6 juillet 2010

Les Lakers vainqueurs du mercato

On le savait depuis des lustres : la free agency 2010 est censée redistribuer les cartes. Donc il est normal que l'on s'attende à désigner au terme du mercato estival les vainqueurs de cette compétition entre front offices. Alors que les plus grosses signatures ne sont pas encore dessinées, on connaît déjà l'identité des grands gagnants de l'été : les Los Angeles Lakers.

Evidemment que le recrutement de cette année risque de ne pas être aussi pimpant que celui que certains feront. Peut-être trouvez-vous que je m’enflamme pour le seul Steve Blake. Mais avant d’en arriver là, Los Angeles a du jouer malin, malgré la relative tranquillité qui se dégage du côté du front office.

Car si le front office paraît aujourd’hui si serein, il ne faut pas oublier que les dirigeants ont serré les fesses un bon moment. Et ce, dès le lendemain de la célébration de leur titre. Phil Jackson, malgré l’enthousiasme général a refusé d’en rajouter une couche dans l’euphorie et restait très conditionnel quant à un éventuel retour l’an prochain. Certaines déclarations, venant de sa fille notamment, pouvait laisser penser que le Zen Master allait raccrocher.

On vous a déjà fait un topo là-dessus dans un précédent billet. Mais pour résumer, il est vrai que Phil Jackson semble être l’homme de la situation. Suffisamment dans la continuité pour surfer sur les succès précédents et avec assez de poigne pour conserver à bonne température un roster pas facile à gérer. Autre bonne nouvelle, c’est qu’il sera toujours secondé par Brian Shaw.

Un temps courtisé par les Cavaliers, les Lakers retrouvent B-Shaw sur leur banc l’an prochain ; et avec lui, sans doute la meilleure alternative à Phil Jackson sur le court et moyen terme (comprendre : pour jusqu’à la fin de carrière de Kobe Bryant). Avec sa connaissance du vestiaire et des schémas tactiques en place, il est le candidat tout désigné pour succéder à Phil Jackson l’an prochain, ou quelques mois après. D’ailleurs, il n’est pas exclu que le Zen Master laisse les rennes de l’équipe à Brian Shaw sur certains matchs, histoire qu’il se fasse la main. De toutes façons, la saison régulière l’a toujours profondément emmerdé, ça ne pourra que rajouter du piment dans le quotidien du coach aux 11 bagues.



 Le Zen Master a parlé d’une dernière aventure. La quête d’un quatrième three-peat et s’en va. C’est beau. Remarquez qu’il avait déjà parlé d’une dernière danse (fans de Kyo, c’est pour vous) à l’époque de Chicago. On a vu que l’appel du terrain était trop fort. On se projette peut-être un peu loin, mais on peut se demander, en cas de titre la saison prochaine, si Jax fermerait la porte à la possibilité d’un « quatre à la suite » en hommage à son grand ami Julien Lepers.

Et il n’est pas déraisonnable de parler d’ores et déjà d’ambition de titre pour LAL. De toutes façons, pour un champion sortant, tout autre issue qu’un nouveau titre serait un échec. Donc il est normal de se placer dans cette perspective. Car avec la certitude de continuer sous les méthodes du Zen Master, c’est donc dans la continuité que se place les Lakers. A l’inverse de ces franchises qui subissent bon gré mal gré la free agency tourbillonnante de cet été.

En partant du principe hautement probable que Dereck Fisher va finir par trouver un accord avec LAL, la franchise californienne peut compter sur tous les atouts qu’elle a eu l’an dernier. D’autant plus que Ron Artest pourrait être plus à l’aise dans le Triangle, Andrew Bynum pourrait ne pas se blesser cette année et que Kobe Bryant et Pau Gasol risquent d’être en meilleure condition physique après leur premier été de repos depuis des lustres. 


 Bref, à l’entame de la saison 2010-2011, ce seront bel et bien les Lakers l’équipe à battre. Peu importe comment les free agents s’arrangent.

D’autant plus que Los Angeles a fait mieux que conserver la dynamique de ses atouts maîtres, elle s’attache à gommer ses quelques défauts. Le banc. En effet, liquidation totale du banc des angelinos : DJ Mbenga, Josh Powell, Adam Morrison, Shannon Brown et Jordan Farmar ont des contrats expirants. Et autant dire que les Lakers ont fait très peu d’efforts pour essayer de les retenir jusque là, tellement cette 2nd unit a été un poids lors des 2 dernières saisons.



La logique est donc que comme ils y sont arrivés sans banc, autant essayer d’utiliser diverses exceptions financières (MLE, salaire vétéran,…) pour attirer 1 ou 2 joueurs capables d’apporter un vrai relai, et de boucler le roster avec des salaires minimums sans prétention.

Déjà, quand on voit les draft picks, on se dit que niveau « salaire minimum sans prétention », ils ont eu le nez fin. Je vous ai déjà dit tout le bien que je pensais de Devin Ebanks, capable d’apporter dans le même registre que Trevor Ariza à son arrivée. Ensuite, Derrick Caracter est parait-il assez explosif et il pourrait colmater quand le trio d’intérieurs magiques de LAL se fait ennuyer par les fautes.

Ca laisse finalement à Los Angeles une certaine marge de manœuvre pour remplir son banc. Et le front office s’est attaqué au point noir de l’an dernier : le poste de meneur. Dereck Fisher a toujours cette belle habitude de marquer dans les moments chauds (cette égalisation à 6mins du terme du Game 7, le véritable tournant du match) mais n’a plus la condition pour mener l’équipe dans une longue campagne. Et il fallait enfin quelqu’un pour tenir la baraque, dans les règles de l’art du Triangle.

Cette tâche a été dévoué à Steve Blake. Pour un salaire honorable, ils ont récupéré le poste 1 parfait, dans un marché pourtant pauvre en meneurs de qualité. Steve Blake remplit tous les critères du meneur que recherche Phil Jackson. Il dispose d’une grande connaissance du jeu, sait lire les faits de jeu et amorce bien les mises en place. Il a un shoot très fiable longue distance. De part ces récentes expériences aux Nuggets avec Allen Iverson et aux Blazers avec Brandon Roy, il ne devrait avoir aucun complexe quant à son association back court avec Kobe Bryant.

Il fait très peu de déchets et a un bon jeu sans ballon. Bref, un meneur qui sait structurer le jeu mais qui sait s’effacer face aux besoins d’armes massives en attaque. Parfait pour être en harmonie avec ses coéquipiers, surtout que son adresse longue distance va écarter les défenses adverses, qui avaient tendance à se resserrer l’an dernier. On rajoute le fait qu’il soit un défenseur correct et qu’il soit relativement grand pour sa taille, ce qui rajoute à l’impression de forêt humaine quand on regarde les grandes carcasses pourpres et or défendre.



 Il s’intégrera vite. Et il pourra tenir la baraque pendant au moins toute la saison régulière. Même s’il risque de garder sa place de titulaire pour le symbole, attendons-nous à voir le temps de jeu de D-Fish diminuer en flèche, pour son plus grand bien puisqu’il sera encore plus saignant en mai-juin. C’est bien simple : essayer de dresser le cahier des charges de ce que devait être le meneur à recruter du côté des Lakers, vous verrez qu’il s’agit de la description de Steve Blake.

Du coup, pour ne pas passer à côté de ce rouage qui s’imbrique si parfaitement, Los Angeles n’a pas hésité à dégainer. $ 16 millions sur 4 ans. Le montant ne choque pas, vu que c’est ce qu’il gagnait via son précédent contrat. On pourrait même se dire qu’il aurait pu gagner d’avantage, avec la folie de la free agency, des équipes avec du cap space à ne pas savoir quoi en faire et une concurrence sur le marché des meneurs agents libres assez restreinte. Mais bon, un peu à la manière d’un Ron Artest l’an dernier, il accepte de gagner un peu moins pour pouvoir avoir une vraie chance d’aller chercher une bague, et d’avoir de surcroit à beau rôle à jouer dans cette quête.

Ce qui peut chagriner un peu plus, ce sont les 4 années de contrat. Il a quand même déjà 30 ans et on peut avoir l’impression que la fin de cycle sera difficile pour les Lakers, qui n’arriveront sans doute pas à bouger les contrats qu’ils signent aujourd’hui. Ainsi, en 2012-2013, il faudra faire avec les contrats de Ron Artest, Steve Blake et Luke Walton inamovibles ; tout en sachant que le plan veut qu’Andrew Bynum soit toujours dans la place. Rajoutez donc les paies de Kobe Bryant et Pau Gasol et vous verrez que les finances de LAL risquent de grincer.

Mais après tout, pourquoi s’en inquiéter maintenant ? Les Lakers misent à fond sur les dernières années où Kobe Bryant reste encore le joueur dominant que l’on a longtemps connu. Et le roster actuel est soudé pendant encore deux saisons à plein régime. Il ne reste vraiment à trouver qu’un pivot défensif remplaçant, et pourquoi pas un autre artilleur longue distance si l’on ne croit pas en Sasha Vujacic, pour que ce roster soit une équipe bigrement complète. Et avec le salaire vétéran et un bout de MLE encore à disposition, il y a peut-être moyen que cela ne soit qu’une affaire de temps.

En partant de ce constat, cela relativise même la folie qui entoure les signatures estivales. Aucune équipe née de la free agency ne pourra être aussi aboutie que ne l’est le collectif des Lakers aujourd’hui. Pourquoi alors vouloir gagner dès cette saison ? N’est-il pas un calcul plus judicieux de signer dans une franchise avec une stratégie béton sur le moyen terme plutôt que dans une équipe à la surenchère du win-now mode ?

A une semaine près, les Los Angeles Lakers redeviennent l’épicentre de la NBA. Et il aura suffit d’un « Comptez sur moi » de Phil Jackson et d’un accord verbal avec Steve Blake. Comme quoi…

2 commentaires:

  1. Eh oui!
    Le gros morceau de cette Free Agency, c'était bel et bien lui.. Phil Jackson.
    Je dirais même que certains ont fortement esperé le voir prendre sa retraite.. C'était le seul moyen pour créer une situation de "Lakers en difficulté"..
    Et ben, ils devront patienter encore un peu!
    Steve Blake! Je suis fan.. Voila, tout simplement!
    J'attends impatiement de le voir évoluer en gold'n'purple..
    L'année derniere, je l'ai vu planter des 3 points, de tous les côtés dans un Blazers-Sixers.. Un truc à la Ray Allen, version Game 2 des Finals.. Et à ce moment là de la saison, avec les sdeng/sdong de RonRon de la longue distance, j'ai eu une petite pensée pour l'un des arrières les plus fins de la ligue..
    Il reste encore un petit morceau de la MLE.. Des jeunes comme Ronnie Brewer ou encore Dorelll Wright pourraient être une solide addition..
    Un big man au minimum salarial.. Et on y est!
    Merci pour vos morceaux!
    Toujours aussi in-depth et exhaustifs!

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  2. Il est évident que les Lakers seront l'équipe à battre la saison prochaine. Le retour au moins pour un an de Jackson est une très bonne nouvelle pour eux. L'ajout de Blake est aussi une bonne chose car c'est un joueur sous côté, très bon shooteur capable de faire tourner sans tirer la couverture à lui, il va parfaitement s'intéger dans le collectif. Et puis le coup des deux choix de draft c'est très bien jouer.
    En bref, L.A semble avoir encore plus de certitudes qu'après l'aquisition de Ron Artest et le départ de Trevor Ariza la saison passé.
    J'éspère bien cependant que des équipes (notamment à l'ouest)leur donneront plus de fil à retordre que cette saison car j'ai trouver leur parcour en playoffs (conf'ouest)plus que tranquil hormis le 1er tour face a OKC où il aurait pû y avoir une véritable surprise.
    Encore une fois depuis le cadeaux Gasol de Memphis à L.A, les Lakers dominent outrageusement tout leur adversaires au rebond et c'est ce qui fait une énorme différence quant ont fait le bilan en fin de saison.Alors, pour toutes les équipes qui souhaitent battre les champions en titre je leur conseille vivement de blinder leur raquette et de prendre de forts rebondeurs pour limiter les Gasol, Odom et autre Bynum sans ça c'est le titre assuré pour les Angelinos la saison prochaine.
    NB: Bravo à vos billets, j'ai beaucoup aimé votre travail sur les summers cluedo. Ca fait un moment que vous lis mais je n'avais jamais encore poster.

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