligé pour toute équipe ayant des velléités à l’Ouest. Andrew Bynum et Pau Gasol seront sans doute ralentis par l’apport de Brendan Haywood, mais devraient normalement pouvoir s’en tirer. Kobe Bryant reste encore une inconnue, mais cela tient d’avantage de sa propre condition physique que de son adversaire direct, et un Black Mamba en plus ou moins grande possession de ses moyens ne craint pas un Deshawn Stevenson. Caron Butler en tant que menace offensive risque d’être entravé par Ron Artest, alors qu’il aurait bien besoin de se montrer avec un Lamar Odom aux basques de Dirk Nowitski. Le même constat pourrait être fait avec les Nuggets face aux Mavs. Intrinsèquement, je vois donc Dallas encore en-dessous ; mais ils se sont donnés les moyens pour pouvoir y croire sur une série de 7 matchs. Ce trade leur donne le droit d’invoquer le grade de challenger, pas vraiment celui de prétendant.
15 février 2010
Caron Butler fait-il de Dallas un prétendant sérieux ?
By
Marrh
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Dallas Mavericks,
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