12 janvier 2010

Vintage Kobe

Qu’il est loin le temps de la frustration et des critiques, arrivées à leur paroxysme pendant la saison 2004-2005. Après notamment une médaille d’or pour redorer le blason de Team USA et une bague pour remettre les Lakers sur le toit du monde, Kobe Bryant est reconnu comme étant le joueur le plus talentueux œuvrant actuellement.

Pourtant, ces dernières prestations nous renvoient d’avantage à l’adolescent assoiffé de stats qu’au MVP 2008. Au point qu’il est impossible de réprimer un coup de gueule.

Nous avions ouvertement évoqué notre grand respect pour Kobe, dans un billet en début de saison, encensant notamment l’évolution de sa panoplie offensive via la mise en application de quelques conseils d’Hakeem Olajuwon. Nous aurions pu dans la même veine saluer l’instinct du tueur du Black Mamba, avec pas moins de 3 buzzer beaters en décembre (Miami, Milwaukee, Sacramento). Il aurait peut-être fallu souligner avec plus de force que Kobe Bryant a porté les Lakers vers le titre la saison dernière avec seulement 9 doigts en état de marche. Une blessure à un autre doigt l’a frappé cette saison, ce qui amène le total à seulement 8 doigts vraiment valides.


Contre l’avis médical, Kobe Bryant n’observera aucun match de repos, prétextant une soif de compétition insatiable. On remarquera que cette décision n’a pas suscité d’émotion particulière du côté de LAL, habitué à ce qui ressemble quand même à un caprice. La conséquence est que l’un des shoots les plus smooth du circuit en devient particulièrement hideux. Cette blessure le gène et affecte sérieusement sa mécanique de shoot. L’an dernier, après sa première blessure, il était passé par cette même période, avec un pourcentage indécent, avant de s’habituer pour rectifier le tir. Cette fois-ci, la blessure est plus handicapante, donc elle ne prendra que d’autant plus de temps pour être assimilée et surmontée.

Quelque part, cela doit lui déclencher de sacrés maux de tête. Il doit avoir une sacrée appréhension d’avoir perdu le truc et force méchamment pour que les sensations reviennent. Certes, il croque pour prouver aux yeux du monde qu’il peut le faire ; mais je pense que c’est d’avantage pour se le prouver qu’il dégaine avec autant de véhémence. On éprouverait presque une certaine compassion pour ce surdoué qui ne sait pas si son extraordinaire talent l’accompagne toujours et qu’il tente frénétiquement de le faire se manifester, pour se rassurer.

Le phénomène est exacerbé avec l’absence de Pau Gasol. Avec l’espagnol, Kobe Bryant a toujours eu une relation particulière, sans doute conscient qu’il tenait là son partenaire idéal. Jamais la star des Lakers n’a eu la moindre once de critique à l’égard de l’ibère. Dans une récente interview, Kobe précise que la principale qualité de Pau est sa régularité. Ce qui fait que son absence crée un vrai manque à gagner. Il semblerait que leurs coéquipiers n’arrivent pas à répondre présents. En ont-ils au moins l’opportunité ? A la différence de l’an passé, où Bryant montait en régime au fur et à mesure du match, le #24 semble omniprésent dès l’entame du match ; ce qui entrave sans doute ses coéquipiers. Et si Kobe Bryant ne faisait réellement confiance qu’à Pau Gasol ?

On se retrouve dans une configuration que l’on ne connait que trop bien du côté de Lalaland. Certains vont pointer le pourcentage juste indigne de Kobe Bryant : 9 – 28 de moyenne sur les quatre derniers matchs, qui coïncident avec la nouvelle absence de Pau Gasol. Les autres vont répondre en disant que la supporting cast ne répond pas assez présent. On en viendra à discuter si Kobe Bryant a suffisamment essayé de faire confiance à ses compères avant de décider de s’entêter en solo. Le recul qu’on pouvait lui attribuer ces derniers mois semble s’être évaporé. La dernière fois qu’il avait un tel volume de shoot, il faut remonter à la fin de la saison 2006-2007.


L’arrivée de Ron Artest et l’absence de Pau Gasol (qui s’est à peine réellement remis dans le bain qu’il est de nouveau blessé) ont-elles tant chamboulées le collectif des Lakers qu’ils ont perdu leurs repères et forcent Kobe à devoir jouer les guides ? Comme on vient de le dire juste au-dessus, il shoote bien plus que pendant la période précédent l’arrivée de Pau Gasol aux Lakers. Ron Artest a un jeu en un-contre-un bien plus poussé que les autres poste 3 avec lesquels Kobe jouait à cette époque. Andrew Bynum continue de progresser dans son jeu dos au panier. Théoriquement, si Kobe Bryant a pu se passer de tant de shoots à l’époque, cela ne devrait pas constituer un problème aujourd’hui…

Autre hypothèse : Kobe Bryant ne viserait-il pas secrètement un nouveau titre de MVP ? Ce qui l’aurait motivé à surexposer ses nouveaux gimmicks en début de saison. Ce qui le pousse maintenant à montrer qu’il peut jouer au-delà de la douleur. Il serait sur une autre planète s’il plantait de grosses perf’ avec plusieurs doigts en vrac, et deviendrait donc incontestable comme MVP.

On peut supputer ce que l’on veut, le garçon est de toutes façons trop complexe pour qu’on arrive à le percer sans avoir un minimum d’intimité. Mais toujours est-il que quelque chose turlupine Kobe Bryant. Phil Jackson aura bien besoin de toute sa maestria psychologique pour désamorcer cela. Sinon, la quête vers le back-to-back pourrait être entravée bien plus tôt que prévu.

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