Quels critères régissent la nomination du coach de l'année ? Si le résultat du MVP ou du défenseur de l'année sont rarement des surprises tant les critères paraissent objectifs, le coach de l'année n'est en aucun cas le coach dont l'équipe a fait la meilleure saison ou qui a mis en place les tactiques les plus adaptées pour vaincre chaque adversaire.
L'histoire nous montre qu'une flopée de coach de grands talents n'ont jamais connus les honneurs de ce prestigieux trophée. Certes, beaucoup plus de grands joueurs ne seront jamais MVP, mais être choisi parmis ses 29 collègues est une tâche plus abordable, et les techniciens en place doivent parfois se désespérer d'obtenir une reconnaissance aussi valorisante. Et de se demander que faire pour obtenir ce titre...
Mener son équipe vers le meilleur bilan NBA, voilà quel est l'objectif de chaque entraîneur. Mais cet accomplissement peut-il faire de lui le coach de l'année ? Si l'on regarde l'historique récent de la distinction, on remarque que les entraîneurs des équipes ayant le plus marqué leur période ont été assez peu récompensés : après tout Phil Jackson qui possède déjà 10 bagues en tant qu'entraîneur n'a été récompensé qu'une seule fois pour la saison gargantuesque des Bulls en 95-96. Son épopée avec les Lakers n'a encore jamais été récompensée par une distinction. Il faut remonter à Pat Riley pour retrouver trace d'un coach gagnant plusieurs fois la récompense (pour la deuxième fois en 93 et la troisième en 97), chose assez rare pour être soulignée.
En fait, le résultat du scrutin semble suivre une règle assez variable. Si parfois il récompense le coach de la meilleure équipe (Mike Brown pour les Cavs l'an dernier, Mike D'Antoni en 2005, Gregg Popovich en 2003...), il est bien souvent attribué au coach de l'équipe surprise de l'année. En quelques sorte, cette récompense est donc un peu le trophée du MIP (Most Improved Player - joueur ayant le plus progressé) version équipe. Le coach qui a fait connaître le plus grand bon de performance à son équipe en l'espace d'une saison. Cela récompense t-il forcément le meilleur coach de la ligue ?
Oui et non. Cette année, les Thunders d'Oklahoma City était l'équipe que l'on attendait haut. Tout le monde voyait cette jeune équipe percer vers le sommet, et atteindre les playoffs. Symbole de la résurrection de la ville via son équipe de basket, emmenée par Kevin Durant, le futur visage de la ligue. Dans cette histoire, Scott Brooks est un peu un revenant. L'an dernier, lors de la première saison du Thunder à Oklahoma City, il avait été nommé coach par intérim après un début de saison calamiteux. Il avait vite stoppé l'hémorragie et mené son équipe vers un bilan honnête sans être faramineux.
Alors qu'est-ce qui a changé cette année ? Le Thunder ne s'est presque pas renforcé. La draft aurait pu leur amener un certain Rodrigue Beaubois, qu'ils ont préférés envoyer à Dallas. Mais le choix de la stabilité a payé. L'équipe, toujours articulée autour de Kevin Durant, a connu une saison spectaculaire où elle a été capable de battre n'importe qui. Russell Westbrook s'est imposé comme le solide capitaine de Durant, et l'équipe a été préservée des blessures. Mais ces Thunder n'ont pas été non plus une équipe solide d'un bout à l'autre de la saison.
Car même si la huitième place à l'Ouest est honorable, en perdant 4 de leurs 6 derniers matchs les Thunders se sont obligés à rencontrer les Lakers. Marrh vous en parlait il y'a quelques jours, ce tirage est peut être un bon moyen de se retirer de la pression (vous pouvez retrouver son avis ici), mais la 6ème place semblait plus que jouable. Le manque d'expérience face à ses autres rivaux a payé, et les défaites face à Denver, Portland, Utah, ou Golden State auraient pu être évitées. Mais rien ne sert de ressasser le passé, c'est la série contre les Lakers qui compte maintenant.
Et l'occasion pour Scott Brooks de se mesurer à l'un des meilleurs tacticiens de cette ligue, lors de l'épreuve toujours stratégique des playoffs. S'étalonner face au Zen Master est un bon test, car il réserve énormément de surprise et devrait être formateur pour lui l'an prochain. Oui, l'an prochain car on ne donne pas cher de la peau des Thunders face aux favoris pour le back-to-back. Avec un banc plus limité que celui des Lakers et un secteur intérieur faiblard (alors qu'il est une des forces de ces Lakers), Brooks manque cruellement de possibilités de montrer son talent pour le coaching. Avoir une bête comme Kevin Durant dans son équipe aide un peu à prendre les bonnes décisions, en laissant son poulain prendre les rênes de l'équipe.
Alors voilà, Brooks a obtenu son trophée en réalisant l'un des critère d'élection : réaliser une énorme envolée entre deux saison régulières. Qui aurait pu lui ravir cette récompense ? On parlait beaucoup de Scott Skiles qui avait relancé la machine Bucks en faisant revenir à son meilleur niveau Andrew Bogut. Nate McMillan a eu le mérite de mener les Blazers en playoffs malgré l'hécatombe qu'a connu l'équipe cette saison. Il a toujours su trouver les mots pour motiver ses troupes et les amener à continuer ensemble.
Pour ma part, il y'a encore quelques semaines j'étais heureux de me dire que Jerry Sloan allait pouvoir décrocher son tout premier titre de COY. Autant de saisons passées dans le même club à voir défiler les joueurs et à continuer à maintenir le niveau d'excellence de son équipe est assez impressionnant. Malheureusement, la longévité n'est pas un critère d'attribution du trophée, encore moins la constance dans les résultats. On sait que Sloan sera récompensé à la fin de son immense carrière, mais les années passent, et les trophées arrivent entre les mains de coach plus jeunes comme Brooks. Sloan n'est peut être pas intéressé par ce genre de distinctions, mais n'empêche que 22 années d'affilée à la tête de la même équipe, avec constance et succès, ça a une sacré gueule sur un CV. Un trophée sur une étagère aussi...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire