3 août 2010

This is it… Des matchs de saison régulière en Europe

A quelques heures des premières révélations sur le calendrier du prochain exercice NBA, de nombreuses fuites apparaissent d’on-ne-sait-trop où. Outre les spéculations autour des rencontres-phares (Opening Night, Christmas Games, Martin Luther King’s Day), certaines annonces sont assez fortes en chocolat.

Ainsi, on apprend que les 4-5 mars, les Raptors et les Nets se livreront à un affrontement en back-2-back. Et que celui-ci prendra place à l’O2 Arena, de Londres. Plus de 4 mois après un match de pré-saison opposant les Los Angeles Lakers aux Minnesota Timberwolves, les londoniens retrouveront la saveur de la NBA.

C’était un cheval de bataille ressassé depuis bien longtemps par tonton David Stern. Dans l’optique de promouvoir sa ligue à travers le monde entier, il parlait souvent de jouer des matchs de saison en dehors des Etats-Unis.

Pas juste de la simple exhibition, comme on en a eu l’habitude ces dernières années avec les matchs de pré-saison ; où finalement l’on voyait un roster hors de forme et une rotation désarticulée jetée en pâture à quelques fans cloîtrés aux derniers rangs, pendant que les sponsors trustent les places intéressantes.

Non, des matchs qui comptent. Dans un genre qui ressemble donc bien plus à du sport professionnel qu’à de la foire aux bestiaux. La NFL a déjà tenté la formule et les dirigeants sont se disent satisfaits de l’expérience. En plus, ça semble faire plaisir aux joueurs. Banco.

La NBA s’est internationalisée de l’intérieur, à force d’être arrivée à attirer sur le sol nord-américain quelques uns des meilleurs joueurs mondiaux. Le pourcentage de joueurs européens à responsabilités augmente quasiment chaque année. La NBA maintenant se tourne vers le monde.


Et il était temps. Même si ce n’est plus la même galère qu’à l’époque où on se refilait des cassettes des matchs de Michael Jordan, et donc que l’on peut suivre aujourd’hui très efficacement les péripéties de son équipe favorite.

La NBA a besoin de se montrer à l’international. Car elle est plus contestée que jamais. L’on a de nombreux exemples de gamins qui tiennent tête aux sirènes de la grande ligue, pour concourir dans une très relevée Euroligue. Josh Childress est revenu après un transfert médiatique vers la Grèce, mais il n’empêche qu’il y est allé, que d’autres y sont passés ou envisagent d’y aller. Bref, l’Europe est une alternative envisageable en matière de basket, même pour des nord-américains. Impensable il y a quelques années. Kobe Bryant d’en rajouter une couche en déclarant qu’il aimerait bien finir sa carrière en Italie, en précisant qu’il trouve le système Fiba mieux pensé.

Evidemment, le champion NBA se déclare toujours « world champion » et personne n’est là pour broncher. Les duels estivaux entre clubs US et clubs européens seront toujours l’occasion pour ces derniers de se dépasser alors que les ricains sont généralement en dilettante. Mais la NBA, dans le but d’être LE basket à travers le monde, doit se plier à ce genre d’opérations.

Un peu comme la WWE personnifie le catch. Faisant de nombreuses tournées européennes, les ouailles de Vince McMahon dominent outrageusement n’importe quelle autre ligue de catch. Finalement, on préfère aller voir un show annuel de John Cena à Bercy plutôt que de suivre régulièrement des lutteurs méconnus dans une salle vétuste de banlieue.

Sauf que la NBA est un sport avant d’être un show, contrairement à la WWE. Sur des détails, la logique peut coincer. Par exemple, Toronto et New Jersey peuvent se sentir floués de se voir retirer un match à domicile. Avec la généralisation de ces matchs en Europe, et pourquoi pas dans d’autres continents (Asie, Amérique du Sud,…), se posera fatalement la question du ratio de rencontres disputées sur terrain neutre.

De même, cela engendrerait plus de déplacement et de fatigue dues au voyage. Alors que de l’autre côté, David Stern semble inamovible sur le nombre de matchs joués lors d’une saison régulière (82 !!). De même, de quel droit pourrait-on priver un fan local de la visite d’une équipe réputée ? Imaginez un jeune fan de Milwaukee qui apprend que son équipe favorite du Miami Heat ne jouera pas dans la salle des Bucks car la dite rencontre est programmée en Europe ?


Bref, on a souvent évoqué ces problèmes logistico-organisationnels quand le concept n’était encore qu’à l’état d’idée. Et si le projet venait à prendre de l’ampleur, cela risque d’être les grandes manœuvres pour aménager tout cela décemment. Et finalement, sournoisement, c’est un nouvel enjeu qui s’invite à la table des négociations l’an prochain. Une raison de plus de craindre un lock-out.

Car les joueurs aussi savent l’importance d’exporter la NBA. Ne sont-ils pas quasiment tous partis du côté du marché chinois pour promouvoir leurs marques ? Les grands noms, ceux qui ont quand même un certain poids dans ce genre de négociations, veulent aller parader hors de leurs frontières. Là encore, à quel prix ?

On voit donc que ces deux matchs ouvrent une brèche qui pourrait bien vite accoucher d’un vrai torrent d’ici quelques mois. On se demande si le timming de cette annonce a été pertinente.

Surtout vu l’affiche. Toronto est certes une équipe très européenne dans le style, mais fait dans l’à peu près et n’arrive pas au niveau d’excellence basketballistique des joutes d’Euroligues. New Jersey essaie d’étendre son image, depuis que Mikhail Prokhorov est propriétaire et a fait de l’expansion à l’international son cheval de bataille pour l’image de l’équipe.

Mais même si cela pourrait donc apparaître justifié comme affrontement, il y a de grandes chances pour qu’une fois mars arrivé, ces deux équipes aient abandonné toute réelle ambition à la course aux PlayOffs. Elles risquent donc de présenter aux fans présents à l’O2 Arena un spectacle peu enthousiasmant, à des années lumières de ce qui se fait de mieux en la matière, que ce soit en Europe comme aux Etats-Unis. Alors déjà que les anglais ne sont traditionnellement pas des aficionados de basket…

L’idée est séduisante pour nous autre amateurs de ballon orange. On peut penser qu’avec une belle affiche de saison régulière à Bercy, avec au choix les Lakers, le Heat ou n’importe quelle future équipe de Tony Parker ou Joakhim Noah, l’exposition du basket en France pourrait être galvanisé à l’occasion d’une telle fête.

Mais de ce que l’on en voit, cela donne l’impression que la NBA prend cela un brin par-dessus la jambe, essayant simplement de gratter quelques dollars sur des affiches très modestes.

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