23 mai 2010

Doug Collins peut-il sauver le bateau 76ers ?

Depuis le départ de Larry Brown, une multitude de coachs se sont succédés sur le banc de Philadelphie. Cela témoigne d’une ligne directrice très floue et d’un projet de jeu peu cohérant. Un homme de la poigne de Doug Collins va-t-il arriver à redresser les choses ?

Il y a eu tellement d’entraineurs différents ces derniers temps que je vous mets au défi d’en citer de mémoire ne serait-ce que la moitié. Avec son charisme et son rôle de commentateur TV particulièrement prolixe et pertinent, on peut dire que Doug Collins va incarner la fonction. Mais ce choix va bien entendu au-delà du simple « Vu à la TV » :

Il faut déjà bien dire qu’il s’agissait du meilleur postulant, en termes de qualité intrinsèque. Il y a déjà un noyau dur à Phily, autour de Samuel Dalembert, Andre Iguodala et Elton Brand. Noyau dur particulièrement fortifié par des contrats en béton armé, qui les rendent aujourd’hui très difficilement échangeable dans une optique de changement de cap. Au niveau du roster, le GM Ed Stefanski était quasiment coincé. Il lui fallait faire quelque chose pour éviter le fiasco avec cette équipe qu’il a assemblé, dans l’optique de conserver son job.

Basiquement, le reste du roster est composé de jeunes arrières/ailiers physiques et assez polyvalent. C’est du Thaddeus Young, du Marresse Speights, du Jrue Holiday voire du Louis Williams. Ce dernier a été coltiné à la mène après le départ d’Andre Miller. Le meneur parti, il a fallu trouver un moyen de mettre en place l’attaque sans véritable gestionnaire sur le parquet. Au regard du bilan des 76ers, on peut constater que cela n’a pas été un succès.


Le fait est que l’Oncle Doug ne risque pas de transformer le secteur offensif. Cet homme est littéralement habité par le jeu, une passion dévorante à la limite de la dévotion. L’anecdote raconte qu’à l’époque où il entrainait les Bulls, il se pointait chaque jour à l’entrainement avec un nouveau système offensif à assimiler par ses joueurs.

Ces Bulls en question, c’étaient ceux de Michael Jordan, avant que Phil Jackson n’en prenne les rennes et que l’effectif ne soit peaufiné par quelques trades bien pensés. A noter que Doug Collins et MJ seront à nouveau réunis quelques années plus tard, à Washington. Dans le genre talent de folie, Doug Collins a également eu le plaisir d’avoir Grant Hill sous ses ordres à Detroit.

Quand on regarde le jeu offensif proposé par les anciennes équipes coachées par Doug Collins, on voit bien que ces deux superstars (enfin, trois, si l’on considère que le jeu de Michael Jordan a considérablement évolué entre ses premières et dernières années dans la ligue) sont un rouage élémentaire des systèmes offensifs. Plus que pour n’importe quel autre entraineur. En gros, sauf fait de jeu, chaque possession devait se finir par un tir ou une passe décisive de la dite superstar. Avoir un tel caoch à ses côtés à aider Michael Jordan pour gonfler les stats de ses premières saisons, ce qui a contribué à le rendre quasiment intouchable en ce qui concerne les moyennes en carrière.

Et cela, malgré le rythme désespérément lent sur lequel joue une équipe menée par Doug Collins. Enfin, menée… C’est à son relai sur le terrain, souvent donc le meneur, d’annoncer les systèmes qu’il juge pertinent de mettre en place. En gros, les schémas dessinés par Doug Collins et mis au point à l’entrainement forment une grosse caisse à outils, dans laquelle ses joueurs doivent piocher. On retombe fatalement sur l’absence de meneur de jeu, qui apparaît d’autant plus handicapante que c’est dorénavant la philosophie Collins qui va s’appliquer.


Oh certes, il risque de s’adapter à sa nouvelle équipe. Mais quand on a prôné un style aussi tranché pendant des années, on se demande si il y a moyen qu’il change du tout au tout. Il y aura des impondérables. Comme par exemple la quasi-certitude qu’il ne va pas lâcher les chevaux et laisser ses jeunes dragsters mener un train d’enfer, tant pis pour les déchets.

On se demande juste qui sera le nouveau point de focale de ses schémas. On pourrait penser à Andre Iguodala, qui a le jeu qui se rapproche le plus de MJ et Grant Hill et donc qui pourrait bénéficier des même schémas qu’eux à l’époque. Sauf que, vous l’aurez souligné par vous-même, AI est deux voire trois classes en dessous de ses deux illustres prédécesseurs. Cela pourrait donc sonner le gros retour d’Elton Brand aux affaires. Ce n’est pas pour rien d’ailleurs que l’intérieur s’est ostensiblement réjoui de l’arrivée de Doug Collins du côté des 76ers : enfin un entraineur qui pourrait pleinement tirer partie de ses qualités. Se poser cependant aussi la question des role players. Il faut ouvrir un maximum l’espace de jeu pour celui qui va tenir les rennes de l’attaque et pour se faire, il faut aligner des shooteurs. Jason Kapono pourrait bien tirer son épingle du jeu, mais quid des autres ailiers de l’effectif, dont le point commun est d’être clairement vacillant sur le shoot longue distance.

Bref, à part pour les joueurs de Fantasy League, qui devraient miser une belle piécette sur des stats solides d’Andre Iguodala et Elton Brand, l’attaque des 76ers risque bien d’être limite ennuyeuse. La défense, elle, sous l’impulsion de Doug Collins, va fatalement s’améliorer. Le tout risque donc de donner quelque chose d’assez laid en saison régulière. Mais on peut penser que Philadelphie arrivera à gratter une place en PO et que leurs adversaires au premier tour ne seront pas particulièrement serein. Des saisons, c’est le prix à payer pour la rédemption des 76ers. Pas glamour pour un sou, mais avec quelques réussites. Pour le court terme, c’est sans doute la meilleur solution, pour éviter un réel vent de crise à Philadelphie. D’autant plus que cela sera très bénéfique pour tout ces jeunes (dont le futur #2 de la draft) d’être aux côtés d’un tel chevronné. Par contre, sur le moyen terme, difficile de considérer ce choix comme une solution qui n’a d’autre ambition que de sauver les meubles comme on peut. Ces 76ers-là sont destinés à ramer, sans plus. C’est déjà un progrès.

1 commentaire:

  1. Je prévois un désastre, Collins n'est pas capable de s'identifier avec cette nouvelle generation de joueurs. Il reviendra à TNT en moins de 2 saisons.

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