12 août 2009

Flo Pietrus : le piège Bobcats ?

Consultant très particulier auprès de l’Equipe de France, Larry Brown a posé de nouveaux jalons. Il a aussi marqué sur ses tablettes le nom de Florent Pietrus. Petit tour de la situation.



Comme nous ne traitons que de l’actualité NBA, l’occasion était trop belle pour ne pas toucher quelques mots à propos de l’équipe de France de basket. Actuellement bien partie dans son tournoi de repêchage pour le prochain Euro, l’EDF se construit un groupe efficace et solide sous la houlette de Vincent Collet et donc l’œil du sage Larry Brown. Les deux louent l’impact de Florent Pietrus tant sur le terrain que dans les vestiaires. Pourtant effacé en club, Pietrus semble s’offrir un bon bol d’air revitalisant au contact de l’équipe nationale.



Leader spirituel et spécialiste de la défense, Pietrus n’est pas parvenu à avoir un impact dans une équipe de Valencia qui lui ressemblait peut-être moins (l’entraineur qui l’avait recruté l’été dernier a été limogé très tôt dans la saison). Il est vrai que le style de Brown pourrait lui convenir et que les Bobcats seraient une occasion de rebondir. Un travailleur acharné, qui n’a pas peur des tâches ingrates ; il serait plutôt complémentaires, derrière des joueurs dont peu, au final, sont de vrais postes 4.



Le problème vient de ses mensurations. 2m01, cela fait plutôt court sur pattes pour un poste 4 dans la jungle de la NBA. Un Luis Scola lui rend déjà près de 5cms. Et surtout Pietrus n’a pas le talent de l’argentin de l’autre côté du parquet. En effet, le fait d’être assez frustre en attaque condamne presque tous les espoirs du français de fouler, à 28ans, un parquet NBA. Un bon défenseur intérieur, en deuxième ou troisième rotation, va vite être d’avantage utilisé comme chair à canon s’il ne peut représenter une menace offensive. La règle de la défense illégale devrait lui permettre de valoriser son dynamisme dans les intervalles, mais ses difficultés à se créer des opportunités devraient l’handicaper au moment du choix de Charlotte, qui devrait vraisemblablement se tourner vers un gabarit plus massif pour faire quelques piges défensives au poste 4. Mais surtout, l’on peut se questionner sur le bien fondé de ce bruit. Si elle est très vraisemblable, il faut bien voir que la longueur des tablettes des franchises NBA est assez imposante, surtout quand il s’agit de bricoler son effectif dans les détails. Rien nous dit que Pietrus y soit haut placé ; d’autant plus que l’équipe était parmi les pires en attaque de toute la NBA et le transfert pour Tyson Chandler ne nous pousse pas à imaginer que la tendance va s’inverser.



Alors après, il y a toujours l’exemple Bruce Bowen, passé par la ProA avant de devenir une pièce maitresse d’une équipe plusieurs fois championne NBA. Le fait qu’être un bon défenseur, efficace en aides, ne peut pas se détecter dans les summer camps. Le fait que Dennis Rodman ne faisait « que » 2m03 et a réussi avec sa hargne et son sens du placement à être 7 fois de suite meilleur rebondeur. Quelques signes encourageants, qui pourraient pousser celui qui pourrait déjà passer pour un baroudeur à tenter le coup. Quand on vous donne l’opportunité de jouer (ou l’espoir d’une opportunité) en NBA 6ans après votre inscription à la draft, cela doit forcement vous titiller.



Si cela se concrétise, cela pourrait même être dangereux pour Pietrus. Ses précédentes saisons montrent qu’il lui faut un environnement adapté pour vraiment s’exprimer. Cela fait quelques temps que s’il assure en EDF, c’est parce qu’il a été sélectionné pour son mérite passé en sélection que sur ses performances en clubs. S’il n’est pas arrivé à réellement percer en Liga, il risque d’avoir encore plus de mal en NBA où, dans son registre, de nombreux athlètes américains –peut-être d’avantage bêtement bourrins- risquent de lui tenir la dragée haute. Dès que l’on creuse un peu dans les joueurs de rotation, la vie est loin d’être facile pour les benchers NBA. A 28ans, après des années difficiles en Espagne, il n’a pas besoin de cela. Il a besoin de temps de jeu, sa passion débordante en a besoin. Même s’il trouve sa place dans le roster des Cats, son temps de jeu ne sera pas épais. Il vaut mieux qu’il s’éclate plus longtemps, sur un parquet européen. Ca peut paraître cruel comme conseil, mais je pense que ça serait pour son bien. En revanche, j’ai conscience que cela serait un choix difficile à prendre, j’espère donc vivement que ce transfert restera à l’état de bruit de couloir.

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