15 septembre 2009

Iverson sur la route de Memphis

Le feuilleton aura duré tout l’été. Allen Iverson cherchait une terre d’exil pour se rappeler au bon souvenir des fans de NBA. Après un jeu de pistes médiatique, c’est finalement à Memphis qu’il ira poser ses valises.

L’an prochain, Allen Iverson sera donc un Grizzlie. Un sacré coup médiatique pour la franchise, dont la seule star par le passé a été Pau Gasol, qui était de quoi intéresser les amateurs mais pas de quoi faire se lever les foules. On peut même se mettre à rêver de voir des jeunes fans porter dans la rue un jersey des Griz’, hors de Memphis. En plus, cela nous donne l’occasion de consacrer un billet entier sur cette franchise, en plus de notre prochaine preview.

Et pourtant, médiatiquement, ce choix est loin d’être le plus glamour. Tellement que nous sommes rapidement passé dessus lors d’un précédent billet. A peine le temps de dire que c’était une idée ridicule sur le plan sportif. Mais nous voilà donc devant les faits accomplis, ce qui va nous pousser à creuser d’avantage l’analyse. Mais l’on a beau retourner le problème dans tous les sens, le bien fondé de cette signature nous échappe.


Même d’un point de vue médiatique, ce qui semble être la première motivation de cette transaction, le vase est plus qu’à demi-vide. Allen Iverson aux Memphis Grizzlies, ça sonne quand même footeux pré-retraité en exil au Qatar. Oui, c’est un grand nom, oui il a toujours cette vista et son aura ; mais y aura-t-il un impact majeur dans un marché plutôt moribond ? Memphis ne pourra pas créer un engouement au niveau national et la présence d’Iverson dans l’équipe deviendrait presque anecdotique. Alors qu’un marché plus porteur (New York, Miami) aurait été plus à même de faire vibrer les foules au rythme des prestations du génial lutin, quelque soit le bilan comptable.

Mais soit, Allen Iverson est déterminé à prouver sur le terrain ce dont il est capable ; peu importe finalement le glamour de sa nouvelle franchise. Ca va au-delà de la simple image, c’est une véritable rédemption qui le motive. Et c’est là que les ennuis commencent. Car si l’opération marketing est discutable, les perspectives sportives s’annoncent clairement mauvaises. Allen Iverson n’est pas ici pour se laisser vivre ; les derniers mois l’ont beaucoup marqué et il prend personnellement les remarques sceptiques sur sa valeur réelle.


Cela fait caisse de résonnance avec sa volonté affichée d’être dans le 5 majeur et de ne pas changer de moule sur simple demande de son entraîneur. Allen Iverson semble plus que jamais obnubilé par « faire du Iverson », ce qui n’aurait pas été une mauvaise chose en soi, à considérer qu’il ait pu signer dans une équipe faite pour l’accueillir. Car même si la complémentarité d’une association entre Iverson et Mayo/Conley/Jaric peut se révéler pertinente sur certaines séquences, nul doute qu’ils devraient finir par se marcher sur les pieds. Car Iverson n’est pas du genre à faire dans la mesure, et ces déclarations pleines de flamme et de détermination tendent à indiquer que ça ne sera pas cette année qu’il va jouer avec le frein. Des OJ Mayo, des Rudy Gay voire des Marc Gasol risquent de ne pas avoir l’opportunité de s’épanouir totalement ; alors qu’au contraire, l’on devrait gaver ces talents de schémas dédiés pour leur faire engranger un maximum d’expérience. Avec un contrat d’un an, Iverson devrait avoir plutôt le rôle d’éducateur. Nul doute qu’il sera un modèle d’engagement pour ses coéquipiers, mais saura-t-il les mettre dans les meilleures dispositions sur le terrain ? Cela n’a jamais été son jeu, où il excelle avec une équipe bâtie autour de lui. Au final, l’expérience pourrait même être vécue comme une bride par ces jeunes joueurs et non comme une incitation au dépassement. D’autant plus quand il y a déjà un gaillard comme Zach Randolf, pas du genre à laisser sa part au chien.

Mais Allen Iverson reste ce grand joueur que l’on connait. Cela aurait été une grande perte de le voir tirer sa révérence si tôt. Autant le voir dans ces conditions que de ne pas le voir du tout. Plus de la moitié du roster actuel des Griz a moins d’une année NBA dans les jambes ; et pour ceux-là en particulier, jouer aux côtés de The Answer sera quand même une sacrée dose d’adrénaline. Les fans de Memphis vont voir jouer sous leurs couleurs l’un des arrières les plus prolifiques de tous les temps. Alors, certes, l’on a passé tous les précédents paragraphes à dire que ce transfert est rationnellement infondé. Mais la NBA, et le sport en général, se nourrit de ces affects pour se sublimer. Donc pourquoi pas, l’impact sur la communauté pourrait bien se révéler plutôt positif.

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