28 juillet 2009

Quelles perspectives pour Greg Oden ?

Oden a – enfin – pris part à sa première saison NBA. A l’heure du bilan, les sceptiques font entendre leur voix. Tâchons de voir le soleil derrière les nuages.



Un gros bébé de 2.13m pour 128kgs, c’est le genre de bonhomme qu’on repère vite. Il devient encore plus immanquable dès lors qu’il joue au basket-ball et qu’il truste les récompenses individuelles au lycée et à l’université : Mr Basketball de l’Indiana en 2006, McDonald’s All-American Team, All-American Team de l’Associated Press. Ca peut avoir des airs de classements en bois vu de loin, mais il s’agit vraiment de distinctions fortes.



L’avènement arrive. Draft 2007, sous les projecteurs et le regard bienveillant de David Stern, Greg Oden est sélectionné #1 par les Portland Trail Blazers. Roy vient d’être élu Rookie de l’année précédente, Aldridge n’a pas encore explosé. On n’attend du géant qu’il bouche un trou béant dans la raquette des Blazers. On découvre ce personnage atypique, drôle et décalé à la Shaq, qui colle parfaitement à cette équipe de jeunes gens talentueux et sympathiques.



L’engouement est tel qu’on passe rapidement sur une summer league pas forcément très solide. Mais tout cela, c’était avant le drame, bien entendu. Oden se blesse pendant la pré saison et manque l’intégralité de l’exercice 2007-2008. Pendant ce temps, Aldridge se révèle, l’équipe se défend mieux que prévu et récupère à la draft suivante quelques joueurs intéressants comme Fernandez, Bayless ou Batum. Cette fois-ci, c’est décidé, ça sera en 2009 que les Blazers vont vraiment éclore.
Match d’ouverture, face à des Lakers revanchards et favoris de l’exercice. L’affiche est belle. Oden se blesse à nouveau, sans relations de causalité avec sa précédente blessure. Le spectre de Sam Bowie apparaît de manière insistante. Pour rappel, il s’agit là d’un joueur dont la carrière a été minée par des blessures récurrentes. Perspectives plutôt angoissantes. Au final, Oden aura joué 61 matchs la saison dernière. Il n’aura pas eu le temps de convaincre, ça serait même plutôt l’inverse. A peine 9pts et 7rebs pour le messie de la raquette. Ce ne sont pas des statistiques très glamour, de surcroit pour un ancien #1 de draft.



Too shy shy / Hush hush, eye to eye


Ce colosse a pour mission première d’apporter du poids à la défense et d’être une force dissuasive par ses talents au contre. Il a souvent été limité dans son action par les fautes. Ca a souvent été son pêché mignon. Face à des roublards professionnels, il est d’autant plus sujet aux fautes que face à des universitaires ; surtout s’il l’on considère que les arbitres sont toujours plus sévères envers les rookies. En moyenne, il culmine à 4 fautes pour un temps de jeu d’à peine plus de 20mins. Il en découle un temps de jeu plutôt haché, ce qui complique la façon qu’on a de rentrer dans son match.



Cela pourrait expliquer pourquoi l’on voit un Oden assez emprunté sur le parquet. D’autant plus qu’il doit s’adapter au mode professionnel. En face, même si ils ne sont pas aussi grands que lui, les intérieurs adverses seront plus acharnés et fourbes qu’une bande de jeunes universitaires qui auraient pour le coup préférés avoir examen de maths que de devoir se coltiner le géant. Oden ne peut donc plus tirer profit de son physique hors-norme de la même façon qu’il avait l’habitude de le faire ; surtout qu’il doit gamberger pas mal à cause de sa série de blessures et il se peut qu’il se livre avec un peu de retenue. Ca reste toujours un sacré morceau, à lui de trouver comment en tirer profit efficacement chez les pros. Cela peut prendre du temps.



De plus, le jeu offensif est moins centré sur lui. Ce qui est tout à fait compréhensible avec des talents comme Roy, Aldridge ou Outlaw à ses côtés. Cela doit modifier son approche du jeu : il dispose de moins de tickets shoots, il doit adapter son placement et participer d’avantage à la mise en place offensive. Passer d’un one-man show à une comédie musicale ne se fait pas forcément facilement. Il avait des impératifs de production chez les jeunes, il se retrouve avec des obligations d’efficacité chez les pros. La valeur d’un shoot pris est différente, il faut savoir quand il est pertinent de prendre un tir ou quand on doit passer outre. La peur de gâcher semble le ronger.



Car il a beau avoir un visage de centenaire, Greg Oden n’en reste pas moins un garçon. Du genre timide. Un sacré lascar marrant quand il est en confiance, mais la coquille est dure. Il s’est sans doute replié encore plus sur lui-même face à la pression. Il ne s’est pas encore adapté au jeu pro qu’on lui demande de faire ses preuves de manières fracassantes. Ses problèmes de faute l’empêchent d’entrer totalement dans le flow du match. Il veut prouver sa valeur, mais manque de confiance.



Dans la jungle de la raquette, la bataille est si intense qu’il faut aller au cercle avec une conviction maximale. Greg Oden est encore hésitant et c’est ce qui l’empêche de faire la différence. Parce que le talent est là. Il a une certaine intelligence de jeu et a relativement de bonnes mains. On sent qu’il y a quelque chose mais qu’une bride en empêche l’expression.



On ose espérer que la pression médiatique retombera. On attend souvent avec impatience le premier match NBA d’un #1 de draft, alors l’effet cocotte-minute est amplifié quand ce premier match est finalement reporté d’un an. Il sera sans doute plus tranquille pour travailler son attitude défense, pour limiter ses problèmes de fautes. Mais le facteur décisif, il viendra de Roy. Le co-capitaine de cette jeune escouade a déjà prouvé toute l’étendue de son talent. Maintenant, il doit se révéler être un vrai leader. A lui (entre autres) de permettre à Oden de se lâcher pour pouvoir franchir un pallier de décompression et jouer sur sa vraie valeur. C’est un peu tôt, mais ce gamin a déjà fait preuve d’une telle maturité que rien ne parait impossible dans ce domaine. On espère en tous cas, car il n’y a rien de plus triste dans le sport que de voir un potentiel comme celui d’Oden rongé par le doute et l’anxiété.


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