8 juin 2010

Une Finale sous les sifflets

Boston-Los Angeles est un duel qui passionne toujours autant les foules, pas de soucis la-dessus. Les audiences sont par exemple bien meilleures qu'il y a deux ans, preuve que le public aime cette rivalité. Non, il s'agit aujourd'hui de parler du rôle prépondérant des arbitres sur les deux premiers matchs de la rencontre. Tendance qui risque de se confirmer tout au long de la série.

58 fautes sifflées sur le Game 2. 54 pour le Game 1. Sur l'ensemble des deux matchs, l'on a déjà du subir 134 lancer-francs. Avec la routine qui va avec. Sans oublier de bien patienter pour se faire claquer les fesses par les copains après la première tentative. Et puis, vous me passerez la serpillière un peu mieux que ça, jeune homme. Rajoutez à cela la horde de temps morts et de coupures publicitaires et vous obtenez une Finale particulièrement hachée. Mais si seulement c'était le seul problème !

Un match de 3h, ce n'est quand même pas des plus digestes. Je vais commencer par me plaindre, spécifiant que ce n'est pas pratique quand on veut mater en direct et que l'on doit aller au boulot le lendemain matin. Quand on a la foi, on s'accroche. Mais il ne faut pas oublier que la Finale est le produit sportif phare de la NBA. Une multitude de télés nationales sont sur place pour couvrir l'événement dans leur pays. Pas sûr que ce genre de spectacle soit des plus attractif.

Car malgré l'intensité affichée par ces athlètes, on est quand même loin pour le spectateur lambda du côté épique d'un Seigneur des Anneaux. Un épisode de Kobe Bryant à la quête d'une nouvelle bague dure aussi longtemps qu'un épisode de Frodon Saquet tentant de se débarrasser de ce même bijou. Et bon, la bataille pour la position poste bas, elle est moins impressionnante que celle pour le contrôle de la Terre du Milieu.

Surtout que les luttes pour la prise de position, elle est un peu entravée. En tout cas, très contrôlée par les arbitres. Les Celtics se plaisent dans leur image de loubards intimidateurs. Les Lakers ont bien fait comprendre qu'ils avaient la rage, encore 2 ans après, et qu'ils comptaient bien leur rentrer dans le lard. Autant la rivalité des 80's semblait loin en 2008; autant elle est aujourd'hui remise au goût du jour, les deux équipes l'ayant particulièrement mauvaise l'une envers l'autre. On le sentait, l'ambiance avant le coup d'envoi était particulièrement électrique. On espérait même des Finales particulièrement accrochées, après des PO quand même jusqu'ici assez légers (ce qui est passé un peu inaperçu, via le buzz de la prochaine free agency, bonne ou mauvaise nouvelle ?)


La NBA, elle, ne semblait pas trop aimer l'odeur du sang qui régnait à l'approche de ces Finales. Et les craintes de David Stern et ses acolytes se sont révélées justifiées. Oh, il n'aura fallu qu'une bonne vingtaine de secondes. Le temps pour Ron Artest et Paul Pierce de se rappeler à quel point ils s'étaient cherchés lors de leurs précédents affrontements (RonRon allant même jusqu'à baisser le short de The Truth en plein match).

Voilà nos deux comparses qui se bousculent, tombent l'un sur l'autre, veulent intimider l'autre en se relevant : ça sentait la testostérone en feu. Bim, double faute technique. On s'en réjouissant presque, se disant que le ton était donné d'entrée. Oui, le ton était donné, mais pas dans le sens où on le pensait.

Il y a certainement eu des consignes. La NBA a trop peur d'une explosion, devant le regard interloqué du monde entier. Il fallait cadenasser cette Finale. On parle d'hommes blessés dans leur orgueil, de joueurs qui martèlent qu'ils sauront répondre au défi physique, des entraîneurs qui savent qu'il faudra être "l'agresseur", des supporters qui lacent des pierres sur le bus des Lakers pour célébrer leur victoire en 2008.

Et puis, on parle de Ron Artest. Le mec du Detroit Browl, celui qui est allé s'en prendre à des spectateurs pendant une bagarre, n'hésitant pas à monter dans les gradins. David Stern lui en veut sans doute encore. Il a subi une suspension exemplaire, pour marquer le coup. Il voit débarquer l'ennemi public numéro 1 en Finale. Celui qui a instauré le dress code pour ne pas donner une image trop ghetto voit débarquer le fou furieux de Quennsbridge en Finale. Avec des Kevin Garnett, Paul Pierce, Rasheed Wallace pour venir japper et mettre le feu aux poudres.


Déjà, il faut empêcher la catastrophe. Donc ne pas entretenir un climat tendu autour de ces Finales. Car même si je suis persuadé que tonton Stern diabolise Ron Artest, les autres ne sont pas avares en mauvais coups, ce qui ne correspond pas à l'image que veut se donner la grande ligue. Ce que l'on peut estimer dommage, puisqu'on a parfois l'impression de se retrouver face à quelque chose d'aseptisé et fade. Mais c'est un autre sujet, concentrons-nous sur les faits. Les faits, ce sont notamment des souvenirs, comme celui de la série Chicago-Boston de l'an passé. Dure et pas avare en mauvais coups (ce qui a peut-être contribué aussi à la rendre si spéciale, mais là encore, ce n'est pas le sujet). On se souvient de gestes assez musclés de joueurs des Celtics, comme Rajon Rondo n'hésitant pas à faire valdinguer Kirk Hinrich sur la table des commentateurs, Kevin Garnett voulant mordre tout ce qui bouge, ect... De l'autre côté, ce n'est pas tout rose non plus, on peut rappeler que Derek Fisher a été suspendu pour 1 match l'an passé après une confrontation avec Luis Scola.

Tout ces antécédents, remis dans le contexte qui pèse sur ces Finales, peuvent faire craindre que ça peut partir vite en cacahuètes. Résultats des courses, les arbitres ont un rôle majeur et l'on va bientôt les connaître aussi bien que les joueurs évoluant sur le terrain à leurs côtés.

Mais fatalement, il faut bien que quelqu'un porte le chapeau. Les fautes, elles sont sifflées contre quelqu'un en particulier. Et, au basket, on en a le droit qu'à 6 par tête. Les "problèmes de fautes" sont des fais de jeu courants, tout le monde ayant peur qu'un joueur important se fasse exclure pour 6 fautes. Et comme le 5 le plus important est celui qui finit les matchs, on essaie de garder ses meilleurs éléments loin des problèmes de fautes jusqu'au money time Avec tout ce temps passé sur le banc, les joueurs perdent le rythme de la rencontre et il se peut qu’’au final, ils passent à côté du match et n’aient qu’un impact modeste sur la rencontre. Ce qui, en un sens, fausse la donne si les fautes sont systématiquement sifflées trop sévèrement.

C’est ce qui est arrivé à Ray Allen lors du Game 1. C’est ce qui est arrivé au Game 2 à Kobe Bryant. Des fautes assez sévères sur ce dernier, dont une faute offensive généreuse (via le flopping de Ray Allen, décidemment homme du deuxième match) ou sur un duel engagé pour récupérer une balle perdue au duel avec Rajon Rondo. Certes, il y a eu autant de fautes sifflées de part et d’autres sur le Game 2, mais l’on a quand même l’impression que les arbitres ont contribué à faire pencher la balance du côté des verts. Car beaucoup de leurs coups de sifflets à l’encontre des Lakers ont été lourds de conséquences.


Tout d’abord, donc des fautes très poussives sur Kobe Bryant. La même pour Ron Artest. Comme pour compenser de l’avoir écarté du premier match, le corps arbitral en a sifflé quasiment 3 consécutives contre Derek Fisher qui essaie de suivre Ray Allen par-delà les écrans. Sous oublier par exemple cette sortie de balle à 90-93. Sur une action litigieuse, les arbitres redonne le ballon aux Celtics, sous prétexte que même si c’est Kevin Garnett qui semble toucher le ballon en dernier, c’est Pau Gasol qui donnerait l’impulsion sur la main du Celtic. L’action était très confuse, même sur le ralenti et aurait pu aller dans les deux sens. Elle va du côté des visiteurs, qui mènent alors de 3pts à quelques encablures de la fin du match.

Peut-être y a-t-il un brin de mauvaise foi là-dedans. Mais cette impression plane que les arbitres ont pris des décisions à des moments charnières du match, dont la plupart se sont révélés en défaveur des Lakers. Et laisserait presque planer un arrière-goût difficile à avaler pour les angelinos, alors que la principale cause de la perte du Game 2 est leur manque de patience en attaque.

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