9 juillet 2010

Miami Heat : la guerre des egos a déjà commencé ?

Lors d'une émission TV sans précédent, Lebron James a annoncé du haut de toute sa majesté qu'il avait choisit Miami comme prochaine destination. Il y a tellement à dire. C'est vrai que cette annonce est tellement folle qu'il faut se pincer pour vraiment y croire : les 3 meilleurs joueurs de leur génération (grosso modo, hein) vont jouer dans la même équipe. Situation inédite. Car pour voir autant de superstars réunies sous le même maillot, il faut remonter au trio Jerry West - Elgin Baylor - Wilt Chamberlain aux Lakers, et ces trois-là avaient déjà bien attaqué la trentaine.

The Biggest Three investit Miami. Chacun de ces 3 membres pourraient être le franchise player d'une équipe visant le titre. C'était le cas de Lebron James l'an dernier. Ca aurait très bien pu être le cas de Chris Bosh si ses dirigeants avaient été un peu plus finauds. Idem pour Dwayne Wade avec son front office résolument tourné vers cet été. On a déjà connu des associations des stars. Mais des comme ça, jamais. Mais ce sont les même questions qui reviennent.

On ne va pas vous faire l'historique des "Big Three" et autres pactes de grosses stars (type Four Midable à LAL). Mais comme lors de tout assemblage du type, on se demande si une seule balle sera suffisante pour contenter tout le monde. Les trois ont toujours été le centre de leurs équipes respectives, avec donc un gros volume de shoots et de responsabilités. Et sans être particulièrement gourmand, quand on vous réduit soudainement votre gamelle de deux tiers, vous criez forcement famine.

Certes, par le passé, ces garçons se sont plutôt bien entendus, que cela soit en All-Star Game ou en sélection nationale. Mais là, il ne s'agit pas d'une mission ponctuelle. Il s'agit de leur full-time job, pour sans doute les 3-4 prochaines années à venir. Et vu leur âge, leurs plus belles années et celles qui vont définir leur place dans la hiérarchie des meilleurs joueurs de ce sport.


Évidemment, ils savent que le nombre de championnats sera l'élément déterminant pour essayer de les situer objectivement dans un classement des meilleurs joueurs NBA (bien que cela soit impossible, mais soit). On parle de gamins qui ont grandi avec les 6 titres de Michael Jordan, en écoutant les aînés parler de ces deux franchises mythiques qui se battaient à coup de trophées lors des 80's.

En tant que joueurs, ils ont grandi dans un contexte où l'apport des Scottie Pippen et Dennis Rodman était largement salué. Plus nos neo-Heat ont développé leurs talents, plus la voix de la raison se faisait forte comme quoi on ne pouvait pas gagner un titre tout seul. Qu'il fallait des partenaires de très haut calibre pour pouvoir soulever le trophée O'Brien.

Quitte à jouer avec des bons et à ne pas être le seul basketteur de haut niveau dans l'équipage, autant jouer avec les meilleurs. Ca ne fait qu'augmenter ses chances. D'autant plus que là encore, ils ont été influencé. L'exemple de Kobe & Shaq leur a montré que deux "alpha males" qui ne s'aimaient pas particulièrement pouvaient gagner des titres, et même aller en Finales en les lestant de deux Hall of Famer sur le déclin mais loin d'être des anges dans les vestiaires. Donc, entre 3 potes, ça devrait être jouable, non ? Et même s'ils ont tous les trois le pédigrée de mâles dominants.

Bien entendu, le cas des Celtics se pose en exemple. Particulièrement pour Lebron James, qui s'est fait sortir par deux fois par ces diables verts de la course au titre. On se rappelle alors comment il a semblé perdu et désemparé lors du Game 5 de cette année face aux Celtics, déchainant les critiques (on y reviendra dans un autre billet, sans doute). Mais on a senti un LBJ presque penaud, presque las de devoir tout tenter tout seul pour mettre à mal le collectif des Celtics. Cette série est peut-être un tournant dans l'histoire de la NBA : c'est sans doute à ce moment là que Lebron James s'est convaincu de la nécessité d'un recrutement top niveau pour espérer aller glaner une bague de champion. C'est sans doute le souvenir de cette série qui a permis à Lebron James de donner plus de considération au grandiloquant projet du Heat.


Les Celtics. Le dernier Big Three en date et donc l'exemple pour le Biggest Three. Surtout quand on voit comment cette assemblage estival est devenu une équipe totalement soudée et que la mayonnaise a pris terriblement vite. Tous les trois était en quête de breloque. Leur première.

Et c'est là que l'on peut commencer à voir des failles. L'objectif de cette super-association est d'accumuler les championnats. Certes, mais comment les deux autres vont vivre le fait que Dwayne Wade en a déjà un et donc que son total sera toujours supérieur au leur, tant qu'ils resteront au Heat ? Surtout que cette bague, Flash est allée la chercher. Preuve en est son titre de MVP de la Finale.

Dans l'optique d'une Finale gagnée par le Heat, ce titre de MVP sera très convoité. Ce sera le symbole que c'est celui qui le reçoit qui a mené les deux autres vers la terre promise. Regardez un peu comment, lorsque l'on parle du bilan de Kobe Bryant, l'évocation de ses trois premiers titres est irrémédiablement accompagné du rôle énorme qu'a tenu Shaquille O'Neal dans leur acquisition. En gros, celui qui sera le MVP des Finales sera le Jordan, tandis que les deux autres ne seront "que" des Pippen.

Peuvent-ils ravaler leurs ego pour dépasser tout cela, à la manière des Celtics ? On peut difficilement le penser, tant cette aventure s'était construite via moult concessions, puisque c'était pour eux l'ultime chance d'aller chercher un premier titre de champion. L'esprit d'équipe motivant le Big Three de Boston s'est construit dans l'urgence et le fait qu'ils mettaient tout trois le bilan de leur carrière dans la balance.

Le Biggest Three ? Ils mettent surtout leur image dans la balance. Oh bien sûr, s'ils ne sont pas capables de gagner avec de tels coéquipiers, leur bilan sportif va prendre du plomb dans l'aile. Mais rien ne leur interdit de retenter leur chance plus tard, ailleurs. Les Celtics n'avaient pas le choix : ils devaient gagner dès l'année où le Big Three s'est constitué; ils ont ensuite surfé sur la dynamique crée grâce à leur titre pour continuer à rester soudés.


Et ne croyez pas que ça va être la mega-fiesta au W toutes les semaines. Chris Bosh a bien senti qu'il ne devait pas trop s'éloigner des deux autres pour vraiment exister médiatiquement. Mais va-t-il supporter, à terme, d'être clairement le 3eme larron ? On rappellera qu'il n'avait pas hésité à déclarer en interview qu'il n'était pas un lieutenant, mais bien le genre de mecs autour duquel on peut bâtir une équipe solide. Et puis, à moins d'une autre signature démentielle, le Heat sera court au poste de pivot. Et l'on voit gros comme une maison que Chris Bosh devra, au moins pour de longues rotations, assurer le poste 5, alors qu'avoir une place durable au poste 4 était visiblement l'une de ses priorités estivales. Il devra aller se frotter durement dans la raquette alors qu'il en a un peu marre après de longs mois à faire cela à Toronto, avec pour collègue Andrea Bargnani. Peut-être que de devoir assurer de longues minutes en pivot, Chris Bosh trouvera qu'il fait plus de concessions dans le jeu que ces deux camarades; et il pourrait, à un moment ou un autre, le faire savoir.

Revenons à l'émission The Decision. Lebron James annonce royalement qu'il accepte de rejoindre le Heat, dans un show d' 1h qui lui est entièrement consacré sur ESPN. Pas d'apparition de ses futurs coéquipiers. L'émssion donnait l'impression que Lebron James décidait, dans sa grande bonté, de venir aider le projet séduisant du Heat. Avec toute cette mise en scène, il a donné l'impression d'être au-dessus de ces deux comparses. Ce qui témoigne de la volonté d'avoir quand même la main. Dans une ville où pourtant, Dwayne Wade est roi puisqu'au Heat depuis quelques temps.

Bref, on est loin d'un trident où aucune tête ne dépasse.

Alors peut-être aussi que ces jeunes hommes se complaisent dans la facilité et les plaisirs faciles de la vie. Remarquez que Miami est déjà un cadre accueillant pour ce genre de mentalité. Peut-être qu'après des années de désillusions sportives, ces trois-là en avaient marre d'être le métronome de leur équipe. Peut-être que Lebron James était sincère dans son ras-le-bol après le fameux Game 5 face aux Celtics. Il l'a exprimé face aux journalistes, disant qu'il pouvait bien se permettre de passer à coté de son match de temps en temps. Peut-être que Chris Bosh sera suffisamment ravi de passer enfin un tour de PO qu'il acceptera que le prix à payer est d'être besogneux la plupart du temps. Peut-être que Dwayne Wade préfère l'ivresse de plusieurs titres faciles plutôt que la satisfaction d'avoir été stellaire lors de son titre de MVP des Finales.

Peut-être que la seule façon pour que cela marche, c'est que Lebron James, Dwayne Wade et Chris Bosh soient d'immenses talents, mais pas des champions. Finalement, on serait presque déçu que l'alchimie prenne au Heat.

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