Novembre 2009. Tout le monde sentait que l’arrivée de Rasheed Wallace du côté de Boston était un bon coup. Son jeu devait conférer aux schémas de Boston une nouvelle dimension et son caractère de feu allait de paire avec la mentalité saignante des C’s. Bref, avec Sheed dans leurs rangs, les Celtics pouvaient de nouveau faire trembler la ligue.
Et puis, tout au long de la saison, ce sentiment s’est clairement effiloché. Exit le 6eme homme capable de porter son équipe un peu plus haut. Le joueur semble d’avantage subir le jeu qu’autre chose. On se dit que finalement, c’est bien le genre du bonhomme de négliger la saison régulière. Le premier tour a été vite expédié et voilà que se dresse un gros défi pour les C’s : les Cleveland Cavaliers.
Face aux favoris, Boston doit jouer une partition de haut vol. On a senti quelques soubresauts qui nous font dire que cette série ne sera pas une formalité pour les Cavs. Néanmoins, on est allé zieuter du côté du Sheed pour trouver le surplus qui pourrait venir inquiéter les troupes du double-Mvp en titre. Après tout, il colle parfaitement à l’image du joueur providentiel dont aurait besoin Boston. Son adresse extérieure peut permettre de desserrer les liens défensifs intérieurs tissés par les Cavaliers. Son envergure peut aider à contenir les assauts des attaquants de Cleveland.
Au final, 2pts et 2rebs dans le Game 1 face aux Cavs. Le pire, c’est que cela ne sonne pas vraiment comme une contre-performance. Cela résonne comme un point de non-retour. Parmi toutes les équipes du second tour, le joueur qui a le plus/minus le moins flatteur est Rasheed Wallace avec -20. On en arrive au point où Doc Rivers menace de placer Shelden Williams dans la rotation. C’est dire l’ampleur du naufrage.
Ces Playoffs mettent en évidence que contrairement à ce qu’il croit, Sheed n’a pas un bouton on/off à actionner pour soudainement se mettre en mode PO. Il n’a pu véritablement fonctionner que sous la tutelle d’un Larry Brown qui a su le pousser dans ses limites. Force est de constater que dans les autres situations, c’est plutôt la nonchalance du bonhomme qui l’emporte. On a cru que son côté sanguin et ses hauts cris à la conspiration dès qu’il se voie sifflé une faute auraient fait ton sur ton avec l’image teigneuse des Celtics.
Et pourtant, Rasheed Wallace a été une tâche dans la marque de fabrique de la maison verte : l’intensité. Son jeu d’aide défensive est trop lent pour être efficace. Qui plus est, il n’affiche pas la gniac qui faisait tant craindre les Celtics il y a quelques mois. Aucune « vraie » faute sur les pénétrations adverses, là où ses coéquipiers cognent abondement. Rasheed Wallace ne fait pas sentir sa présence dans la raquette et il souffle comme un courant d’air dans cette raquette qui était autrefois une forteresse.
Mais ne nous méprenons pas : le Sheed est capable de donner du fil à retordre aux meilleurs intérieurs de la ligue. Il peut annihiler un Pau Gasol, un Dwight Howard ou un Chris Bosh sur plusieurs possessions consécutives. Puis, relâchement fautif, il va le laisser inscrire un double-pas facile. En mode « peu importe, je lui ai déjà cloué le bec juste avant ».
Cette attitude de gâchis –car il jouit quand même d’une intelligence de jeu hors paire- se retrouve de l’autre côté du terrain. Le bonhomme campe régulièrement derrière la ligue à 3pts, pour bombarder sans grande réussite. Sans grande conviction, l’on a l’impression. Et puis, soudain, l’éclair. Cette prise de position, que ses coachs ont renoncé à lui ordonner, mais qu’ils continuent d’essayer de lui suggérer. Ce fadeway quasiment magique, arme offensive absolue. Le filet qui tremble. On sent quelque chose s’allumer en Rasheed Wallace. Puis il retourne se poster dans le corner.
Rasheed Wallace montre quelques spasmes du basket qui lui dégouline des mains. Trois petits tours et puis s’en va. Comme s’il préférait surprendre agréablement son monde plutôt que de répondre à des attentes. Comme si la pression de pilier d’une équipe ne lui convenait pas, comme si la perspective de devoir être bon chaque soir était trop pesante pour lui. Comme si il se contentait d’être le facteur X, le joueur dont on attend rien mais qui pointe parfois le bout de son nez ; l’occasion pour les fans de lancer un « Shheeeeeeeeeeed » histoire d’essayer de raviver cette maigre flamme entrevue.
Bref, Rasheed Wallace est comme un môme à l’école primaire, le genre de gamin pas idiot mais qui ne veut tout simplement pas. Parfois, il semble s’investir par séquences, généralement surtout pour se prouver à lui-même qu’il peut encore faire ceci ou cela. On a l’impression que Rasheed Wallace est pris dans des sables mouvants ; et c’est bien connu, tout mouvement pour essayer de s’en défaire accélère encore le processus. Le Sheed attend donc, posé sur le banc ou derrière la ligne à 3pts, que le temps passe et que finalement ces sables mouvants l’engloutissent.
3 mai 2010
Où est passé le Sheed ?
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Marrh
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Excellente analyse, étant moi-même fan des C's, je trouve ton article très pertinent. Si seulement il jouait tout le temps comme il joue sur certaines séquences, ce serait THE arme absolue, le mec qui sort du banc pour tout faire péter et tuer le match.
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