19 juillet 2009

Qui pour David Lee ?

On pensait qu’il allait rapidement trouver preneur cet été. Finalement non. Essayons de comprendre pourquoi.



On l’avait déjà repéré sous le NYK d’Isiah Thomas. Il semblait être l’un des plus concernés et bagarreurs dans une équipe désespérément sans passions. Il allait gratter intelligemment les quelques miettes laissées par ses collègues solistes ; et ce avec une certaine efficacité. On se dit alors que bien entouré, David Lee ferait un role player très acceptable.



L’année suivante, le nouveau front office décide de passer à l’essorage. Dans une équipe complètement débridée, mais avouons-le d’un fond de jeu toujours aussi approximatif, David Lee aura encore plus l’occasion de s’exprimer. Surtout depuis que Zach Randolf n’est plus dans la place, échangé en cours de saison. La raquette se désertifie peu à peu côté Knicks, le poste 4 étant généralement attribué à un allier physique mais pas forcement besogneux (Al Harrington). La peinture devient donc le terrain de jeu attitré de Lee. Il galère en défense demi-terrain face à des vrais grands costauds, mais il s’éclate en transition dès que ça court un peu. Ca tombe bien, c’est la principale (la seule ?) consigne : courir. On est loin du fond de jeu construit que l’on pouvait voir sous l’ère D’Antoni à Phoenix, mais Lee est opportuniste et tire clairement son épingle du jeu. 16 points et presque 12 rebonds par match. Parmi les joueurs ayant le même profil, il tient clairement le haut du pavé.



Boire le calice jusqu’à Lee

Ce qui nous amène à cet été. On sait qu’il pourra apporter de fiers services. On sait aussi que les Knicks ont la phobie des contrats expirants après 2010, donc pourraient bien laisser filer son joueur à la première offre vraiment sérieuse (Lee est « restricted free agent », voir un billet précédent pour les explications techniques). Bref, on attend de voir. Et l’on ne voit pas grand-chose. En se penchant un peu sur la question, l’on tient un premier élément : l’agent du joueur réclame $ 10millions annuels pendant 5 ans. Le genre de contrat assez lourd, loin d’être anodin dans la gestion d’un roster.



Concentration sur 2010, crise ou n’importe quoi d’autre : toujours est-il que c’est le même contrat que Lamar Odom n’arrive pas à trouver. Certes, chaque situation est particulière et je n’aime pas comparer deux joueurs dans le seul but d’en dégager un meilleur dans l’absolu. Ces deux joueurs apportent des choses différentes, dans des styles qui leur sont propres, nous sommes d’accord. Mais il faut aussi avouer qu’un Odom parait plus solide et complet, on parle quand même d’un joueur qui a des qualités techniques digne d’un All-Star et un physique hors-norme. Beaucoup de GMs sont quasiment amoureux d’Odom mais aucun n’a pu lui dérouler un tapis rouge suffisamment long. Donc on peut légitimement estimer qu’ils en sont encore moins enclins pour accueillir un David Lee.



Les exigences salariales du new-yorkais (ou de son agent) sont donc trop hautes pour ce que les franchises peuvent offrir. Soit l’on appelle Keynes pour réguler tout ça (désolé pour cette « blague », mes études doivent me monter à la tête…), soit il va falloir être –substantiellement- moins gourmand. Soit on attend les Blazers.
C’est le bruit qui court en ce moment. Le premier vraiment persistant depuis l’ouverture du mercato. Portland a déjà fait une telle offre pour Millsap, que Utah s’est empressé de contrer (Millsap est aussi « restricted free agent »). Derrière Aldridge, Oden et Przybilla, la rotation intérieure des Blazers est en bois tendre. Il serait de bon aloi de rajouter un quatrième larron, histoire d’être tranquille. Surtout avec les problèmes (physiques ou de fautes) que peut rencontrer Oden. Avec des créateurs comme Roy, Outlaw ou Aldridge, le caractère plus besogneux de Lee devrait être un bon complément.



C’est en effet un joueur dont on a envie de croire qu’il s’intégrera facilement dans n’importe quelle armada en place. Il ne rechigne pas au contact et est un poids pour la défense adverse par son opportunisme; sans pour autant avoir beaucoup besoin du ballon. Mais qu’on ne s’y trompe pas, David Lee est un role player. Certes précieux, mais qui ne vaut pas $10 millions. Il pèse sur les défenses, mais son impact direct sur le jeu de son équipe est juste correct.




Mais il y a surtout cette grosse part d’ombre sur la défense. Tout d’abord, on ne l’a jamais vu particulièrement efficace en défense sur l’homme ; cela se comprend cette année où il était opposé à des adversaires pas taillés pour lui, mais il n’avait pas particulièrement été brillant les saisons précédentes. Bien sûr qu’il a des circonstances atténuantes en ayant dû faire contre mauvaise fortune bon cœur dans cette blague qu’est la défense des Knicks. Il faut néanmoins signaler que l’assiduité défensive est quelque chose qui s’entretient. Vivacité, agressivité, fluidité des aides sont des éléments qui se travaillent au fur et à mesure des matchs, à condition d’être dans une équipe qui fait au moins semblant de défendre. Bien qu’il se soit dépensé sans compter, saurait-il se mettre en osmose avec des coéquipiers qui veulent défendre ?



Et c’est là que l’on revient à notre étude de cas sur les Blazers. Portland a surtout besoin de défense. Signer quelqu’un qui aurait une vrai impact et insufflerait une vraie dynamique au secteur défensif pourrait faire franchir un cap à cette jeune troupe. On se demande donc si les propositions des dirigeants (à considérer qu’elles soient les même que dans les rumeurs) sont vraiment pertinentes.
Au final, l’on comprend mieux l’incertitude des franchises à parier sur David Lee. Tout d’abord, c’est un role player qui a des exigences trop grandes pour son rang. La faute à une saison cache-misère de NYK qui a gonflé ses stats. C’est le problème pour lancer des négociations : nous avons un role player qui n’a jamais joué dans une équipe réellement structurée. Il n’y a donc aucune garantie quant à son intégration et le vrai apport qu’il pourrait alors avoir. En conclusion, David Lee est beaucoup plus un « pari » qu’il n’y paraîtrait de prime abord. Dans cette période où les propriétaires comptent leur sous, ce n’est jamais bon.



Epilogue cette semaine, a promis Donnie Walsh, le GM des Knicks.


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