20 janvier 2010

Stephon Marbury à la conquête de la Chine

Starbury est encore vivant. Le meneur va tenter l’aventure en Chine. Un périple qui ne s’annonce pas sans danger pour la NBA ni pour le basket chinois en général. Tour d’horizon des enjeux qui découlent de cette signature, qui s’avèrent être bien peu d’ordre sportif au final.

Stephon Marbury qui va aller jouer en Chine, cela sonne de prime abord comme un épilogue au feuilleton Starbury. Mais le personnage a tant d’ampleur qu’il pourrait créer une onde de choc non négligeable. On le sait, le basket, et la NBA en particulier, font face à de gros enjeux en Chine. Après l’avoir regardé manger de la vaseline et pleurer à chaudes larmes sur du Celine Dion, peut-on laisser Stephon Marbury être le nouvel ambassadeur du basket en terres chinoises ?

Alors bien sûr, les chinois resteront toujours admiratifs devant les exploits de Yao Ming et les performances de Yi Jianlian. Mais toujours est-il que la présence d’une star tel Stephon Marbury a de quoi impacter sérieusement la CBA (Chinese Basketball Association). Les influences du consumérisme occidental sont encore fraîches et les habitudes relatives pas encore arrivées à maturité. Il y a encore ce qu’on pourrait appeler une période d’adaptation culturelle. Les chinois sont des vrais mordus de NBA, il n’y a qu’à se rappeler l’accueil triomphal réservé à Team USA lors des derniers JOs et plus particulièrement au #10. Bref, l’arrivée d’un pur NBAer en CBA doit être vue là-bas avec beaucoup d’enthousiasme.


De notre côté, l’histoire va sans doute être assez vite dissoute. Autant ses frasques estivales ont créées un vrai buzz, autant ses stats feront l’objet d’un simple tweet à peine relayé. Pour information, il a été recruté par l’équipe de Shanxi. L’an passé, cette même équipe s’était attachée les services de Bonzi Wells : ce dernier avait claqué 48pts 11rebs 7stls, pour sa première apparition. D’entrée des records, au point qu’il n’en reviendra pas lui-même. Au sens propre : après les vacances relatives au nouvel an chinois, Bonzi Wells ne pointera plus son nez à Shanxi. On en a à peine entendu parler. Nul doute qu’avec son intelligence et son jeu plutôt physique, Starbury pourra claquer ce genre de grosses performances régulièrement sans que l’on en tienne rigueur. Surtout au moment de rentrer dans la seconde partie de la saison NBA et les PO des différents championnats (la NBA pour ce qui nous concerne sur 24secondes, mais l’actualité en Europe laissera encore moins de place pour caser quelques mots sur le championnat chinois…).

De toutes façons, la déclaration du président du club de Shanxi est très révélatrice : la venue de Stephon Marbury est faite pour récompenser les fans voire pour remonter au classement. La tournure originale est plus subtile, mais l’idée est là : le deal pour Stephon Marbury est motivé pour des raisons d'avantage économiques que sportives. Il en va de même pour l’intéressé. Même s’il a diminué substantiellement ses exigences salariales, le pèlerinage du bonhomme en terres chinoises est plus une affaire d’image et de business. Il a refusé une offre timide des Celtics, en étant persuadé qu’il allait décrocher un contrat juteux, quitte à aller se faire voir en Europe. Au final, il s’en tire avec $25.000, ce qui reste énorme pour vivre de sa passion, mais bien en-deca de ses exigences de star. Mais au-delà, il y a cette formidable pénétration dans le marché nippon, ce qui constitue une opportunité colossale pour les marques de vêtements et de chaussures du sieur Marbury.


Au final, lorsqu’on essaie de s’imaginer ce que cela va donner, l’on pense facilement à une farce burlesque. Un marginal qui part tel un conquistador. Et quand on sait le côté fantasque du garçon, l’on a peur de son opération d’évangélisation. Plus sérieusement, la présence de Stephon Marbury pourrait détériorer les relations entre la NBA et la CBA. Des relations naissantes où le premier y trouve son compte financier et le second en termes de crédibilité sportive. La présence récurrente de parias pourrait rendre plus frileuse la NBA quant à la légitimité sportive d’un tel rapprochement. Pour faire une correspondance, l’Uefa n’est pas prête de considérer sérieusement le Qatar. Un marché qui fait tourner toutes les têtes, un fanatisme des chinois envers la NBA, la CBA repose déjà sur de nombreux excès. L’arrivée de têtes d’affiche comme Starbury en est un de plus. Espérons que ça ne sera pas celui de trop.

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