13 mai 2010

Lebron James : à notre tour

Les Celtics ont pris l’avantage 3-2, après un dépeçage en règle sur le parquet de Cleveland. Une défaite d’une telle ampleur qu’elle a amplifié les doutes que nous avions soulevé quelques heures plus tôt.

Depuis, c’est donc un exercice rituel auquel chaque bloggeur qui se respecte doit se plier : avoir un avis, le plus tranché possible, sur le Game 5 de Lebron James et, par un parallèle parfois douteux, sur l’entièreté de sa vie et de son œuvre. A notre tour de nous y coller.

La première chose que l’on voit, c’est bien entendu la ligne de stats indigne du bonhomme : 15pts à 3-14 aux tirs. Oh, et 6rebs et 7asts, mais c’est plus pratique de ne lire que les points. Après des années de «La NBA n’est pas qu’une ligue de superstars où le scoring personnel est primordial », ça fait tâche d’oublier que le Choosen One a un niveau de rebonds et de passes plus que correct.

Et puis, après que Rajon Rondo les ait fait tourner en bourrique au Game 4, il fallait stopper l’hémorragie. Le King s’est donc attelé à rendre le feu follet des Celtics tout à fait inefficient en première mi-temps. On pourra pointer Mike Brown pour ne pas avoir chamboulé sa rotation pour l’occasion, mais ça nous a donné du Anthony Parker sur Paul Pierce. The Truth s’est fait plaisir comme jamais dans cette série, et l’on se demande si Jamario Moon n’aurait pas été plus pertinent.


Mais certes, Rajon Rondo a eu un impact important en seconde mi-temps. Et c’est tout l’apport défensif du King qui est à pondérer. Déjà, on signalera qu’il est honteux que le garçon soit en All-Defensive Team alors que des Ron Artest n’y figurent pas. On signalera non sans malice que ceux qui ont permis ce hold-up médiatique qui a été de faire admettre que Lebron James soit un défenseur de haut vol (si on se place à échelle comparable, il a reçu plus de votes que Kobe Bryant), sont ceux qui l’ont descendu en règle dès la fin du 3QT du Game 5. Rajon Rondo a su montrer son intelligence de jeu : il a profité de l’attention particulière qu’il bénéficiait pour permettre à ses coéquipiers de rentrer dans leur match facilement. 16pts 7asts et une gestion incroyable. Dire qu’on avait peur il y a 2 ans qu’il soit celui qui fasse capoter l’expérience Big Three.

Mais revenons à nos moutons. Façons de parler, hein, n’allez pas croire que c’est une pique déguisée envers certains confrères, plutôt américains d’ailleurs, qui se sont engouffrés dans une brèche alarmiste. 3-14, c’est vrai que c’est laid. Même avec une blessure au coude, que je suis le premier à considérer avec scepticisme quant à sa gravité réelle, il y a des shoots qu’il ne lui ressemble pas de manquer. Derrière, avec une défense gluante comme celle des Celtics, si l’on n’arrive pas à mettre en route avec quelques spots bien choisis, c’est difficile de rentrer dans le rythme. Et puis merde, Lebron James est humain. Il a bien le droit d’être moyen sur un match, aussi important soit-il.

Sauf que voilà, il ne semble pas avoir mis beaucoup d’ardeur à ne pas être moyen. On pointera son body language. Autant ce genre de truc est d’une mauvaise fois sans nom quand il s’agit d’interpréter un signe à la volée. Mais là, autant d’éléments sont carrément troublants. Les temps-morts passés à regarder vers le ciel, les altercations entre Cavs et C’s où le King d’habitude si prompt à montrer son leadership s’est effacé, la perte de cette aptitude à aller créer la brèche en pénétration et à être agressif en toutes circonstances. Un regard livide, là où l’on devrait y trouver la flamme et la rage de vaincre ; la même passion dans ces yeux que lorsqu’il claque un dunk ravageur en contre-attaque lors du 4QT d’une correction sévère des Minnesota Timberwolves.

On est face à un surdoué pour qui tout à été facile. Il y a le don initial, ce qui pourrait agacer ; mais il y a aussi un sacré travail derrière. Rien que pour être tanké comme ça, il faut y aller ardemment. Après, tout s’enchaîne, le numéro 1 de la draft, les MVP, le coup du premier sportif milliardaire, les pubs Nike avec une Nicole Scerzinger sexy en diable. Tout y passe. Le fait est que ce n’est jamais le surdoué promis à la victoire au premier prime qui remporte finalement la Star Nouvelle Star ; il se fait toujours coiffer au poteau par quelqu’un avec un peu moins de talent mais qui trime sévère et arrive à « nous transporter dans un univers erotico-dramatique » comme aurait dit Andre Manoukian pour expliquer pourquoi Lio pleure à chaudes larmes.


Lebron James n’a pour l’instant pas la rage qui pousse à se sublimer. Ce besoin vital de gagner qui a poussé les plus grands à mettre leurs trippes sur un parquet. Cette volonté qu’on eu les plus grands champions de ce sport, dont Shaquille O’Neal. Si vous cherchez le nom d’un Cavalier qui a surnagé dans la déroute du Game 5, le voilà. Ce n’est pas « son » équipe, il a été affublé d’un rôle ingrat pour son statut tout au long de la saison et pourtant, c’est lui qui a porté les Cavs sur son dos sur ce match. Alors, certes, les jambes sont plus lourdes qu’avant, les mouvements moins fluides et cela n’a été finalement qu’un frisson dans la peinture de Cleveland. Mais force est de constater que le Shaq a toujours su mettre le diesel en route une fois les PO venus. Parfois cela prenait un peu de temps, mais à chaque match important de PO, on a vu ce regard et l’on s’est tous fait cette remarque « Ca y est, il s’est réveillé »

A aucun moment Lebron James n’a donné l’impression de se réveiller. Dans ce match-ci comme dans le précédent ou encore le Game 2. On peut avoir un mauvais match. Il en a déjà eu et on pourra rappeler qu’une aussi piètre performance au Game 1 face aux Celtics en 2008 n’a pas empêché des Cavs moins bien lotis de remporter la série. Mais mettre aussi peu de cœur à l’ouvrage pendant plus de la moitié de la série, c’est à la limite de la faute professionnelle pour un joueur de son statut.

C’est d’autant plus alarmant que de très nombreux destins gravitent autour de Lebron James. Une image restera gravée : on voit Lebron James et le propriétaire des Cavs dans le couloir en direction des vestiaires juste après le buzzer final ; on les voit de dos, ensemble mais se dirigeant vers des directions différentes. Ne vous inquiétez pas, elle sera abondement ressortie pour illustrer les articles estivaux concernant la free agency de Lebron. C’est toute l’organisation de Cleveland qui vacille, car chacun d’entre eux à son destin entre les mains du bon vouloir du King James. La ville entière, où c’est vrai que c’est un peu la zone niveau choses intéressantes à faire, est suspendue à la décision de Lebron James. Et alors que ce dernier s’amuse à un jeu limite fétichiste avec les médias, les fans ont des haut-le-cœur. Et c’est comme ça que cela doit se finir pour eux ? Les deux derniers matchs à domicile de leur star seraient ces deux débâcles où leur chouchou a à peine combattu avant de lâcher les armes ? Une frustration qui s’est traduite par des sifflets nourris.

Honteusement, je reprends cette métaphore, qui m’a bien plu : Lebron James court après les standards de Jay-Z plutôt qu’après ceux de Michael Jordan. Le plus ubuesque était sa conférence de presse post-Game 5, où le Choosen One a déclaré qu’il n’avait réalisé que 3 mauvais matchs dans sa carrière, et qu’on pouvait bien lui lâcher les baskets, car de toutes façons il reste un match 6 et un potentiel Game 7. Une décontraction, allez j’ose même dire une arrogance, qui tranche avec les standards dont nous ont habitué les grands champions. On savait qu’après un match en demi-teinte, l’adversaire direct de Michael Jordan allait prendre très, très cher pour le match suivant. Puisqu’ils sont liés par Sa Majesté Nike, parlons de Kobe Bryant. Rappelez-vous la Finale perdue contre les Celtics : après le Game 4, on avait tous senti que les Lakers avaient clairement laissé passer leur chance ; pourtant, malgré la supériorité affiché par les C’s, il ne faisait aucun doute que LAL allait quand même gagner son dernier match à domicile. A la question pourquoi, on répondait simplement « Kobe Bryant ».

Face à ces même Celtics, Lebron n’a pas affiché le dixième de la détermination de son rival deux ans plus tôt. Pourtant, hier, ce Game 5 n’était pas pour l’honneur, c’était pour prendre la main sur la demi-finale. C’est face à des Celtics plus vieux et moins capables de contenir la puissance de Lebron.


La formule paraît simple et ce billet peut paraître donneur de leçon. Ce phénomène journalistique concernant Lebron est saisissant. Comme le faisait remarquer un confrère, on était déçu pour Kevin Garnett que ses Wolves n’aient pas su aller au bout, pourtant le bonhomme avait déjà tendance à jacasser. Pourquoi tant de haine envers Lebron ? Certes pas de la haine, mais un certain plaisir affiché à très rapidement démonter le piédestal sur lequel ces même journalistes ont contribué à le placer.

Le garçon est tellement débordant de facilité qu’on se dit tous que si on avait été aussi gâté, on aurait su en faire meilleur usage, on aurait eu la décence de l’utiliser pleinement. C’est comme dans ce roman où le héros est amoureux d’une actrice, mais qu’à force de la fréquenter il se rend compte qu’il est uniquement éperdu de son rôle sur scène et qu’aussi jolie soit-elle, elle n’est belle à ses yeux que dans son rôle au théâtre.

Jeudi 13 mai 2010, Lebron James a rendez-vous avec son destin à Boston. A l’issue de ce match, on verra de quoi est fait The King. Peut-être verra-t-on le champion que l’on a deviné et espéré, ou peut-être que l’on s’était fourré le doigt dans l’oeil. Ca tombe bien, l’autre truc à la mode en ce moment sur les blogs de basket, c’est de poster une photo de Steve Nash en casant un jeu de mots.


2 commentaires:

  1. Pour moi Lebron a aussi cette réputation de bon défenseur parce que les arbitres lui permettent plus de choses qu'un pur défenseur de l'ombre qu'on peut sortir pour 6 fautes sans aucun scrupule. Son boulot sur Rondo a quand même été fort en première mi temps, celui-ci a mis très longtemps avant de mettre son premier panier ou même de faire sa première passe-décisive. Bon, cela a créé des opportunité pour les autres joueurs, mais l'effort est à souligner !

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  2. loir son nouveau ebron est le meilleur joueur de la nba que vous le voulez ou pas il est le king dans le terrain sauf que son rostor est est nul c'est tout ni kobe ni jordan a gagné des titres seul donc il lui d'abord une equipe un peu bien soude pour pouvoir tenir toute la saison . tout le long de la saison reguliere il fait le travail tout seul c'est normale qu'il soit epuiser a la fin de la saison surtout dans les moments cruciaux . mais pour l'instant j'attent vrostor .

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