Pour beaucoup d’entre nous, Rubio est né le 24 août 2008, jour de la finale olympique Espagne –USA (le plus beau match en compétition internationale que l’on ait vu depuis longtemps). Après un tournoi moyen, Rubio fait mieux que résister à la pression et propose quelques minutes productives en remplacement de Calderon blessé. Il n’était même pas majeur à l’époque. Plus phénoménal encore, c’est qu’il a commencé sa carrière pro en 2005, alors qu’il avait à peine 15 ans. Sa vision du jeu extraordinaire et son look de Jonas Brother ont parachevé son opération séduction.
Depuis cette finale, les Etats-Unis ont vu qu’il y avait un jeune prodige espagnol qui n’évoluait pas dans leur grande ligue. Il serait donc temps que le jeu phénomène quitte Badalone pour la clinquante NBA. Le buzz monte doucement, et il n’y a plus un article lui étant dédié qui ne mentionne pas Magic Johnson ou Pete Maravich. Comme il n’a même pas 20 ans, on lui pardonne aisément ces tendances à trop dribbler ou quelques pertes de balle mal venues, vu qu’il aura tout le temps pour se perfectionner. L’enthousiasme est grand. Tellement grand qu’on l’imaginait être sélectionné en deuxième choix de draft.
Pour moi, ce gamin est surestimé. Qu’il ait du talent plein les mains ne fait aucun doute. Qu’il puisse faire une carrière du tonnerre en Euroligue coule presque de source. Mais l’on parle là de la NBA, qui est un autre monde, qui requiert d’autres qualités. Qualités athlétiques tout d’abord, même si l’on anticipe sur la prise de muscle inhérente à chaque rookie. Il a une défense très agressive, mais pourra-t-il vraiment être efficace face à des bulldozers comme Deron Williams ou Jameer Nelson ? De l’autre côté du terrain, quelques doutes me turlupinent également. Son shoot pas toujours très fiable devra être sérieusement optimisé pour pouvoir être dangereux et donc être d’autant plus efficace à la passe. Ce ne sont que des doutes et tout ceci peut être gommé par le travail, mais il faut attendre un peu avant de crier au « next big thing ». Surtout que même s’il a été rodé au monde pro depuis son plus jeune âge, autant de buzz n’est jamais bon pour l’épanouissement d’un joueur.
Mais autant vous dire que ce ne sont pas ces doutes sportifs qui ont fait rétrograder Rubio dans la hiérarchie du soir de la draft. Ce sont ses démêlés avec son club de toujours, Badalone, qui lui a mis le pied à l’étrier et lui a permis d’acquérir une expérience grandeur nature alors qu’il n’était qu’un adolescent. Un effort de pédagogie que le club espère être payé à sa juste valeur. Une fois drafté, un joueur doit payer son indemnité de transfert (chose que les franchises NBA se refusent de faire, plafonnant à $500,000 leur participation) pour être en règle avec ses anciens employeurs. Sauf que Badalone avait prévu le coup et avait blindé le contrat de son jeune prodige. Un buyout d’un montant de $6millions, trop important pour les maigres économies de Rubio, qui a crié au scandale avant que son club ne lui signale que c’est un contrat qu’il avait lui-même signé (lui et ses parents, n’étant pas majeur à l’époque). Cette histoire couplée au fait qu’il a déclaré sans détour qu’il ne souhaitait pas jouer pour Memphis (détenteur du second choix de draft), lui collant l’étiquette de trou perdu à la météo peu flatteuse.
Du coup, il a été sélectionné en cinquième position par Minnesota. Qui disposait du 6ème choix et l’a utilisé pour Flynn, un autre meneur. Il semble alors clair que l’avenir de Rubio est dans le flou et que les Wolves ne veulent pas être les dindons de la farce. On se souvient encore de Fran Vazquez qui avait été choisi en 11ème position par Orlando en 2005 mais qui a finalement choisi de snober le Magic pour rester en Espagne. Les Wolves vont-ils user des droits sur Rubio comme monnaie d’échange ? Attendent-ils d’être sûr que Rubio va venir pour trader « plan-B Flynn » ? Au pire, ne rien faire et avoir finalement un duo de jeunes talents à la mène. Mais tout ceci met en exergue le n’importe quoi que sont les contrats des joueurs professionnels.
Entre les caprices de diva des sportifs (regardez-les couinez pour quitter un club dans lequel ils ont signé un contrat de leur plein gré et faire un forcing de dingue lorsque le club s'y oppose) et les indemnités de transfert (encore plus tordu au basket avec le cas des transferts Europe > NBA), qu'est-ce que c'est réellement un contrat de basketteur pro ? Je ne vais pas plus loin pour ce post, le sujet à quelques teintes "politiques". Mais bon, il y a des fois où on regrette que le Monopoly soit un jeu de société si populaire. L’exemple du contrat qu’aurait signé (conditionnel, cela serait un coup de bluff) il y a peu Rubio en faveur du Barça : 6 ans. Quelqu’un pense-t-il réellement qu’il va faire 6 ans à Barcelone, bien qu’il en soit natif ? Surtout avec des baisses substantielles de son buyout pour l’été 2011. Les premiers chapitres de l’histoire de Ricky Rubio le joueur sont un peu confus ; gageons que les péripéties sauront faire preuve de quelques belles joutes uniquement basketballistiques.
27 août 2009
Pataquès autour de Rubio
Certes, le feuilleton Rubio donne du grain à moudre en cette période très creuse. Il n’empêche que l’affaire a des teintes assez ubuesques et que l’on va en remettre une couche.
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Marrh
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