8 novembre 2009

Kobe a encore changé de dimension

On ne peut pas ne pas éprouver une forme de tendresse lorsque l’on évoque Kobe Bryant. En effet, c’est clairement un joueur que l’on a vu grandir. De son côté chien fou et tête brûlée pour son arrivée dans la ligue jusqu’à la maturité d’un leader et d’un MVP incontesté, en passant par le jeune merdeux arrogant qui gagne des titres, qui s’embrouille avec son grand frère Shaq et prend des grands airs de diva avant de se remettre en question.

Kobe Bryant n’a pas cessé d’évoluer dans son jeu, avec l’excellence comme dénominateur commun. Son jeu n’a cessé de se peaufiner, de s’étoffer, pour devenir pratiquement inarretable ; ce qui s’est soldé par un trophée de Mvp puis de Mvp des Finales au cours de ces deux dernières années. Mais ce début de saison témoigne que Kobe ne compte pas s’arrêter là.

Commençons par jeter un œil au bilan : les Lakers sont à 5-1, avec un couac face à une équipe de Dallas qui risque d’être un féroce poil à gratter tout au long de la saison. Un démarrage comptable somme toute solide. Ce qui apparait logique pour un champion en titre, favoris pour sa succession et qui jouit de plus d’un calendrier plutôt arrangeant jusqu’alors. Oui, mais quand on y regarde de plus près, la tâche était plus ardue qu’elle n’y paraissait : tout d’abord, Pau Gasol est obligé de ronger son frein sur le banc. L’espagnol était, selon moi, le meilleur joueur de la saison dernière pour les Lakers, donc son absence apparaît comme très préjudiciable. On notera que Ron Artest, malgré toute son énergie et son application, n’est pas parfaitement familiarisé avec le Triangle, alors qu’il est sensé jouer un rôle majeur dans la dynamique de l’équipe. Le banc, quant à lui, montre de clairs signe de défaillances et l’on est loin de l’apport qu’il avait il y a à peine 2 ans. Le problème de la mène se pose toujours, avec un Fisher qui de par son expérience a certes une place légitime dans le 5 majeur et dans les moments chauds, mais à qui il faut désespérément un relai tant sa production est très limitée. Pour couronner le tout, Andrew Bynum était blessé pour la dernier match (rien à voir avec ses satanés genoux, l’on vous rassure).


Et pourtant, malgré des conditions loin d’être optimales, les Lakers ont passé relativement sereinement ces premiers jours de compétition. La philosophie du Zen Master, magnifiquement relayée par son leader : une quiétude jamais mise à mal, même quand il a fallu batailler jusqu’en prolongation pour battre successivement les Thunders et les Rockets qui ne jouent pas avec les même ambitions que les pourpres et or, ce qui auraient pu faire naître quelques remous chez d’autres équipes. Mais avec un prédateur comme Black Mamba, ça facilite les choses. Cette impression de fatalité relayée encore cette année dans l’annuel sondage des GMs, qui placent à l’immense majorité Kobe Bryant comme le joueur le plus clutch de la ligue.


Mais au-delà de ça, c’est sa faculté à tenir la baraque qui impressionne. Peut-être l’a-t-on dit à tord par le passé, car ce n’est vraiment que maintenant que Kobe porte littéralement son équipe. Il a pris feu par le passé, il s’est arraché pour être sur-productif pour combler un quelconque déficit ; dorénavant, les choses arrivent tellement plus naturellement. Quasiment 35pts par match, sans que soit pointé du doigt une éventuelle boulimie de shoots. Le jeu vient à lui, il force beaucoup moins que par le passé mais il atteint là des hauteurs statistiques dignes de ses prestations les plus actives. Elle est facile et rabâchée inlassablement, mais la comparaison avec Michael Jordan s’impose. Surtout quand on voit Kobe travailler d’avantage au poste bas, évolution dans le jeu qu’a eu His Airness sur le second Three Peat. Cela s’est notamment vu lors du match contre Houston où Bryant a pu scorer massivement alors qu’il avait Shane Battier –le meilleur « Kobe-stopper » du moment – sur le dos ; rebelote contre les Grizzlies où le Laker a pilonné face à des adversaires moins physiques que lui. Tout ceci est le fruit d’un travail estival avec Hakeem Olajuwon, excusez du peu. The Dream a été flatté et agréablement surpris de la soif d’apprendre dont a fait part Bryant, un joueur sur le toit du monde basketballistique venant tout juste d’être nommé Mvp des dernières Finales et que l’on considère comme le joueur le plus talentueux en activité. Le voilà qui augmente encore son arsenal avec tout un tas de feintes (dont le Dream Shake) poste bas : ça fait vraiment peur.

Cette passion qui le brûle lui a permis de franchir un nouveau palier. Il mène une équipe au collectif encore approximatif, avec une solidité remarquable. Certes, le retour de Pau Gasol va lui offrir un sacré relai sur lequel il ne manquera pas de s’appuyer ; mais en regardant les stats de ce début de saison, l’on se rend compte que Bryant est parti sur des bases stratosphériques, sans avoir cette désagréable sensation du 1 contre 5, mais que le jeu vienne presque naturellement à lui. Le basket, c’est un sport qui se joue à 5 contre 5 et à la fin, c’est Kobe Bryant qui gagne.

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