Il y a de grandes chances que l’on considère cet été 2009 comme le point d’ancrage d’une grande équipe. En effet, les Portland Trail Blazers ont resigné Brandon Roy pour 5 ans, en faisant de fait LE franchise player désigné. Cela apparaît dans la suite logique des choses, mais toujours est-il que ce contrat cimente l’avenir de Roy dans l’Oregon. Et donc la possibilité de bâtir solidement. D’autant plus, que les discussions avancent sereinement avec Lamarcus Aldridge, un second loustic tout aussi déterminant.
Avoir déniché ces perles était un très joli coup. Leur offrir un environnement propice à leur épanouissement a été bien fait. Savoir les conserver était tout aussi déterminant. Maintenant que les fondations sont bonnes, l’on peut commencer à construire efficacement. Vous vous en doutiez peut-être, mais je vais vous resservir la fameuse théorie du duo, comme quoi il faut associer deux superstars avec des joueurs de devoir pour arriver très près d’un titre. Nos deux gaillards sont des superstars en puissance. Malgré qu’il ait un peu d’intox –il allait affronter Bryant au tour PO suivant- Artest a quand même déclaré que Roy était le meilleur joueur sur qui il lui a été donné de défendre ; il a collé aux baskets d’un bon paquet de très bons joueurs et l’on peut de plus penser que Roy n’est pas atteint son summum à 25ans. De son côté, Aldridge semble prêt à assurer la relève des grands postes 4 comme Tim Duncan ou Kevin Garnett. Deux très grands joueurs, à n’en pas douter, qui ont sensiblement le même âge, commencent à accumuler de l’expérience commune et ont encore de belles années devant eux. Cerise sur le gâteau, ils apparaissent très complémentaires.
Mais cette fameuse théorie prend quand même du plomb dans l’aile, si l’on y regarde de plus près. Ou toujours est-il que l’alchimie est plus complexe que cela. Alors que le Heat de 2006 semble se rapprocher de ce schéma, des équipes comme les Lakers (que cela soit Horry pour Kobe-Shaq ou Odom pour Bryant-Gasol) voire les Bulls (Grant puis Rodman) disposent d’un socle binomial mais également d’un « monsieur plus » qui faisait souvent pencher la balance du bon côté dans les moments chauds. Tous les joueurs cités sont d’avantage que des « joueurs de complément » et des joueurs de cette trempe, Portland ne semble pas en disposer à ce jour. On passe alors aux tridents. Celui des Spurs ou plus récemment des Celtics. Ce qui aurait motivé les dirigeants à signer Turkoglu avant que celui-ci ne fasse faux bond.
Mais ces considérations restent abstraites et ne doivent pas masquer le caractère unique de chaque équipe victorieuse. L’effectif de Portland a des atouts à faire valoir. Surtout que maintenant, les deux leaders se détachent. La saison dernière, le roster ressemblait à un immense vivier de talents ; dont certains se dégageaient par leur complémentarité et leur efficacité aux côtés du fameux duo. Exit donc les Frye, Diogu,… dont la talent est indéniable, mais qui n’ont pas su s’accrocher au bon wagon. Le but n’est plus de faire une sorte de grand camp de jeunes potentiels mais bien de construire autour de ceux qui se sont détachés, maintenant que les lacunes ont été analysées. Les Blazers ont jeté leur dévolu sur Miller pour mener la danse au lieu d’un plus jeune Sessions. Le choix aurait sans doute été autre si Portland était dans la même situation que deux ans auparavant, mais témoigne d’un changement de logique quant à l’édification de l’équipe. Portland n’est plus l’équipe « jeune et talentueuse », c’est devenu une prétendante. Une forme de puberté. Ce n’est peut-être pas glamour, mais au sortir, l’on trouvera une équipe de Portland mature et prête à jouer véritablement dans la cours des prétendants.
Dans ce cadre là, il faut sans doute s’attendre à ce que l’une des meilleures attaques de la ligue fasse quelques sacrifices pour densifier une défense pas vraiment au niveau. Personnellement, je ne serai pas surpris de voir Fernandez être échangé : malgré son indéniable talent, il est parfois dépassé physiquement en défense (pas assez costaud pour certains poste 2, pas assez rapide pour certains poste 1) ; son talent et son intelligence de jeu lui confèrent une belle valeur marchande et je pense qu’il sera échangé contre un pur défenseur, pour les rares minutes où Roy ne sera pas sur le parquet. En revanche, Batum a une belle carte à jouer. Même s’il risque de perdre son fauteuil de starter, sa défense sur l’homme devrait être un atout. D’autant plus qu’en attaque, il fait preuve de choix pertinents avec un volume de ballons joués minime. Oden, d’avantage dans l’ombre –ce qui pourrait lui convenir, vu la timidité du garçon- serait délesté d’un poids et de la pression ; nul doute qu’il va pouvoir se révéler très précieux en complément du duo, que ce soit en attaque avec ses moves près du cercle ou en défense avec sa grande carcasse dissuasive, pour peu qu’il arrive –enfin- à s’épargner des fautes.
Les Blazers ont acquis des certitudes, avec un noyau talentueux. Le temps est fini de parler des Portland comme un groupe de jeunes, il est grand temps pour eux de passer à la dimension supérieure. Celle de la confirmation, parfois la plus difficile. La machine est dotée d’une force de frappe énorme, il faut encore trouver les quelques rouages qui iront parfaitement avec le projet de jeu, ancré dans les signatures sur le long terme de Roy et LMA. Portland est à deux doigts de la poignée qui leur ouvrirait bien grande une fenêtre d’opportunité pour gagner un ou plusieurs titres.
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