11 janvier 2010

Jamison aux Cavs : peut-on y croire ?

C’est un des bruits les plus persistants du moment. Cleveland cherche à peaufiner encore son roster et aurait des vues sérieuses sur Antawn Jamison. Un beau poisson pour venir compléter l’armada de King James, voilà qui a de quoi affoler tous les amateurs de basket. Mais ce mouvement est-il possible et/ou légitime ?

Cela fait un bon moment qu’il se murmure que Cleveland veut acquérir Antawn Jamison. Des rumeurs aussi insistantes ne peuvent pas être infondées. C’est vrai que l’idée est de prime abord assez séduisante, mais nous allons voir que le bas blesse lorsque l’on lorgne dans le détail.

On comprend aisément qu’autant de personnes se creusent la tête pour faire venir le #4 des Wizards sous les couleurs des Cavaliers. Car c’est un joueur qui répond parfaitement aux besoins identifiés de Cleveland. Tout d’abord, bien qu’il ne soit pas réputé comme étant un grand défenseur, il pourrait apporter une contribution salutaire. En effet, sa densité physique et sa vivacité pourraient être très utiles sur les pick’n roll. L’on sait le Shaq peu enclin à sortir sur les extérieurs, alors qu’un Jamison pourrait les chasser assez loin. En attaque, son shoot va écarter les défenses pour faire de la place au jeu dos au panier The Diesel ou pour les pénétrations de King James. De plus, les schémas pourront rester tout aussi Lebron-centriques qu’ils ne le sont actuellement (petite critique à l’égard de Mike Brown au passage), Antawn Jamison ne réclamant généralement assez peu d’appel de tactiques pour lui, il se contente d’avantage d’être opportunistes sur les faits de jeu. Le dernier point transparait de celui-ci : Antawn Jamison est un bon gars. Agressif sur le terrain, il n’en est pas moins complètement focalisé sur l’intérêt collectif. Un pur homme de vestiaire dont l’intégration se fera facilement et en douceur.

Du côté de Washington, l’heure est à la désillusion. Il y a eu le trio magique Gilbert Arenas – Antawn Jamison – Larry Hughes, qui a donné plus de couleurs à la capitale que His Airness himself. Puis Caron Butler a pris la place de troisième menace du trident des Wizards. Cela a donné quelques belles joutes en PO, mais malheureusement rarement gagnantes. Lors des deux dernières années, les blessures des uns et des autres ont profondément gâché leurs espoirs. Puis est venu l’heure de l’affaire Gilbert Arenas : la NBA a suspendu l’Agent Zero jusqu’à nouvel ordre à cause d’une sombre histoire d’arme à feu. Ce groupe n’aura apporté finalement que de la frustration et cette nouvelle absence de leur meneur marque définitivement la fin des ambitions de ce roster. Les joueurs eux-même parle d’un climat plus que négatif dans la capitale. Bref, un coup de balai pourrait bien s’avérer pertinent. D’autant plus qu’un nouveau propriétaire a récemment pris le contrôle des opérations après le décès d’Abe Pollin ; donc il existe un aspect affectif quasiment nul.


La théorie du nouveau départ semble la plus plausible quant à la justification d’un départ d’Antawn Jamison. Ce qui sous-entend que Washington attend en retour des contrats expirants et des jeunes prometteurs. Car il y a de grandes chances pour que le front office arrive à négliger le contrat de Gilbert Arenas pour faute grave, ce qui laisse envisager une sacrée marge de manœuvre sous le salary cap pour l’été prochain. Seulement voilà, il y a assez peu de joueurs dans le roster des Cavaliers qui aient un profil intéressant pour les projets des Wizards. Le seul joueur assez jeune qui ne représente pas une rotation majeure pour l’équipe, surtout dans l’hypothèse d’une arrivée d’Antawn Jamison, ce serait JJ Hickson. Voire Daniel Gibson, qui a disparu de la circulation depuis quelques temps. Rien de bien transcendant.

Si on lorgne du côté des contrats expirants, l’on note deux contrats majeurs. Car rappelons que dans les règles NBA, il doit y avoir une certaine correspondance entre les salaires engagés dans les deux parties de l’échange. Donc pour amortir les $28 millions qu’Antawn Jamison recevra l’an prochain, il faut que Cleveland se sépare d’un contrat un minimum pesant. C’est là que la sélection s’affine : Shaquille O’Neal et Zydrunas Ilgauskas. Le premier a fait une arrivée très médiatique du côté de l’Ohio cet été. Force est de constater que Shaq encaisse bien : tant grâce à son apport défensif que via sa réaction (ou plutôt non-réaction) quant à être clairement au second voire troisième plan dans cet effectif des Cavs. Et puis, les raisons qui ont poussé Cleveland à l’enrôler n’ont pas changé : il apporte une présence intérieure des plus massive mais surtout il est le seul Cavalier à avoir gagné un titre (même 4, en l’occurrence), ce qui lui confère une expérience archi-précieuse dans la quête de Cleveland.


Le second nom est donc celui de Zydrunas Ilgauskas. Mais le fait est que Big Z est un monument à Cleveland : il est présent depuis la saison 1997-1998. Certes, c’est un business, mais le front office va-t-il faire l’affront de jeter leur plus grand lieutenant après tant d’années de bons services, l’année où ils seraient enfin champions ? Les fans risqueraient d’avoir du mal à le digérer et surtout, cela fera d’autant plus réfléchir Lebron James quant à son avenir au sein de la franchise. On évoque après tout un tas de scénarios saugrenus. Comme par exemple l’hypothèse d’envoyer Zydrunas à Washington se faire couper son contrat et revenir signer au bercail après les 30jours réglementaires. Barry ou Stackhouse l’ont fait récemment pour des prétendants au titre, mais dans le cadre d’échanges de moins grande ampleur. Pas certain que David Stern voit d’un bon œil cette éventuelle magouille. Et s’il ne l’interdit pas, cela ne donnera qu’encore plus de grain à moudre à ceux qui soupçonnent The Choosen One d’être ostensiblement protégé par la NBA. Alors, quoi ? Ca ressemble à un sacré coup de poker que doivent tenter les dirigeants. On attend la river vers juin prochain. Ce qui laisse bien du temps pour tenter du bluff.

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