13 juin 2010

Au tour du banc des Lakers

Les remplaçants de Boston ont propulsé leur équipe vers la victoire dans le Game 4, au terme d’une prestation riche en engagements. Pour renverser la vapeur, Los Angeles attend que leur second unit leur rende la pareille.

Glen Davis, Nate Robinson, Tony Allen, Rasheed Wallace, tous ont apporté une solide pierre à l’édifice qu’est en train d’ériger Boston dans sa quête d’un nouveau titre. L’heure pour des Luke Walton, Sasha Vujacic, Shannon Brown et Josh Powell de mettre la main à la pâte ?

Du haut de ses 10 bagues, difficile de venir contester les choix de Phil Jackson qui en est à sa 13eme finale en 20 ans. Donc, s’il a si peu fait jouer le banc lors de ces quatre premières rencontres, il a ses raisons et le Zen Master fait office d’argument d’autorités. Néanmoins, de nombreux indices laissent à penser que le banc devra avoir une place plus importante dans les jours à venir pour remporter cette mini-série au meilleur des 3 matchs.

Tout d’abord, l’intensité. On le sait, la défense des Celtics est particulièrement harassante et les matchs s’enchaînent à un rythme soutenu. On va vers un match tous les 2 jours, avec un voyage Los Angeles – Boston à faire dès la fin du Game 5. Depuis octobre, les joueurs ont du jouer plus de 100 matchs. Qui plus, du côté des Lakers, les stars ont assumé leur rôle dans leurs sélections nationales. Bref, on peut comprendre qu’ils ne sont pas disposés à délivrer 48mins de haute intensité, même s’ils comprennent l’importance d’une Finale NBA.

Le but du jeu est d’arriver dans les meilleures conditions dans le money time. Car comme son nom l’indique, c’est là que s’encaissent les victoires. Le Game 4 est une belle illustration du fait que les Lakers sont courts sur les fins de match. Ils menaient de 2pts à l’aube du QT4, avant de se prendre le plein fouet une vraie tornade. Idem pour le match 2, où Celtics et Lakers étaient à égalité à l’entame du quart-temps de vérité. Dans le Game 3, c’est surtout la vista de Derek Fisher qui a permis au sien de repartir avec la victoire. Quant au premier match, Los Angeles avait fait suffisamment l’écart pour ne pas être véritablement inquiété par le rapproché des verts.


Tout cela pour dire que les Lakers piochent dans les QT4 de cette série. A l’image de Kobe Bryant, on a l’impression qu’il s’agit d’un problème de combustibles : les cadres des Lakers n’ont plus d’essence au moment de placer l’accélération en fin de match. La question n’est même pas de savoir combien de minutes ils ont joué, mais quel type de minutes. Car, très souvent dans cette série, Kobe Bryant et Pau Gasol ne sont pas sortis de toute la seconde mi-temps. Sans compter que Phil Jackson est assez avare en temps-morts, ce qui donne donc moins d’occasions aux joueurs de se reposer. Certes, cela peut affaiblir des Celtics plus vieux ; mais vu la profondeur et l’efficacité du banc des C’s, on se demande si cela n’est pas d’avantage néfaste pour ses propres troupes. Il faut trouver un moyen que les cadres des Lakers se reposent plus, par exemple, en arrivant à les sortir pour les dernières/premières possessions d’un quart-temps, histoire de bénéficier d’un repos plus long.

C’est d’autant plus problématique qu’un joueur majeur de la rotation est sur le flanc : Andrew Bynum n’a joué que 2mins dans la seconde mi-temps du Game 4, obligeant Lamar Odom a, lui aussi, être constamment sur le parquet. Le géant californien a subi une opération pour améliorer son confort, mais sa capacité ou non à apporter des minutes productives est une grande inconnue. On parle de lui faire sauter un match (le 5 ou le 6) en espérant que le repos et les soins supplémentaires lui seront salvateurs. Mais le garçon a une volonté de fer et des trop mauvais souvenirs à regarder ses coéquipiers depuis le banc.

Il faut s’attendre donc à la présence d’un plan B dans la rotation des Lakers ; la rotation vue lors des 4 premiers matchs ayant montré ses limites et étant dépendante de l’instabilité physique d’Andrew Bynum. Pour éviter que les Celtics fassent le show dans la raquette et gobent un nombre assassin de rebonds offensifs, on évoque DJ Mbenga. Le belge a une grande carcasse, sans doute une volonté de se montrer, mais n’a surtout pas joué depuis des lustres. Phil Jackson pense d’ailleurs qu’il est un peu rouillé et a confié qu’il ne pensait pas faire appel à Congo Cash.

Mais, dans la rotation intérieure des Lakers, on trouve aussi Josh Powell. Il a une éthique de travail très poussée qui fait qu’il est encore potentiellement dans le rythme. Sans doute sous-estimé à cause de son faible temps de jeu derrière un trio Andrew Bynum – Lamar Odom – Pau Gasol qui fait envie à toute la ligue, Josh Powell est un joueur précieux. Combattif, costaud et doté d’un bon petit shoot mi-distance, sur les quelques séquences que j’ai pu voir cette saison, il a apporté des choses intéressantes. Oh, pas de quoi faire basculer un match. Mais de quoi offrir des minutes d’un niveau correct, suffisant pour ne pas que la sortie d’un autre intérieur des Lakers ne se fasse trop durement sentir. Pendant ce temps, l’intérieur en question recharge ses batteries, sans voir les Celtics profiter de la situation. Josh Powell devrait avoir du temps de jeu sur ce match 5. C’est autant un conditionnel de prédiction qu’un conseil.

Car autant Phil Jackson aime tenir ses role players pendant la majeure partie de la saison et des PO, autant il a pris l’habitude de faire jouer de manière significative ce genre de joueurs sur ces matchs à gros enjeux. Typiquement, Josh Powell a le profil que le Zen Master aime balancer sur ce genre de match. D’autres l’ont également.


Comme Luke Walton. Il est apparu dans deux matchs sur cette Finale. Devinez lesquels. Sur les deux victoires de LAL, Luke Walton a été précieux dans l’animation offensive. Il permet de dérouter les schémas défensifs mis en place par Boston, concentrés sur l’entrave du duo Kobe Bryant-Pau Gasol et sommant les autres (Ron Artest en tête) de prendre leurs responsabilités. Luke Walton sur le parquet permet de garder une certaine rigueur et fluidité dans le Triangle, ce qui, à terme, fait infléchir la défense de Boston. En défense, il se débrouille comme il peut, et sa dernière prestation sur Paul Pierce a été tout à fait honorable. Mais il a été longuement blessé cette saison et il se pourrait qu’il ne soit pas physiquement prêt à assumer un rôle régulier.

Un autre ancien blessé qui pourrait avoir un rôle à jouer, c’est Sasha Vujacic. Grosso modo, la dernière fois qu’on l’a vu sous un bon jour, c’était lors de la Finale 2008. Sa défense peste sur Ray Allen est une option intéressante. De plus, il reste une menace à respecter à 3pts, ce qui peut écarter une défense plutôt resserrée jusque maintenant. Et surtout, il aurait le mérite d’enlever quelques minutes salvatrices à Kobe Bryant, pour un résultat peut-être plus bénéfique qu’un duo Jordan Famar-Shannon Brown pour l’instant très quelconque.

Plus que jamais, la bataille fait rage entre ces deux franchises qui se toisent depuis 2 ans, au point de se connaître presque par cœur. Alors que les joueurs se donnent coups pour coups et ne veulent rien lâcher, la différence se fera peut-être au niveau du jeu d’échecs que se livrent les deux entraîneurs. 3 matchs, 28 joueurs.

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