22 janvier 2010

MVPuppets : fini de rire

Le Lakers @ Cavs d’hier a placé la rivalité entre Kobe Bryant et Lebron James à un niveau supérieur. Il a aussi marqué le vrai coup d’envoi de la saison pour les champions en titre.

On le sait, les premières semaines de la saison régulière paraissent bien insignifiantes pour situer les cadors au moment des PO. On a coutume de dire que la « vraie » saison, au sens captivant du terme, arrive un peu après le All-Star break. Cette année, les hostilités ont commencé avec quelques jours d’avance, à la faveur d’un Lakers @ Cavaliers riche en substance.

C’était officiel avant le match, les Lakers le clamaient haut et fort : les Cavaliers ne sont pas des rivaux. C’est vrai que quand on regarde rétrospectivement, il en faut beaucoup pour dépasser l’antipathie profonde qu’ils éprouvaient à l’égard des Celtics pas plus tard que l’an dernier.


Toujours est-il qu’après le match, il semblerait que l’ennemi public numéro 1 ait changé de maillot. Alors que le cinglante défaite du Christmas Day pouvait être due à un manque d’implication, on a pu avoir l’impression que les Lakers ont été hier soir battu par plus forts qu’eux. Le genre de sentiment que l’on n’a pas eu dans la cité des anges depuis, disons, les Finales 2008. Forcement, cela inquiète tant les fans (regardez ce qu’il se dit un peu partout sur le web) que les joueurs eux-même. Bien sûr, Phil Jackson fait,lui, preuve d’un sang froid imparable. Le Zen Master a bien insisté qu’il ne s’agissait que d’un match de saison régulière et qu’il ne pense pas que ses Lakers et ces Cavs jouent dans la même catégorie. Il a même joint les actes aux paroles, en laissant Kobe Bryant sur le banc pendant une bonne partie du quatrième quart-temps, voulant épargner à sa superstar des souffrances à l’entame d’un back-to-back.

Au final, cela fait 2-0 pour les Cavaliers cette saison. Le tout avec la manière. Car, avons-le, l’an passé l’on voyait au mieux des équipes qui auraient pu titiller les Lakers dans une série à 7 matchs ; mais cette année, l’on ne serait pas aussi prompt et l’on considère qu’il y a des vrais chances pour que les Cavaliers puissent terrasser l’ogre californien. Cleveland est un vrai cauchemar pour les Lakers.

Tout d’abord, leur peinture est extrêmement compacte. Bynum, Gasol ou Odom n’ont jamais pu faire parler leurs qualités physiques pour dépasser les défenseurs des Cavs. Ils n’arrivent donc plus à créer le décalage puisque ne suscitent pas d’aides défensives et s’avèrent particulièrement stériles en un-contre-un, notamment contre le Shaq. Sur les extérieurs, ils ont de vrais pestes qui se relayent sur Kobe Bryant : des spécialistes comme Anthony Parker ou Jamario Moon, des teignes comme Delonte West voire le buldozer Lebron James. Ils apportent des profils différents et obligent chacun à leur manière Kobe Bryant à aller piocher dans son panel offensif.


En parlant de Kobe, touchons quelques mots du duel phare du match. Une fois encore, Kobe Bryant et Lebron James, les deux plus grandes stars de la ligue, ont partagé la même scène. Pour la deuxième fois cette saison, Lebron James est sorti victorieux, avec qui plus des stats bien plus à son avantage que pour son homologue. La foule ne s’est pas trompée, elle a acclamé son héros avec de bruyants « M-V-P ! ». Et en effet, la course au titre de MVP semble désormais enterrée. On s’était demandé récemment si le comportement acharné de Bryant ces derniers temps n’étaient pas pour prouver qu’au-delà de ses blessures, il pouvait atteindre un niveau extraordinaire et ainsi obtenir son second titre de meilleur joueur de la saison. Jusque maintenant, tout le monde s’accordait à dire que deux noms se détachaient : ceux de nos deux compères. Les challengers de l’an dernier, comme Dwyane Wade, Dwight Howard ou Chris Paul semblent plus en dedans, sans qu’aucun autre joueur ne puisse prétendre atteindre ce rang. Bref, la lutte pour la distinction suprême semblait s’être réduite à un bras de fer. Du coup, les confrontations directes vont avoir un impact énorme sur le choix des votants. Et là, le titre semble promis à Lebron, sauf revirement vraiment exceptionnel.

Kobe doit bien savoir que le MVP lui a filé entre les doigts ces derniers jours et que ce duel n’a fait qu’entériner d’avantage les choses. Surtout qu’il faisait jeu égal avec Lebron en première mi-temps mais qu’il a baissé de régime en seconde période, bien aidé par les prises à deux de la défense adverse. Prises à deux dont n’ont pas su profiter ses coéquipiers. La raison était criante : les Cavaliers avaient la rage au ventre. C’était une opposition entre un aspirant au titre et un champion en titre. Les Lakers n’ont pas su se mettre au diapason de leurs adversaires ; certes ils étaient appliqués, mais ils manquaient de dureté physique. Un problème que l’on évoquait parfois l’an dernier et que l’arrivée de Ron Artest n’a pas gommé.

Les problèmes de match-ups évoqués plus haut sont profonds et existentiels. Et le roster de Cleveland apparaît aujourd’hui comme le plus préparé pour affronter les Lakers. Mais si LAL a été battu hier soir, c’est d’abord en intensité. Et ça, Kobe Bryant ne peut pas le supporter. Ils ont le talent mais la ténacité des Cavs les a frustré. Cela rappelle une nouvelle fois la défaite face aux Celtics. Et après un été 2009 passé à savourer, Kobe Bryant a remis les pendules à l’heure dans la conférence de presse d’après-match. Les entrainements vont être physiques et âpres. Ils doivent combiner le style léché de la Western Conference avec la dureté des contacts que l’on trouve plus traditionnellement sur la côte Est. D’ailleurs, leur raod-trip de 8 matchs à l’Est leur sera particulièrement bénéfique pour se jauger de ce point de vue là.


C’est officiel, Kobe Bryant a la haine. Il était motivé pour la conquête d’un nouveau titre, il a de nouveau clairement la rage et est concentré à 100% sur juin prochain. Peut-être demandera-t-il plus à ses coéquipiers, ce qui serait une bonne nouvelle. Vu son niveau de blessures, il n’a pas à prendre autant de responsabilités offensives, surtout pas avec autant de talents autour de lui. Ils n’ont pas su répondre hier, et nul doute que le Black Mamba leur en tiendra rigueur et sera beaucoup plus après eux qu’il ne l’a jamais été cette saison. Si on liste les meilleurs joueurs, sur le papier, présents sur le parquet hier, on aurait donc Lebron James puis Kobe Bryant, suivi de Pau Gasol, Lamar Odom, Andrew Bynum, Ron Artest, avec peut-être Shaquille O’Neal qui s’intercale là-dedans. Ce roster est bourré de talents que le capitaine doit catalyser. Maintenant que ses rêves de nouveau trophée de MVP seraient envolés, KB24 n’a plus qu’à mettre toute son énergie à ce que son équipe soit de nouveau une véritable machine de guerre.

Certes, l’an dernier, Orlando avait de même gagné sa série contre LAL en saison régulière. Mais les Cavaliers ont de l’expérience à faire valoir, à commencer bien sûr par Shaquille O’Neal, mais aussi avec des joueurs comme Lebron James, Zydrunas Ilgauskas ou Anderson Varejao qui, on a tendance à l’oublier, sont parvenus une fois jusqu’en Finales pour se faire cueillir tranquillement par les Spurs.

Les Lakers se sont fait un nouvel ennemi. Ce qui leur manquait cruellement depuis le début de la saison. Une entame d’exercice assez complaisant, avec à peine quelques anicroches, dont une contre des Denver Nuggets d’ailleurs aussi assez rugueux. Ils ont 4 mois pour ré-hausser leur niveau d’intensité pour répondre à une équipe qui pourrait les battre sur une série si les PO commençaient demain. Pas de beaucoup, certes, vu que le match d’hier était à 87-87 à 1 :30 de la fin. Mais suffisamment pour que la balance puisse pencher du côté de l’Ohio en 7 matchs. Kobe vs Lebron, ce n’est plus quelques piques lancés par des marionnettes pour une pub de leur équipementier, c’est devenu du serious business.

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