13 novembre 2009

Nouveau départ pour les Hornets

Byron Scott, le coach des New Orleans Hornet a été viré hier soir. Il paie sans doute un début de saison peu convainquant, qui fait suite à une saison en-deçà des espérances. Analyses du premier gros mouvement de la saison 2009-2010.

La vie est dure pour les coachs, souvent considérés comme des fusibles. Le front-office a souvent la main leste et il y a peu de passe-droit. Parmi les 4 derniers lauréats du trophée d’entraîneur de l’année, seul Mike Brown (dernier en date à l’avoir obtenu) est encore en place à Cleveland. Comme Sam Mitchell ou Avery Johnson avant lui, Byron Scott s’en va par la petite porte alors qu’il a connu les honneurs en 2008.

Mais ce cas-là est encore plus frappant que les autres pré-cités. Car Byron Scott jouit d’une certaine aura, qui va bien au-delà des talents de coach qu’on lui a reconnu via son Coach of the Year Award. Tout d’abord, il faut bien avouer qu’il a une certaine stature et élégance sur le bord d’un terrain, ce qui est un atout loin d’être négligeable. Mais aussi, il a été un membre émanant des fantastiques Lakers du Showtime ; forcement, ça aide niveau charisme dégagé. Et puis il y a quelques épiphénomènes qui ont pris une importance majeure dans l’esprit des gens au moment de se prononcer sur Scott. Comme par exemple, la rumeur insistante qui veut que Kobe Bryant souhaite ardemment être coaché par l’ancien Laker ; ce qui donne du poids à une éventuelle candidature de Scott pour la succession de Phil Jackson. D’ailleurs, de nombreux angelinos y voient une opportunité en or, espérant que Byron Scott reste en free-lance jusqu’à la retraite du Zen Master.


Bref, tout un tas de choses qui font dire que Scott n’est pas n’importe qui et qu’un limogeage peut apparaître choquant. Surtout que c’est un coach qui a emmené les Nets de Jason Kidd en Finales NBA, et ce deux fois de suite, un an seulement après avoir repris en main une équipe au bilan catastrophique. Mais il ne faut pas non plus omettre l’épilogue de cette aventure du côté de NJ : Kidd a mené une sorte de mutinerie visant à démettre Scott de ses fonctions. Et dès la saison dernière, l’on a clairement vu que de nombreux joueurs n’adhéraient simplement plus au message de coach Scott. La terrible humiliation en PO (-58pts dans un match à domicile face à Denver) n’en étant que l’apothéose. Quelque chose était cassé dans la dynamique de l’équipe. Le gros contrat de Byron Scott lui accordait un sursis, mais le training camp n’a pas été l’occasion d’un nouveau départ et les Hornets poursuivent dans leur marasme.

Certains joueurs, comme David West lors d’un point presse après l’annonce du départ de Scott, n’ont pas hésité à souligner un certain manque de schémas et d’exécution tactique de la part du coaching staff. Des membres de l’organisation ne sont pas d’accord sur le temps de jeu accordé à certains joueurs, on pointe notamment la sous-utilisation du rookie Darren Collison. On en arriverait à se demander sur Byron Scott est un SI bon coach que cela.

Tout d’abord, on peut remarquer que les Hornets ont eu à faire avec un calendrier particulièrement corsé, ce qui n’aide en rien à recréer une dynamique positif autour d’un groupe plutôt fragile : San Antonio, Sacramento, Boston, NewYork, Dallas, Toronto, LAL, LAC, Phoenix ; soit un pourcentage de victoires moyen de 58% pour les adversaires des Hornets. Mais surtout, ce que l’on retiendra aisément à la décharge de Scott, c’est son roster. Il ne dispose pas d’un vrai pivot depuis le départ de Chandler, et les postes d’arrières et d’ailliers sont quasiment vacants avec un Stojakovic rongé par l’âge et les problèmes de dos et un Posey qui n’est que l’ombre de lui-même. On pourra même lui accorder qu’un duo David West – Emeka Okafor à l’intérieur est certes talentueux mais un peu court pour vraiment tenir tête, surtout dans le Far West.


Et c’est là que la solution miracle arrive. Le nouveau coach des NOH sera Jeff Bower, GM de la franchise depuis 2005. Histoire de le mettre devant ses responsabilités. Ce que le propriétaire de la franchise déguisera juste sous un « c’est celui qui connait le mieux notre équipe », sans pour autant ne pas oublier de préciser qu’il n’aura du coup pas l’excuse de ne pas avoir les joueurs dont il aurait besoin. Le proprio qui n’est évidemment pas tout blanc dans l’histoire, ayant la réputation d’être plutôt près de ses sous. Remarquez, ça tombe bien, Jeff Bower a d’avantage un look de banquier que d’entraîneur sportif.

Il a gravit lentement les échelons, passant notamment par assistant coach et scout, pour arriver finalement GM. Toujours est-il qu’il est plutôt maigrichon, niveau faits d’armes. Il a des connaissances en matière de basket indéniables. Il pourrait bien même se révéler être un coach plus technique que Byron Scott, et donc poser un cadre concret dont l’équipe avait a priori bien besoin. Mais l’on peut se demander s’il a la stature pour être accepté par Chris Paul.

Chris Paul, la pépite de New Orleans, que beaucoup n’hésitent pas à qualifier comme étant le meilleur meneur actuel. Il est forcement frustré de la situation actuelle, mais en adéquation avec l’image du gendre parfait qu’il renvoi, il reste fidèle et se dédie corps et âme à la ville de NO. Mais il ne faut pas négliger les rapports qu’ont tissé Paul et Scott. Ce dernier a en quelques sortes tiré les leçons des déboires qu’il a connu en 2004 avec Jason Kidd et a établi une relation privilégié avec son jeune meneur. D’autant plus que Chris Paul est un affectif, qui a au final connu très peu de coachs ces dernières années : Skip Prosser à l’université (Paul est d’ailleurs apparu très marqué à ses funérailles il y a quelques mois) et donc Byron Scott chez les pros. Et alors que la majorité de l’équipe semblait déconnecté par rapport à Scott, CP3 semblait toujours adhérer au projet. Il y a le risque que ce qui pourrait être comme un électrochoc salvateur pour la quasi-totalité du roster puisse avoir un effet néfaste sur leur leader.

Mais Jeff Bower et Chris Paul ont un intérêt commun : sauver la saison des Hornets. Et au final, cela pourrait bien les transcender l’un comme l’autre. Le problème est de savoir ce qui sera considéré comme étant un bon résultat : durant la saison 2007-2008, rétrospectivement, les Hornets étaient clairement en surrégime. L’arrivée prometteuse de James Posey a entraîne des attentes démesurées, qui redescendent comme un soufflé. Mais après avoir connu la folie des grandeurs il y a moins de 2 ans, les Hornets auront-t-ils l’humilité nécessaire pour considérer avec du recul le bilan futur de cette saison 2009-2010 ? Vu les concessions qu’entraineront ce changement d’entraîneur, peut-être la pilule sera difficile à avaler.

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