1 juin 2010

Rivalité inversée ?

Boston – Los Angeles est la plus grosse rivalité que le sport nord-américain ait connue. Cette Finale NBA nous permet donc de regarder en arrière pour redécouvrir les plus grands moments de cette rivalité et les fondements d’un tel antagonisme.

Les opposés s’attirent. Cela semble vrai quand on observe avec telle constance les destins de ces deux clubs semblent liés. Ils n’ont eu de cesse de se retrouver en Finals pour des duels tous plus épiques les uns que les autres. En ligne directrice, cette impression que deux mondes s’affrontaient.

Cette impression était particulièrement marquée dans les années 80’s, où le Showtime des californiens faisait face au jeu dur et âpre des C’s. L’inconscient s’en est accommodé et on associera volontiers les Lakers avec le strass et les paillettes, des stars et un jeu léché ; par opposition au style plus dur, laborieux, limite méchant. Allez, avouez.


Sauf que la tendance s’est peut-être bien carrément inversée. Ou toujours est-il que les choses se brouillent. Tout d’abord, on a toujours eu pour habitude de saluer le collectif des Celtics où aucune tête ne semblait dépasser, par opposition à des Lakers collectionneurs de talents, à la recherche de l’alchimie. Au final, le concept même d’un « Big Three » est plus proche de ce qu’on pensait être l’esprit des Lakers (et qu’il l’a été par exemple en 2004, avec les Four Midables). D’ailleurs, la victoire en 2008 a été tout d’abord celle de trois grands champions à la recherche d’un premier couronnement qu’à l’aboutissement d’un collectif. De l’autre côté, des joueurs comme Lamar Odom ou Ron Artest ont accepté des rôles subalternes pour mieux se fondre dans le collectif.

On a souvent évoqué le côté grande gueule des C’s. Mais sur le terrain, les joueurs purement les plus « méchants » (nasty, comme diraient nos amis américains) sont à ranger du côté de LAL : Ron Artest bien sûr, qu’on ne présente plus. Derek Fisher est adorable dans la vie, mais est une teigne sans nom sur les parquets. Sans oublier bien sûr Kobe Bryant, avec une flamme dans les yeux et une rage de vaincre au ventre, telles qu’on a l’impression qu’il veut vous arracher les trippes sur le terrain. Certes, les Celtics sont durs sur l’homme, mais plus expansifs que réellement mauvais. Comme si toutes ses simagrées n’étaient que pour le show. Par exemple, au hasard Balthazar, le comeback de Paul Pierce dans le Game 1 en 2008, deux minutes après s’être tordu de douleur. Et oui, Kevin Garnett qui aboie sur les meneurs adverses, c’est plus du spectacle qu’une haine intérieure.


Ca a été en vogue dans les années 80’s. Et même si c’était d’un mauvais goût certain, même l’argument racial est inversé. Alors que Larry Bird et Kevin McHale étaient des porte-étendards des blancs dans le basket, on ne dénotera que le bon vieux Brian Scalabrine maintenant. En face, les Lakers comptent dans leurs rangs Pau Gasol, Luke Walton, Sasha Vujacic et –ne l’oublions pas- Adam Morrison.

Au final, les cartes semblent assez brouillées, sur le plan identitaire. C’était particulièrement marqué durant les eighties, où s’était basiquement : dit moi qui tu supportes, je te dirai qui tu es. C’était peut-être aussi ce qui a rendu cette rivalité très particulière. Mais rassurez-vous, cette Finale sera toute aussi passionnelle. Cela sera l’objet de mon prochain billet. Stay tuned, comme on dit.

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