Derek Fisher a encore frappé !

Plus que jamais, le scepticisme a régné autour des performances du meneur et de sa légitimité en tant que titulaire chez les Lakers. Mais une fois encore, Derek Fisher a montré que son talent bourgeonnait au printemps et que les PO lui allaient particulièrement bien au teint. Lors du Game 3, il a une nouvelle fois déposé son empreinte sur l'un des moments les plus dramatiques des Finales.

On se souvient encore de ce tir pour arracher la prolongation du Game 4, l'an passé face à Orlando. On se rappelle évidemment son mythique tir décisif à 0.4sec du buzzer face aux Spurs. Utah peut témoigner de son impact dans les moments chauds, même lorsqu'il est fraîchement débarqué d'une visite à sa fille à l'hôpital. Hier soir, Derek Fisher a rajouté une ligne à sa légende.

Des grands moments, Derek Fisher en a connu des tas; il est souvent allé les chercher à force de travail et d'acharnement. Hier encore, il a eu l'opportunité de forcer le cours du destin. Quand on voit ça, l'on a une certaine impression de vertige. Sans doute il l'a eu lui même, étant visiblement très ému lors de l'interview d'après-match.

Trop vieux, trop lent et un shoot qui se désagrège. Les critiques n'ont pas été tendres à l'égard de Derek Fisher, surtout au moment d'affronter Rajon Rondo, la sensation du moment au poste 1. Finalement, c'est Kobe Bryant qui se charge de museler le gamin. Derek Fisher se coltine Ray Allen et ses courses zig-zagante entre les écrans. Après une prestation stellaire du Celtic pendant le match 2, Derek Fisher a contribué au fait que 48h plus tard, Ray Allen termine à 0-13 aux shoots.

Grosse présence en défense. Mais c'est une nouvelle fois en attaque, en fin de match, que Derek Fisher a distillé ses meilleurs coups d'éclat. 11pts dans le 4QT. Kobe Bryant n'arrivait plus à marquer. Le reste de l'équipe semblait paralysé (par la défense ou l'enjeu). C'est là que Derek Fisher a pris les choses en main. Il a pris l'équipe sur ses épaule pour l'aider à franchir ce cap.


Car venir gagner en PO au TD Garden, c'était une mission difficile pour LA, sportive mais aussi et surtout mentale. Le co-capitaine, du haut de son expérience a compris qu'il devait répondre présent. Et cet homme, qui est le leadership incarné, n'a pas failli.

Cela s'est vu à de nombreuses reprises, les deux co-capitaines ont noué une complicité encore plus flagrante qu'à l'accoutumé. Pour leur 7eme séjour en Finales, ils étaient comme en croisade dans ce Game 3. Une association qui marche, drivé par un énorme respect mutuel. Kobe Bryant a admis que Derek Fisher est peut-être la seule personne de qui il accepte d'entendre des critiques dures, sèches et crues.

Il lui a furieusement manqué pendant les 3 premières années post-Shaq. Avant l'arrivée de Pau Gasol, on visualise quand même les Lakers dans une meilleure dynamique que lors des saisons précédentes. Responsabilité, leadership, gros shoots, Derek Fisher solidifie et stabilise la ligne arrière des Lakers. Il forme ainsi avec Kobe Bryant l'un des duos les plus efficaces de la ligue. Mais aussi l'un des plus complémentaires. Cela se voit dans leur façon de mener les troupes. Kobe Bryant est plutôt du genre à balancer des remarques négatives, pour forcer ses coéquipiers à se secouer. Derek Fisher est du genre à rassurer et à féliciter les points positifs. Soyons fou et osons l'écrire : le Ying et le Yang.

Et tout les deux sont portés par cette incroyable soif de victoire. C'est donc ce qui les a poussé à autant se booster mutuellement hier soir. C'est ce qui a fait que Derek Fisher a pris presque naturellement le relai d'un Kobe Bryant en délicatesse avec son shoot et qui commençait à sérieusement pédaler.


Gagner sans Shaquille O'Neal hantait Kobe Bryant. Gagner sans Phil Jackson, on pourrait presque concevoir qu'il puisse le faire. En tout cas, bien plus que sans Derek Fisher. Le #2 a été décisif à plus d'un titre dans la carrière de Kobe Bryant, et par corrélation dans l'histoire récente des Lakers. Pourtant, sans doute pas de maillot retiré ou de Hall of Fame.

Mais le souvenir intarissable de ce grand joueur, se dressant dans les grands moments et dégainant des shoots importantissimes. Hier encore, nous avons assisté à une image qui risque de nous hanter longtemps et qui va ré-apparaître dans nos esprit dès que l'on va chercher un grand moment de Finales. 90-94. Rebond défensif Lakers. On trouve le meneur. Celui-ci appuie sa remontée de balle. Passe Kevin Garnett au niveau de la ligne médiane, accélère encore droit en direction du panier. Glen Davis et Ray Allen se jettent pour le contre. Derek Fisher lâche la balle, qui va frapper le haut du panneau et retombe dans la panier. 2+1. Le glas résonne dans un TD Garden devenu muet.

Il finit à terre, forcement secoué par une quasi-triple faute. Mais il voie Kobe Bryant, Pau Gasol et Lamar Odom, la rage aux yeux mais en même temps plein d'admiration et de soulagement après le coup de maître décisif de leur meneur. Celui-ci dira que ça lui a particulièrement donné du baume au coeur que de les voir comme ça, eux ses coéquipiers, ses potes, ses frères. Avec cette seule idée en tête : encore 2 à gagner ensemble.