1 février 2010

Boston toussote

Seraient-ce déjà les premiers symptômes des rhumatismes des Celtics ? Toujours est-il que Paul Pierce, Kevin Garnett, Ray Allen, Rajon Rondo et compagnie connaissent la période la plus difficile depuis leur association. Des problèmes peut-être plus profonds qu’il n’y parait et que les sélections pour le All-Star Game ne doivent pas masquer.

La récente défaite face aux Lakers peut apparaître comme la goutte d’eau qui fait déborder le vase pour certains observateurs. Outre poser genou à terre face au rival historique, ce match a marqué la fin d’un mois de janvier peu glorieux. 6-8, le premier mois à bilan négatif de toute l’histoire du Big Three. Serait-il temps de passer à autre chose du côté de Boston ?


Après tout, si l’on revient quelques mois auparavant, à l’heure des premiers pas des Tres Amigos sous la même tunique : on parlait alors d’une fenêtre d’opportunité de 2 ans, voire 3 ans en étant optimiste. Alors certes il y a eu l’émergence de Rajon Rondo qui aurait pu changer la donne. Il mène formidablement à la baguette des joueurs aux qualités et aux egos énormes. Il a progressé dans leur giron. Mais il est encore trop juste pour être autre chose qu’un relai. La preuve en a été lors du quatrième QT face aux Lakers, où la défense pourpre et or a délibérément commis des largesses sur le meneur pour rester verrouillée sur les ténors des Celtics. Au final, LAL a pu combler un écart de 11pts, pour finalement l’emporter sur un tir d’un Kobe Bryant ce soir encore trop en délicatesse avec son shoot pour être honnête.

Ce n’est malheureusement pas la première fois que Boston voit fondre une avance et se faire plumer dans les instants décisifs. Les deux derniers matchs précédents ce duel face aux rivaux californiens, l’histoire était plus ou moins la même. Contre Orlando puis Atlanta, les Celtics n’ont pas eu assez de coffre pour encaisser dans le money time. Fatalement, cela contraste avec leur attitude de soiffards l’année du titre puis dans l’euphorie de leur grade de champions durant l’entame de la saison suivante. Finalement, on doit se rappeler que le leitmotiv de la constitution de ce groupe est d’aller chercher la bague qui manquait au palmarès de ces grands joueurs. Après deux années particulièrement électriques menées tambours battants, on peut comprendre que l’environnement ne soit pas des plus propices pour se remettre en selle et avoir toujours le feu sacré ; ils l’ont, leur bague, aller en chercher une seconde requiert encore plus d’influx et peut-être que l’assurance de ne pas avoir un palmarès vierge leur enlève la passion dévorante qu’il leur faudrait pour remettre le couvert.


Bien sûr, ce n’est pas la seule variable à prendre en compte. La baisse de régime en intensité s’explique aussi par les blessures. Celle de Kevin Ganrett, plus particulièrement. Lui qui était d’une intensité brûlante en défense, ce qui faisait de lui un peu l’âme de cette équipe. Force est de constater que même si on considère son focus toujours aussi intense, le corps ne répond plus aussi bien. Rouillé par des problèmes récurrents au genou, The Big Ticket n’a plus son impact d’antan. Et Rasheed Wallace, sensé suppléer l’ancien Défenseur de l’Année, assume des retards dans les rotations trop criants pour s’avérer satisfaisants. La défense est au bout du compte bien moins intraitable que par le passé et surtout a tendance à s’effriter dans les moments décisifs, comme lors des derniers QT des matchs sus-cités : Orlando, Atlanta, Los Angeles. L’efficacité défensive était le socle du succès de ces Celtics et les fondations apparaissent aujourd’hui de moins en moins solides.

La situation devrait s’améliorer légèrement avec le retour de Marquis Daniels aux affaires. Mais évidemment, il ne va pas combler les lacunes du secteur intérieur, ou PJ Brown et Leon Powe avaient des rôles de ciment sans doute sous-estimés à l’époque. Et aussi, Marquis Daniels ne sera jamais à la hauteur du travail abattu par James Posey, dont le départ n’a, là encore, pas assez suscité de réactions. Outre être un défenseur attitré de haute volée pour des superstars comme Lebron James, Kobe Bryant ou Carmelo Anthony, c’était un vrai joueur âpre, dur, « nasty » comme disent nos amis outre-Atlantique. Loin de l’aspect sur-joué que l’on pourrait détecter chez Rajon Rondo et en plus canalisé que chez Kevin Garnett, il définissait admirablement l’attitude défensive rugueuse qui a fait le succès des C’s. Maintenant, il faut constater que les Celtics ne font plus peur et les intimidations (comme celles répétées mais assez peu efficaces sur Pau Gasol dimanche) n’ont qu’un impact limité sur le mental des adversaires. Et cela commence avec le bilan à domicile : le TD Garden n’est plus une antre imprenable.


Mais en attendant, nombreux sont ceux qui pointent du doigt Ray Allen. Non pas qu’il soit particulièrement mauvais, en dépit de statistiques clairement dans la tranche inférieur de ce qu’il nous a habitué à produire. Certes, il a manqué le panier de la gagne face aux Lakers et on ira chipoter sur quelques loupés à des moments clés de matchs récents ; mais il n’en demeure pas moins un artilleur hors pair, dont il n’y a pas d’équivalent sur le marché. Mais certains considèrent que la chance du Big Three est passée et qu’il faut passer à autre chose. Cela permettrait de donner un nouvel allant à l’équipe. De même, l’on parle d’échanges incluant des joueurs au profil pour défensif pour venir densifier la forteresse des C’s. On évoque notamment Kirk Hinrich et Brad Miller, qui viendrait respectivement apporter de la défense sur l’extérieur et une dissuasion d’ampleur dans la raquette ; le premier nommé viendrait également injecter un peu de sang neuf dans la rotation, ce qui ne serait pas du luxe.

Mon avis sur ce point que le bon Ray Allen est désigné comme cible via son contrat expirant et donc de son attractivité potentielle, et aussi que son antécédent aux Bucks de Milwaukke montrerait qu’il n’est pas intouchable. Pourtant, un échange ne résoudrait sans doute pas tous les problèmes qu’ont pu afficher les Celtics. Danny Ainge s’est lancé dans un pari que l’on savait surtout axé sur le court terme et que ce qui caractérisait ce mouvement, c’était son côté radical. Y ajouter un peu d’eau tiède en transférant Ray Allen pour, par exemple, un peu plus de jeunesse rendrait la solution un brin bâtarde. Alors que le Big Three, même si certains ingrédients ont changé depuis, ça a été une recette qui marche. Et ses garçons ont une fierté et un vécu qui pourraient les aider à se transcender une fois les PO venus. Boston a attrapé un vilain rhume, mais peut encore s’en remettre. Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort, il parait.

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