15 juillet 2009

Encore 1 an avant 2010

On annonce l’été 2010 comme une nouvelle ère. Mais en attendant la grande redistribution, on fait quoi ?


Ca va faire plus d’un an que chaque transfert est analysé à la loupe 2010. Pour pouvoir attirer quelques gros poissons une fois l’été 2010 venu, certaines équipes n’hésitent pas à dégrossir sévèrement leur masse salariale. New York en est le plus bel exemple, après des années de contrats sur-évalué, la grosse pomme s’est mise en tête de faire le vide. On a troqué donc une surcharge pondérale contre une anorexie tout aussi dénuée de fond de jeu ; car avouons que le run&gun qui y est actuellement instauré ne sert que de cache-misère, il ne s’agit en rien d’une mécanique huilée, il s’agit du même magma insignifiant qu’avant, mais en tirant encore plus vite. Par contre, les fans des Knicks ont maintenant l’espoir de jours meilleurs. Encore 365 jours à voir le Madison souillé et voilà que les problèmes de New York pourraient bien s’en aller avec l’huile de la vidange.




Que diantre y a-t-il derrière cette appellation mystique ? Pourquoi 2010 ? Des périodes ont déjà été l’occasion de bâtir du solide (quand les Lakers ont signé Shaquille O’Neal, qui n’a pas désiré prolonger son expérience à Orlando), mais rien qui ne puisse justifier un tel engouement. C’est comme si l’on allait basculer dans une nouveau monde, que les cartes allaient être totalement redistribuées, avec une vigueur que l’on ne peut même pas atteindre dans une partie de Uno endiablée.




Car c’est à l’horizon 2010 que les contrats non-prolongés des enfants prodiges de la Draft 2003 vont être libres de signer où bon leur semble. Lebron James, Dwayne Wade, Chris Bosh, TJ Ford, pour ne citer que les cadors. A cette liste, il faut rajouter d’autres sacrés lascars, du genre Joe Johnson, Jamal Crawford, Ray Allen, Udonis Haslem, Rafer Alston, Travis Outlaw, Mike Miller, Shaquille O’Neal. Bref, il y a du bon, et pour tous les goûts.


Cette dernière liste concerne des joueurs qui seront libres de tout contrat à l’été 2010 et donc signeront où ils voudront. Pour être tout à fait précis, le quatuor pré-cité disposera d’une Player Option. C’est l’occasion de préciser quelques termes, si jamais c’est flou pour vous. Il s’agit là d’une option qui permet, si le joueur le souhaite, de rempiler pour un an dans son club. Club qui n’a aucun mot à dire dans cette décision. Donc vu le big bang que va être le marché et la flambée des prix qui risque de s’en suivre, il y a fort à parier que ces grands noms ne lèveront pas cette option pour pouvoir négocier du lourd dès cet été.


Avec toute cette agitation à venir, 2010 est vite devenue une date symbole. Un été où ca va bouger, dans une ligue jamais avare en transferts sensationnels. C’est alors qu’arrivent les autres potentiels « agents libres ». Par le biais de tout un tas de clauses bizarres dont seul le sport professionnel peut nous en offrir, tout un tas d’autres grands noms pourraient bien se retrouver potentiellement sur le marché : Paul Pierce, John Salmons, Dirk Nowitski, Yao Ming, Michael Redd, Tyson Chandler, Amare Stoudemire, Richard Jefferson et bien d’autres. Là encore, du grand nom. Parmis tous ces bons joueurs, il y en aura sans doute certains qui auront trouvé un accord avec leur équipe pour prolonger en cours de saison. Mais quelques beaux poissons resteront à quai, et des frais.



Bref, ça risque de flamber pas mal. Dans la surexcitation générale, il y a fort à parier que certaines offres seront sur-évaluées, ce qui pourrait donc aboutir à une flambée de prix. Une rivalité entre franchises pour offrir les salaires les plus juteux. Et c’est là que se complique encore un peu les choses. L’on arrive à un troisième niveau, avec tout autant de joueur de très bons calibres. Les « restricted free agents ». Pour faire simple, ils seront dans le même cas que tous les autres joueurs sur le marché à la différence que leur équipe d’origine aura une semaine pour égaliser cette offre et contraindre le joueur à rester dans leur effectif, bon gré mal gré. Forcément, avec toutes les signatures prévues, il y a moyen que d’autres jolis poissons passent entre les mailles du filet, certaines équipes seront peut-être trop tournées vers d’autres sirènes qu’elles en oublieront de blinder leurs protégés.



Et là encore, la liste est longue comme le bras, concerne tous les postes et tous les styles. Petit aperçu des plus appétissants : Rajon Rondo, Tyrus Thomas, Luis Scola, Rudy Gay, Lamarcus Aldridge, Brandon Roy, Andrea Bargnani. C’était long, mais cela vous donne un aperçu du chantier estival prévu pour l’an prochain. D’ailleurs, il va falloir s’attendre à une multiplication de toutes sortes de rumeurs, de « sources sûres, proches du dossier ».



Et pour signer le maximum de gens d’un bon cru, les franchises s’activent pour créer de la place sous le seuil salarial autorisé. La pêche aux gros contrats expirants bat son plein depuis plus d’un an. Des transferts qui n’ont aucun impact sportif direct. Certaines équipes sont prêtes à lâcher un bon joueur pour récupérer un paquet de contrats clairement sur-évalués, mais qui expirent avant 2010. Beaucoup de monde se place pour ce prochain sprint.



Mais on le voit bien pendant les étapes de plaine sur le Tour de France : ca devient vite lassant de passer son étape devant la télé à attendre finalement le sprint final. Pendant que tout ce beau monde a les yeux rivés sur l’été 2010, certaines écuries ont bien senti qu’il y avait des titres à gagner avant. Elles étaient parmi les mieux placées et la perspective 2010 n’a fait qu’accentuer les écarts de classe. On voit clairement une poignée de prétendants (LA, Boston, Orlando, San Antonio, Denver), des équipes sac de sable (Sacramento, NY) et finalement peu d’équipes outsiders ; ce qui fait déjà craindre des prochains play-offs assez peu intéressants avant les finales. Cette saison, malheureusement, risque de se limiter à l’hégémonie d’une paire d’équipes qui vont survoler la ligue et se battre pour le meilleur bilan à grands coups de « ne pas perdre contre une équipe moyenne ». Car des équipes moyennes, il risque d’y en avoir. Beaucoup.



Déjà, comment réagir lorsque l’on est coéquipier d’une de ses stars jouant au chat et à la souris avec leur prochain contrat ? Peut-on s’engager à fond dans une épreuve aussi longue et harassante qu’une saison régulière de 82 matchs, alors que l’on a en permanence ce flou entretenu par l’insistance des journalistes sur le sujet ? Comment gérer ça de la part du front office ? Comment faire les bons choix pour essayer de plaire à son leader, sans forcément compromettre l’avenir de la franchise en cas de départ ?



Ce qui est le plus frappant dans cette histoire d’été 2010, c’est qu’elle est surtout vue et traitée d’un point de vue financier. Certes, aux USA plus qu’ailleurs, le salaire est reflet de la réussite sociale, donc on imagine mal une star accepter une substantielle baisse de salaire, même si c’est pour permettre d’aller gratter un ou deux role players en plus. Et l’on ne va pas sombrer dans l’idylle totale en disant qu’il serait tellement beau de sélectionner un roster d’une petite dizaine de joueurs complémentaires, de leur présenter ce magnifique projet sportif accompagné d’un chèque d’1/10 de la masse salariale autorisée. La NBA est aussi un business, le système est fait de tel façon que l’argent est une composante à prendre en compte avec toute la gravité nécessaire.




Mais le fait est que 2010 semble être le Ground Zero pour certaines franchises. Et ce n’est pas en créant encore plus de place pour encaisser le salaire d’une autre star que l’angle d’attaque sera changé. Le projet sportif devrait avoir un rôle dans les décisions finales. Car la plupart des ses grands joueurs savent aussi, qu’au final, ils seront jugés au nombre de bagues. King James n’aura rien de royal sans sceau à son doigt, Wade ne devrait pas tarder à entendre parler de Shaq quand on lui parlera de sa bague.



Le problème, c’est que l’on parle de stars. Des joueurs avec un impact fort sur le jeu. Et que ça serait gâché que de ne pas mettre l’effectif au service de leur épanouissement. Mais on sait aussi que les titres se gagnent rarement seuls. Et il y a peu d’équipes avec un vivier déjà intéressant de role players. A la signature, cela risque d’être un frein conséquent. Une star va-t-elle s’engager sur le simple attrait d’une ville et la promesse d’un recrutement adapté ? La plupart de ces grands joueurs bientôt disponibles n’ont pas gagné de titres. Peut-être qu’il a manqué un petit quelque chose à leurs précédentes formations pour franchir le pallier suprême. Mais si leurs précédents GMs n’ont pas été capables d’effectuer le recrutement optimal pour leur permettre d’aller jusqu’au titre, en quoi ce nouveau GM y arriverait-il mieux ? Surtout que l’on ne sait pas vraiment quel sera l’état du marché. Les prix peuvent bien flamber. Surtout que si certaines équipes sont battues à la pêche au gros, elles risquent de se rabattre sur les joueurs de compléments, tant qu’à faire. Avec plus de flexibilité sous le seuil salarial pour négocier. Quitte à en enrôler certains uniquement pour faire office de monnaie d’échange plus tard dans la saison.


C’est peut-être ça aussi, l’attrait de cet été 2010. Il risque d’en découler une atmosphère très sitcom, avec ses affaires pleines de rebondissements. Avec une pointe de relationnel. Car avec un vivier comme celui-là, peut-être que certains joueurs pourraient s’entendre pour avoir encore plus de poids lors des négociations. « Amour, Gloire et Beauté » au parfum NBA. En attendant, il va falloir nous contenter de Friends. Car 6, c’est le nombre d’équipes qui risquent d’être vraiment intéressantes à suivre sportivement en 2009 ; et que l’on sait tous intimement que Ross et Rachel finiront ensembles.


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