13 février 2010

Mauvaise cuvée ?

Le All Star Week End a commencé hier soir avec le traditionnel match opposant les premières aux deuxièmes années. Fait rare, les rookies ont dominé les sophomores sur le score sans appel de 140-128. Un match fleuve, comme à l’accoutumée, mais avec un dénouement quasi-inédit qui nous fait nous pencher un peu plus sur la nouvelle classe.

Ne nous voilons pas la face, ce match était très moyen et l’on a, comme d’habitude, vu une horde de chiens fous voulant à tout prix exister dans un week-end où sont concentrées toutes leurs idoles et toutes les caméras. En a résulté un match à près de 111 possessions, soit un rythme de fous furieux. Par comparaison, les Golden State Warriors n’ont que très rarement atteint cette marque pendant la saison régulière et pourtant, ils cavalent sec.

Si l’on regarde un peu plus en détail les stats, l’on remarquera que malgré le rythme effréné de la rencontre, sans compter l’absence évidente d’automatismes communs, les rookies n’ont perdu que 12 ballons. Pour vous donner une idée, les Charlotte Bobcats –symbole de rigueur dans l’execution- jouent des matchs à 91 possessions et totalisent en moyenne 15 pertes de balle. Une certaine preuve de maturité, avec l’incontournable Tyreke Evans à la baguette. Les spectateurs ne s’y sont pas trompés au moment d’élire le Mvp du match : en dépit de stats peut-être moins impressionnantes que certains de ses compères, sans avoir pu proposer quelques actions très funky comme on a pu en voir une brouette hier, le joueur des Kings a été un vrai meneur. Au-delà de sa vision et de sa distribution de jeu, le gaillard avait une vraie stature qu’il a fait peser sur le match.



Dans un style plus explosif, celui qu’on considérait comme son rival en, début d’année, Brandon Jennings. A mesure que la saison a avancé, l’on s’est mis à penser qu’il y avait une classe d’écart. Le jeune Buck voulait rétablir une certaine hiérarchie en devenant le détenteur du recors de passes décisives pour un rookie game. Finalement, il finira avec 22 points pour « seulement » 8 passes. Mais il a agit comme un vrai meneur. Chris Paul en avait touché deux mots à une conférence de presse précédent l’évènement, disant qu’un meneur dejeu doit s’adapter en permanence et ne jamais avoir de plan prédéfini. Brandon Jenning a mis cela en application, en prenant des shoots qu’il devait clairement prendre. Ca a finit par faire un sacré pactole, tant la défense adverse était permissive. Au-delà de ce festival aux tirs, l’on a senti une réelle envie de bien faire, puisqu’il termine quand même meilleur passeur de son équipe. Le garçon est arrogant, mais pétri de talent et de volonté pour devenir un grand. Sa prestation d’hier a montré qu’il était plus qu’une machine à stats et qu’il allait être très intéressant de suivre son évolution.

Un autre qu’il faudra surveiller de près, c’est Stephen Curry. On a pu le prendre un peu de haut au sein d’une équipe des Warriors qui multiplie les stats comme des petits pains, mais ce petit gars a une aisance incroyable. Il dispose d’un tir d’une élégance rare, mais est très loin du stéréotype du shooteur unidimensionnel. Avec un tel trio d’extérieur ultra-dynamique, cela créait un écrin pour DeJuan Blair, le seul intérieur explosif de cet effectif. Il avait des cannes de feu hier soir et s’est jeté sur tous les rebonds. Il en aura gobé 23, dont 10 offensifs. Sa fougue l’aura de même servi en attaque, en se créant des intervalles dans la raquette pour terminer avec 22pts. Le premier double « double-double » (au moins 20 dans deux catégories statistiques) de l’exercice. Une belle revanche pour celui dont les anomalies médicales l’ont empêché de figurer haut dans la draft. Il est au final la seule recrue estivale des Spurs qui ne soit pas une erreur de casting. Espérons pour lui qu’il continue sur cette lancée, sa passion pour le basket déborde dès qu’il foule un parquet.



Ces 4 jeunes vont vite devenir des joueurs qui comptent en NBA. Ajoutez à cela des joueurs très solides qui feront plaisir à de nombreux effectifs en manque de cohésion : Omri Casspi, Johnny Flynn ou encore James Harden ont rondement mené leur apparition hier soir. L’été dernier, l’on a parlé d’une cuvée 2009-2010 plutôt décevante. Les rookies ont hier répondu présents et montré qu’ils avaient des qualités à faire valoir.

En face les sophomores sont passés à côté du rendez-vous. Classiquement, les deuxièmes années ne font qu’une bouchée des bizuths, l’expérience aidant. Hier, la maturité n’était pas dans leur camp, ils n’ont pas su conduire le match.

Cela passe en premier par Michael Beasley, qui en a visiblement fait une affaire personnelle. Il a du établir un records en matière de tirs tentés. On sait que le mec a du talent, ce qui a résulté sur quelques paniers de dernier les fagots, mais il a clairement empêché toute dynamique du côté des Soph’. Il y a eu un second larron dans le même registre : Russell Westbrook. Il a du tenter tout autant, mais pour une plus grande réussite et un total de 40pts. Il est sans douté libéré de ne pas avoir pour un soir Kevin Durant à ses côtés, mais sur le ban adverse –en tant que coach assistant. Il n’a fait preuve d’aucun discernement et encore moins du sens du sacrifice, à la différence des meneurs qui lui ont été opposés.

Il n’y avait aucun flow du côté des sophomores, ce qui a handicapé les performances de Danilo Gallinari ou Eric Gordon dont les qualités de shooteurs ne sont jamais apparues. Le Rookie Game a toujours été joué sur un style débridé, donc on pouvait se douter que les intérieurs –Marc Gasol, Brook Lopez, Kevin Love- n’allaient pas jouir autant que possible du vide dans la raquette des rookies. Mais de là à qu’ils ne voient jamais la balle alors que le match était en train d’échapper aux sophomores, ça a quelque chose de –relativement, bien sûr- grave. Personne pour faire l’entry pass, la passe qui place un schéma, cette passe qui mène la passe décisive. Seul OJ Mayo s’est distingué par sa sobriété et son intelligence de jeu.

Cela ne remet en rien en cause la qualité intrinsèque de la cuvée de l’an dernier. Mais cela met bien en lumière que cette année, la NBA a vu l’arrivée de quelques joueurs exceptionnels. Suffisamment pour renverser le droit d’aînesse en place depuis 7 ans.

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